M. Macron et l’ère du vide

imagesCe qui me sidère n’est pas l’aventure de M. Macron en elle-même. Il y a quelque chose d’humain, trop humain dans son comportement. L’attitude de ce Monsieur est symptomatique de l’ère du vide et de l’anomie générale. Allons donc. Après deux ans comme ministre de l’Economie, il a pour tout bilan six millions de chômeurs, alors que la situation s’améliore partout en Europe, 100 000 emplois marchands détruits, une économie asphyxiée d’impôt (records de prélèvements obligatoires avec 44% du PIB), une dette de 2000 milliards d’euros. Et le voici se présentant comme l’homme providentiel, le nouveau sauveur de la France… Son unique mérite? Quelques petites provocations bien calculées qui ont fait le bonheur des médias, sur les 35 heures, la fonction publique, etc. Et le célèbre, « je ne suis pas socialiste ». Tiens, voilà qui tombe bien, moi non plus! Mais M. Macron, tout le monde se moque de ce que vous n’êtes pas socialiste. Le fait est que vous avez été conseiller d’un président socialiste pendant deux ans et ministre d’un gouvernement socialiste pendant deux ans. C’est tout ce qui compte. Un minimum de cohérence ne fait de mal à personne. M. Macron est un politicien des plus classiques, avec la particularité de n’avoir jamais été élu. M. Hollande lui a fait confiance, en le nommant conseiller, puis ministre. M. Macron envisage de se présenter contre lui. Il a tout simplement trahi cette confiance. Cela s’appelle la déloyauté. Il faut dire que de l’extrême droite à la gauche, poignarder dans le dos son créateur est un phénomène à la mode, tout comme le culte du « je », sauveur providentiel, les « dons de ma personne », comme les petites provocations verbales qui font hurler et ne conduisent jamais à rien. M. Macron ne renouvelle rien du tout. Bien au contraire, il est la quintessence, l’incarnation même du vide en politique. M. Macron était ministre de l’Economie d’un pays à la dérive. Il quitte le navire, huit mois avant la fin, comme un capitaine qui abandonne l’équipage et les passagers en plein naufrage. Voilà tout. Quand il a été nommé à Bercy, j’avais un a priori favorable, et je l’ai écrit. Le 2 septembre 2014, un fier et clinquant billet intitulé « haut fonctionnaire et ministre ». Après tout, on ne peut pas être tout le temps négatif, comme il m’est parfois reproché. J’ai voulu être constructif, positif. Je me suis dit: en voilà un, enfin, qui va bosser, plutôt que de faire de l’esbroufe.  Eh bien, je me suis trompé. Me suis planté. Comme un idiot, un naïf. Mais que voulais-je dire? Ah, oui! Ce n’est pas sa démarche qui me surprend et m’inquiète, non. Elle est tellement banale, tellement classique. Non, ce qui m’intrigue, c’est l’extraordinaire, prodigieux engouement du monde médiatique. Après le burkini des plages, de quoi parle-t-on, du matin au soir? M. Macron est vraiment présenté partout dans les médias comme une sorte de sauveur providentiel. Et là, c’est grave: signe du vertigineux effondrement intellectuel de la France « dite d’en haut ».

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction