Le virus du mépris

Dans l’approche générale qui préside au traitement politique et médiatique de la crise du covid 19, un mot s’impose avec force: celui de mépris. Il est une bonne vieille tradition idéologique française, à l’image du médecin de Molière, s’adressant à une servante: « vous êtes rétives aux remèdes, mais nous saurons vous imposer la raison »; puis Jean Jacques Rousseau, « Ils seront forcés d’être libres »; Saint Just, persécutant « les ennemis de la liberté »; jusqu’à Thiers qui voulait faire taire la « vile multitude » en supprimant le suffrage universel (1850).

Depuis hier, un sondage Ifop fait la une des médias radios télévision: 60% des Français ne respectent pas les règles du confinement! L’esprit de cette enquête et la diffusion gigantesque qui lui est donnée par les radios et télévisions en dehors de la moindre approche critique, est symptomatique de l’air du temps putride qui empoisonne l’atmosphère de ce pays. Cela recouvre ainsi des personnes qui ont dépassé de quelques minutes la limite d’une heure pour sortir de chez soi ou du kilomètre de rigueur, ou bien qui ont dû, dans une rue vide de toute passant, baisser 10 secondes leur masque pour respirer ou chasser la buée des lunettes. Ce sondage montre que le naufrage de la France dans l’asservissement bureaucratique, sous l’effet de la peur, ne se limite pas à des choix politiques mais qu’il a envahi la sphère mentale de la France d’en haut, politique, administrative, sondagière, médiatique, « intellectuelle ».

Ce sondage révèle un esprit de délation banalisé à grande échelle: frapper les gens du sceau de l’infamie. La France dite « d’en haut » politico-médiatique désigne ainsi sa victime émissaire: la populace, la vile multitude, coupable de ne pas respecter les règles. Elle fait du pays profond le responsable de cette calamité et elle en appelle à son châtiment exemplaire en le privant le cas échéant de « Noël et des fêtes de fin d’année » comme si la « fête » était aujourd’hui la préoccupation essentielle d’une nation en ruine et dévastée par le chômage, le désœuvrement et le désespoir. Elle s’exonère ainsi de ses propres responsabilités et de la gestion calamiteuse de ce dossier depuis un an par la puissance publique. Pardon de me répéter: le scandale absolu n’est pas l’existence de ce sondage, ni même sa large diffusion, ni même l’état d’esprit répugnant dont il témoigne, mais l’instinct grégaire, la tyrannie du troupeau, l’absence de toute espèce de vision critique d’une pareille ignominie.

Maxime TANDONNET

Lire la suite sur le blog perso de Maxime Tandonnet ...

Author: Redaction

Le virus du mépris

Dans l’approche générale qui préside au traitement politique et médiatique de la crise du covid 19, un mot s’impose avec force: celui de mépris. Il est une bonne vieille tradition idéologique française, à l’image du médecin de Molière, s’adressant à une servante: « vous êtes rétives aux remèdes, mais nous saurons vous imposer la raison »; puis Jean Jacques Rousseau, « Ils seront forcés d’être libres »; Saint Just, persécutant « les ennemis de la liberté »; jusqu’à Thiers qui voulait faire taire la « vile multitude » en supprimant le suffrage universel (1850).

Depuis hier, un sondage Ifop fait la une des médias radios télévision: 60% des Français ne respectent pas les règles du confinement! L’esprit de cette enquête et la diffusion gigantesque qui lui est donnée par les radios et télévisions en dehors de la moindre approche critique, est symptomatique de l’air du temps putride qui empoisonne l’atmosphère de ce pays. Cela recouvre ainsi des personnes qui ont dépassé de quelques minutes la limite d’une heure pour sortir de chez soi ou du kilomètre de rigueur, ou bien qui ont dû, dans une rue vide de toute passant, baisser 10 secondes leur masque pour respirer ou chasser la buée des lunettes. Ce sondage montre que le naufrage de la France dans l’asservissement bureaucratique, sous l’effet de la peur, ne se limite pas à des choix politiques mais qu’il a envahi la sphère mentale de la France d’en haut, politique, administrative, sondagière, médiatique, « intellectuelle ».

Ce sondage révèle un esprit de délation banalisé à grande échelle: frapper les gens du sceau de l’infamie. La France dite « d’en haut » politico-médiatique désigne ainsi sa victime émissaire: la populace, la vile multitude, coupable de ne pas respecter les règles. Elle fait du pays profond le responsable de cette calamité et elle en appelle à son châtiment exemplaire en le privant le cas échéant de « Noël et des fêtes de fin d’année » comme si la « fête » était aujourd’hui la préoccupation essentielle d’une nation en ruine et dévastée par le chômage, le désœuvrement et le désespoir. Elle s’exonère ainsi de ses propres responsabilités et de la gestion calamiteuse de ce dossier depuis un an par la puissance publique. Pardon de me répéter: le scandale absolu n’est pas l’existence de ce sondage, ni même sa large diffusion, ni même l’état d’esprit répugnant dont il témoigne, mais l’instinct grégaire, la tyrannie du troupeau, l’absence de toute espèce de vision critique d’une pareille ignominie.

Maxime TANDONNET

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