Le miroir brisé

images (1)Le chef de l’Etat n’est pas seulement un décideur politique mais également, en principe, un miroir de la Nation. Or, celui-ci est aujourd’hui brisé. La cote d’impopularité du président de la République vient de battre un nouveau record avec un taux de confiance de 18% (IFOP JDD). Dans les périodes les plus dramatiques de l’histoire récente, le niveau le plus bas des cotes présidentielles, au temps de Mitterrand, Chirac, Sarkozy, tournait aux alentours de 30% à 25% minimum. Les chefs de l’Etat successifs conservaient un socle de partisans, d’environ un tiers à un quart – au pire – qui les soutenait quoi qu’il arrive par delà les aléas de la vie politique. Aujourd’hui, ce plancher a été crevé. Il faut y voir trois types d’explication:

  • La situation générale du pays, notamment ses 3,3 à 5 millions de chômeurs dont le président est tenu pour partie responsable, à tort ou à raison, son déclin économique lié à l’asphyxie fiscale, son profond malaise, sa fragmentation et sa violence… En Ve République, le chef de l’Etat joue naturellement ce rôle d’exutoire, y compris en ce qu’il peut avoir d’excessif.
  • La contradiction fondamentale à laquelle il est confronté: élu par une majorité de gauche voire de gauche radicale, il tient aujourd’hui un discours dit "social démocrate", ou gestionnaire selon un schéma classique de la "gauche" au pouvoir en France: le rêve puis le retour au réel (1924-1926, 1936, 1981-1983, 2012-2014).
  • Un phénomène relevant de la pure psychologie des foules, difficile à expliquer et à traduire car irrationnel, passionnel, viscéral: un déficit d’image personnelle, ressentie, deux ans après, non pas comme antipathique, mais comme insaisissable, insondable, fausse, brouillée.

Face à une impopularité de plus en plus perçue comme irréversible, le monde médiatique est prêt à le lâcher et joue en ce moment deux cartes pour tenter de sauver le parti socialiste en 2017. Nous le voyons bien, cela crève l’écran: un matraquage inouï en faveur du parti politique créé par Monsieur le Pen (voir, encore et toujours, France 2 jeudi 10 avril) afin de brouiller les cartes et de tenter de le placer à la tête de l’opposition, interdisant alors toute perspective d’alternance; le report des espoirs sur Manuel Valls, dont on compare la cote de popularité élevée (58%) à celle du président, nonobstant le caractère récent de son installation à Matignon. Ce dernier peut-il, d’un fantastique coup de bluff, transcender la contradiction fondamentale de la "gauche" au pouvoir, entre le rêve et la réalité? C’est tout l’enjeu des mois à venir…Couv. Histoire présidents

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction