2017, retour sur une catastrophe (Pour Atlantico)

Ci-dessous mes réponses aux questions du site Atlantico, en binôme avec maître Hervé Lehman, avocat, ancien juge d’instruction. Le commentaire de ce dernier sur la dimension judiciaire de la catastrophe vaut le détour. 

La question de l’emploi fictif de Pénélope Fillon à laquelle s’est ajoutée celle des costumes offerts par Robert Bourgi ont annoncé la défaite de François Fillon aux présidentielles 2017. Pourtant, avec 20% des votes, il demeure le 3e homme de ce scrutin. Comment l’expliquer?

Avant la catastrophe, M. Fillon avait de sérieux atouts en sa faveur : une grande expérience de la vie gouvernementale, un style sobre et une image de probité correspondant à l’attente d’une partie de l’électorat, un projet sérieux et travaillé, un engagement dans le soutien aux chrétiens d’Orient persécutés par Daesh, un discours clair d’opposition à l’islamisme radical. Les 20% qui ont voté pour lui malgré tout représentaient le socle de l’électorat les Républicains à ce moment-là. Ensuite, cet électorat, fragilisé par le découragement, s’est déchiré entre LREM, RN et l’abstentionnisme. D’où les 8,6% des européennes de juin 2019, un score qui a été interprété par beaucoup de commentateurs comme le signe avant-coureur de la disparition de LR. Depuis lors, les données du problème ont changé : la crise de confiance, et l’impopularité présidentielle toujours plus grande, les difficultés du gouvernement, la débâcle politique de LREM, mais aussi la stagnation du RN – qui n’effectue pas de percée décisive dans l’opinion malgré le climat de chaos dans le pays, ont rouvert un espace pour les Républicains. Leur score aux municipales sera donc déterminant pour vérifier la survie voire une renaissance de la droite.

Cette défaite électorale a marqué le début d’une crise profonde dont la droite française peine à se remettre. Quelles en sont les raisons? 

 Les raisons sont nombreuses et cette défaite électorale a été avant tout un déclencheur. Cinq raisons paraissent évidentes : l’absence d’un leader incontesté ; les rivalités d’ego ; les divisions idéologiques entre une tendance centriste, européiste et une frange plus souverainiste ; la difficulté à définir une ligne, un projet ; l’écartèlement entre le LREM et le RN qui a réduit sa marge de manœuvre. Comment la droite française peut-elle se présenter comme une alternance possible ? La politique française souffre en ce moment d’une perte de crédibilité et d’une profonde déconnexion avec le peuple. Le drame de l’actuel quinquennat est d’avoir porté cette coupure, cette déconnexion à son paroxysme, par les symboles. (Jupiter), les paroles (Gaulois réfractaires), le fond des politiques (taxe carbone, 80 km/h, retraites, etc.). Le rôle de la droite aujourd’hui et sa chance, consistent faire le contraire c’est-à-dire à tendre la main au peuple et à s’engager dans une logique de confiance et de réconciliation avec lui, de dépassement de la rupture entre la France dite d’en haut et la France dite d’en bas : fin de la communication (manipulation) à outrance, discours de vérité sur l’état de la France, travail de fond, sans démagogie, sur les grands sujets de préoccupation des Français, sécurité, communautarisme, dette publique, pauvreté, maîtrise des frontières, déclin du niveau scolaire… Pour cela, au cœur d’un programme de droite devrait être la réhabilitation de la démocratie par la revalorisation du Parlement et la pratique du référendum comme mode d’expression de la souveraineté.

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Author: Redaction