Manuel Valls : « Il ne faut pas opposer environnement et agriculture »
2015 marque l’An 1 de la généralisation de l’agro-écologie en France. La visite du Premier ministre au Salon international de l’Agriculture a donc été logiquement marquée par la signature des premiers GIEE. Ces groupements d’intérêts économiques et environnementaux, issus de la loi d’Avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014, seront une réalité sur nos territoires en mars. Ce sont des outils structurants qui permettent aux agriculteurs d’un même territoire de construire un projet commun à vocation économique, environnementale, et sociale. Cela peut, par exemple, être le regroupement de céréaliers avec des éleveurs bovins dans le but d’une parfaite autonomie fourragère. Ces projets, validés par le préfet, donnent accès à des financements supplémentaires et des majorations d’aides. « Les agriculteurs se sont très rapidement investis dans ces GIEE, c’est un bon instrument à la bonne échelle qui permet aux agriculteurs isolés d’investir ensemble dans l’agriculture et la transition écologique », s’est félicité Manuel Valls.
Le Gouvernement a engagé l’agriculture française dans la voie de l’agro-écologie depuis 2012. Et l’enjeu est bien de réconcilier économie et écologie en agriculture, comme l’a rappelé le Premier ministre. « Il ne faut pas opposer écologie et agriculteurs, au contraire. Les agriculteurs, les exploitants agricoles, les éleveurs sont souvent les premiers écologistes de notre pays. »
De nouvelles mesures pour lever les blocages
Manuel Valls a aussi indiqué que le Gouvernement entend faciliter la vie des agriculteurs en matière de contrôles. « Il faut des contrôles bien sûr, mais ça ne peut pas être des contrôles tatillons, qui gênent le travail des agriculteurs. Il faut que le choc de simplification attendu rentre dans les faits, c’est ce qui est en train aujourd’hui de se mettre en œuvre. » De nouvelles mesures ont d’ailleurs été adoptées la semaine dernière, à la veille de l’ouverture du salon, pour lever les blocages : simplification de la réglementation pour l’emploi de jeunes salariés pour des travaux effectués à faible hauteur, approche par projets de territoire en matière d’irrigation, simplification des installations classées dans le secteur agricole, simplification des contrôles, …
La France retrouve sa place de 1er producteur mondial de vin
Sur la stand de la filière viticole, Manuel Valls s’est réjoui que la France ait retrouvé en 2014 sa place de 1er producteur mondial de vin, « avec ses 87 000 exploitations, ses 500 000 emplois et plus de 7 milliards d’euros d’exportation ». « C’est cela aussi qu’il faut souligner, la force d’un certain nombre de filières qui doivent être soutenues et encouragées. » Aux viticulteurs inquiets d’un éventuel durcissement de la loi Evin par la future loi de Santé, le Premier ministre a été clair : « l’objectif partagé est bien de lutter contre l’usage nocif de l’alcool et non contre toute forme de consommation. Comment pourrait-on, en tant que pays exportateur, stigmatiser l’un des produits phare qui concourt non seulement à soutenir notre économie, mais qui concourt à l’identité même de la France dans le monde ? »
La France au 1er plan pour limiter les effets de l’embargo russe
« Le ministre de l’Agriculture et tous les membres du Gouvernement sont évidemment aux côtés des agriculteurs, notamment des filières qui peuvent être en difficulté à cause du contexte économique et de l’embargo russe », a tenu à réaffirmer Manuel Valls.
« Les agriculteurs savent aussi ce qu’ils doivent aux pouvoirs publics, particulièrement à l’Europe. Voter Front National, c’est détruire ce modèle européen qui a aussi soutenu l’agriculture française », a-t-il encore ajouté. Depuis 2012, la PAC a été réformée : l’enveloppe des aides PAC a été préservée pour la France, soit 9,1 milliards d’euros par an. Une nouvelle PAC se dessine : plus juste, plus régulatrice, plus verte, tournée vers l’avenir, avec 1 milliard par an réorienté d’ici 2019 vers l’élevage.