Le désastre annoncé

Attention: ceci n’est en aucune façon une critique du président de la République, M. Macron, mais une réflexion sur l’évolution à long terme de la politique française.

Nous vivons dans une bulle de mensonge, d’illusion, de fausseté qui prend des proportions hallucinantes. Nous serions donc en train de vivre une révolution politique, comparable à celle de 1958, dominée par l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération et l’éradication par les urnes de l’ancienne: le dégagisme. Les visages changent, certes, en surface, mais sur le fond, les événements  actuels traduisent la quintessence de l’effondrement en cours depuis au moins vingt ans de la vie publique nationale. La puissance publique, l’autorité, la politique au sens du « gouvernement des choses » ne cesse de s’anéantir comme un cadavre en décomposition. Le culte médiatique de la personnalité, qui prend des proportions toujours plus vertigineuses, ne sert qu’à voiler, couvrir  cet anéantissement.  Le monde médiatique veut nous faire croire à une vague de fond, un vaste engouement populaire qui s’exprime dans un triomphe aux législatives. La vision est mensongère. LREM s’apprête à obtenir quatre cinquièmes des sièges de députés, une majorité absolue. Un triomphe? De fait, le niveau d’adhésion populaire véritable est équivalent à 16% du corps électoral (32% avec une participation de moins de 50%). 16% des électeurs donnent 80% du pouvoir législatif. Oui, triomphe, apothéose de l’absurdité. De fait, 84% des électeurs manifestent leur hostilité ou leur indifférence: l’immense majorité des Français. Derrière un visage transfiguré par la lumière médiatique, nous assistons en ce moment à une étape supplémentaire dans l’effondrement de l’ensemble des piliers, des outils de l’autorité publique : un gouvernement zéro, déjà en pleine déchirure; une Assemblée nationale totalement soumise, donc inexistante; une Nation plus réservée et distante que jamais, l’absence de toute assise et de confiance populaire. Le conformisme bêlant de la quasi totalité des commentaires de presse, de radio, de télévision, plongées dans l’extase, fait peine à voir. Je songe à cet expert en pleine béatitude sur Europe 1, ce matin, nous expliquant doctement comment M. Macron préparait déjà sa réélection en 2022… Les mois qui viennent donneront lieu à une nouvelle vague de manipulation de masse. Ainsi, ils vont ressortir par tous les moyens la famille le Pen afin de replonger la France dans sa bataille de titans entre le « bien et le mal ». La fuite dans l’irréel va encore s’accélérer violemment et les drames de la société s’accumuler derrière l’écran de fumée d’une jubilation médiatique sans précédent: chômage de masse, pauvreté, violence quotidienne, communautarisme et repli sur soi, crise migratoire européenne, désindustrialisation, terrorisme. Le dégoût, le découragement, le désespoir d’une nation vont s’amplifier jusqu’au vertige. Le drame est avant tout intellectuel: il tient à la crétinisation, non pas du pays dans son ensemble, mais de ses élites dirigeantes et médiatiques. La France roule à l’abîme.  Sans doute reste-t-il aujourd’hui une poignée de Républicains lucides sur la nature des évènements en cours et préoccupés, non par eux-mêmes, mais par l’avenir de leur pays. Il est temps qu’ils s’unissent, établissent les responsabilités dans le naufrage en cours, qui ne date pas d’hier, et réapprennent à parler le langage de la vérité, du désintéressement, du courage, de la confiance, de l’intelligence.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction