Le grand décalage

M. François Hollande a annoncé qu’il restait dans la vie politique et qu’il entendait y jouer un rôle majeur. C’est étrange, je n’ai pas vraiment de haine ni rancœur envers lui, contrairement à tant de mes compatriotes de tous les bords. Il me semble qu’il n’est pas pire homme que n’importe quel autre personnage. Il est tout juste moyen, dans la moyenne du Français lambda, français moyen. Il a réussi de belles études, dont science po et HEC, prouvant qu’il dispose d’un minimum de bagage intellectuel. Il est parvenu au sommet par la ruse et l’habileté, roulant dans la farine nombre d’adversaires, ce qui montre qu’il n’est pas bête. Mais voilà, le système politique français, présidentialiste, est une machine à produire de la folie. Il transpose des êtres moyens, franchement moyens à tout point de vue, dans un statut de demi dieu au sens des dieux de l’Olympe. Dès lors, la raison humaine, fragile, ne peut pas y résister et la marche dans la déraison est inévitable. Je soupçonne M. Hollande d’être Monsieur tout le monde, moyen, pas pire ni meilleur qu’un autre. Mais voilà, l’effroyable décalage entre le statut de demi dieu, éblouissant, dans la lumière médiatique et la réalité d’une fonction présidentielle largement vidée de sa substance par les transferts de compétence aux bureaucraties et aux juridictions, ne peut qu’engendrer un glissement subreptice dans la déraison. La chute dans la déraison, pour parler en termes respectueux, découle de cette confrontation permanente à l’abîme entre l’image d’imperator médiatisée et la mesquinerie du quotidien. Dès lors, tout sens des réalités se perd dans les limbes et le monde se peuple de chimères. M. Hollande, ni plus mauvais ni pire qu’un autre, peut-être légèrement supérieur à la moyenne nationale sur le plan du quotient intellectuel, vit dans un univers parallèle et n’a absolument pas compris que sa « trace dans l’histoire », à laquelle il ne cesse de se référer, était déjà totalement effacée et que les Français ne voudraient bien entendu plus jamais de lui. Derrière cette dérive, ce n’est pas tellement un homme qui est en cause, ce serait trop simple, il suffirait de le remplacer par un autre. Les choses sont beaucoup plus graves touchant à la marche de la société, de la culture politique. Pour ma part je n’ai jamais douté que l’actuel ferait in fine, dans les cinq ans qui viennent, encore dix fois pire que M. Hollande et que son successeur, quel qu’il soit, dans un processus de chute irrémédiable, ferait encore dix fois pire que lui – sauf évidemment si ce système destructeur de la raison et de la politique vole en éclats d’ici là. C’est tout un mode de fonctionnement de la politique, qui entraîne le pays dans le déni du réel et dans une sorte d’illusion permanente d’une autorité qui n’existe plus et par conséquent dans le chaos.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction

Le grand décalage

M. François Hollande a annoncé qu’il restait dans la vie politique et qu’il entendait y jouer un rôle majeur. C’est étrange, je n’ai pas vraiment de haine ni rancœur envers lui, contrairement à tant de mes compatriotes de tous les bords. Il me semble qu’il n’est pas pire homme que n’importe quel autre personnage. Il est tout juste moyen, dans la moyenne du Français lambda, français moyen. Il a réussi de belles études, dont science po et HEC, prouvant qu’il dispose d’un minimum de bagage intellectuel. Il est parvenu au sommet par la ruse et l’habileté, roulant dans la farine nombre d’adversaires, ce qui montre qu’il n’est pas bête. Mais voilà, le système politique français, présidentialiste, est une machine à produire de la folie. Il transpose des êtres moyens, franchement moyens à tout point de vue, dans un statut de demi dieu au sens des dieux de l’Olympe. Dès lors, la raison humaine, fragile, ne peut pas y résister et la marche dans la déraison est inévitable. Je soupçonne M. Hollande d’être Monsieur tout le monde, moyen, pas pire ni meilleur qu’un autre. Mais voilà, l’effroyable décalage entre le statut de demi dieu, éblouissant, dans la lumière médiatique et la réalité d’une fonction présidentielle largement vidée de sa substance par les transferts de compétence aux bureaucraties et aux juridictions, ne peut qu’engendrer un glissement subreptice dans la déraison. La chute dans la déraison, pour parler en termes respectueux, découle de cette confrontation permanente à l’abîme entre l’image d’imperator médiatisée et la mesquinerie du quotidien. Dès lors, tout sens des réalités se perd dans les limbes et le monde se peuple de chimères. M. Hollande, ni plus mauvais ni pire qu’un autre, peut-être légèrement supérieur à la moyenne nationale sur le plan du quotient intellectuel, vit dans un univers parallèle et n’a absolument pas compris que sa « trace dans l’histoire », à laquelle il ne cesse de se référer, était déjà totalement effacée et que les Français ne voudraient bien entendu plus jamais de lui. Derrière cette dérive, ce n’est pas tellement un homme qui est en cause, ce serait trop simple, il suffirait de le remplacer par un autre. Les choses sont beaucoup plus graves touchant à la marche de la société, de la culture politique. Pour ma part je n’ai jamais douté que l’actuel ferait in fine, dans les cinq ans qui viennent, encore dix fois pire que M. Hollande et que son successeur, quel qu’il soit, dans un processus de chute irrémédiable, ferait encore dix fois pire que lui – sauf évidemment si ce système destructeur de la raison et de la politique vole en éclats d’ici là. C’est tout un mode de fonctionnement de la politique, qui entraîne le pays dans le déni du réel et dans une sorte d’illusion permanente d’une autorité qui n’existe plus et par conséquent dans le chaos.

Maxime TANDONNET


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