Une affaire d’homme ou de système?

De décennie en décennie, l’écroulement de la vie politique française donne le sentiment de s’accélérer. A chaque fois, c’est la même chose, mais de pire en pire. La période électorale vient juste de s’achever, et déjà la béatitude chancelle et les signes avant-coureurs d’un désastre s’accumulent. 99% des commentaires et avis éclairés des experts interprètent la vie politique à travers les faits et gestes d’une sorte de demi-dieu médiatique. Or, depuis le milieu des années 1970, suivant une pente constante, le politique erre, de faillites en échecs à traiter les problèmes des Français. Au-delà d’une simple affaire de personne, c’est le système politico-médiatique, dans ses profondeurs, qui est aujourd’hui en cause. Tant que la vie politique française se limitera à l’exaltation d’une image annihilant tout le reste – enjeux fondamentaux, peuple, Premier ministre, ministres, parlementaires – le pays continuera à sombrer dans le mensonge et l’immobilisme. De fait, aujourd’hui, c’est la règle du jeu qui doit changer, en finir avec le triomphe de la vanité stérile, de l’impuissance narcissique et réinventer la politique au sens noble du terme, celui du Gouvernement collectif de la cité pour le bien commun. Toute la politique française est à repenser de fond en comble. Il faut réhabiliter l’intelligence politique par l’enseignement de l’histoire: réapprendre aux nouvelles générations comment depuis un siècle, le culte de la personnalité conduit toujours à la médiocrité ou au désastre; combattre, par le débat d’idées, la mégalomanie nihiliste; réhabiliter la modestie et l’humilité dans le gouvernement du pays, une vie publique tournée vers le sens de la vérité, le bien commun, la volonté d’améliorer la réalité; expliquer comment l’autorité et la confiance ne sont jamais une affaire de posture prétentieuse mais bien au contraire, d’exemplarité. A court terme, des solutions pragmatiques permettraient d’amorcer une restauration de la vie politique sans révolution institutionnelle: par exemple faire élire l’Assemblée nationale avant le président de la République. Cette formule marquerait une étape modeste mais significative dans le retour à la souveraineté du Parlement, le pouvoir d’un chef de Gouvernement et de ministres tournés vers l’action et responsables devant lui; un chef de l’Etat qui en soit un, c’est-à-dire impartial, au-dessus de la mêlée, unitaire, visionnaire et emblème de sagesse. Le climat d’abêtissement général est désespérant car nous ne voyons nulle part poindre la moindre lueur de lucidité dans le chaos intellectuel ambiant. Une hystérie chasse l’autre: hier et encore un peu aujourd’hui, l’apothéose idolâtre, demain le lynchage atroce et humiliant que nous sentons déjà poindre. S’enivrer de bêtise et de méchanceté pour ne pas avoir à penser et encore moins à agir. Quand allons nous en sortir?
Maxime TANDONNET

Author: Redaction