Il est arrivé que les plus grands chefs d’oeuvre de la création soient maltraités, maudits, diabolisés de leur temps. Nous qui ne sommes pas très cultivés, nous pensons « Aux fleurs du mal », cette merveille quasiment indépassable de la poésie française qui n’a pas vieilli d’une ride ou bien aux Impressionnistes et encore aux Cubistes. Les immenses scandales que causèrent ces oeuvres sont aujourd’hui exploités sur un mode dévoyé qui consiste à vouloir imposer l’idée que le scandale fait la beauté. Une oeuvre sublime peut certes être incomprise de son temps . Mais cela ne signifie pas que toute oeuvre qui provoque un esclandre soit nécessairement belle. Ce serait trop facile. Il suffirait de prélever une crotte de chien sur le trottoir, d’y apposer une signature, de l’intituler « beauté divine », de la payer à prix d’or, de provoquer une polémique, de qualifier de fascistes ceux qui y verront une imposture, et le tour sera joué. « Le vagin de la Reine » installé au château Versailles me semble être une provocation, une salissure sur l’histoire de France. Un grand parti vient de s’intituler « les Républicains ». Mais la France est aussi le produit de la monarchie. Elle existe par l’oeuvre des rois de France. Je ne vais pas faire un cours d’histoire mais c’est tellement évident. L’opposition monarchie/République est dépassée. 1789 et la République ont poursuivi l’oeuvre des rois de France comme l’ont si bien dit Jules Michelet et Charles Péguy. La France est un tout et une histoire dont elle a le droit d’être fier sans dissimuler ses moments douloureux. La vulgarité est devenue l’arme fatale de la table rase, de la destruction du passé des valeurs, du sens de la beauté et de la grandeur, l’arme fatale du chaos. Comment réagir au « vagin de le Reine »? Par un immense mépris, pour les concepteurs de l’opération et les responsables de la culture, en charge de la valorisation d’un patrimoine, et qui trahissent leur mission en le laissant saccager. Et aussi pour tous les lâches politiciens qui n’en pensent pas moins mais se taisent par peur d’être qualifiés de ringards.
Maxime TANDONNET