Vertige d’une jubilation

Le Figaro: Avec 40% de popularité, « Le président de la République cherche à tirer des bénéfices politiques de ce contexte a priori favorable et se prépare à repartir à la rencontre des Français. Dans son entretien au magazine Zadig, Emmanuel Macron a même comparé la période actuelle à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance. «Il est dans une bonne phase. C’est la jubilation, il est content, il ne pense qu’à la présidentielle » selon un cadre de la majorité ». Rien n’est plus étrange que le climat politique actuel. De fait, jamais depuis 1945 la situation profonde du pays n’aura été aussi dégradée. Un chômage (ou désœuvrement) tellement généralisé que plus personne n’en parle, une violence endémique qui fait couler le sang et s’aggrave à vue d’œil, le chaos dans les rues (à l’image de cette procession chrétienne à Paris prise d’assaut par un groupuscule extrémiste), un déficit public qui bat tous les records historiques (9,6% du PIB) comme la dette à 120% que nos enfants devront rembourser, un effondrement effarant du niveau scolaire, une pauvreté touchant 10 millions de personnes. Bref, un pays en ruines. Quant à la crise sanitaire, avec ses 110 000 morts selon les statistiques officielles et son cortège de souffrances, le saccage des libertés (un an de confinement et de couvre-feu dont l’utilité est fortement contestée) sa litanie de retards, de fautes et de mensonges (Absurdistan, masques, EPHAD, vaccins), la puissance publique n’a au final aucune raison d’être fière ni de pavoiser. Et d’ailleurs, est-ce vraiment fini? Mais voilà: le désastre français se métamorphose, dans la conscience collective, en sublimation d’un Jupiter national, histrion quotidien qui monopolise l’attention médiatique, ne cesse de dire aux Français qu’ils sont coupables et entend « déconstruire » leur histoire. Ce phénomène sans précédent traduit l’émergence d’une politique virtuelle, tout en image et en manipulation, déconnectée du monde des réalités. Mme Lagarde se fourvoie dans l’hypocrisie ou l’aveuglement quant elle prévoit l’élection de Mme le Pen en 2022. Cette dernière, dans sa fonction d’épouvantail national, n’est que l’ultime tremplin de la réélection annoncée et décrétée par le pouvoir médiatique du président Macron. La France d’en haut abêtie jusqu’au dernier degré s’agenouille devant son gourou dans une jubilation intense et cet étrange climat d’abrutissement collectif qui n’a aucun précédent. Toute forme de curiosité intellectuelle et de sens critique semble abolie. Jusqu’où cette invraisemblable illusion couvrant le naufrage avéré d’une nation peut-elle perdurer? La bulle de bêtise et de mensonge peut-elle éclater à la faveur d’événements dramatiques d’ici moins d’un an? Possible mais nul ne le sait vraiment.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction