La faute suprême

Le « nouveau chemin » qu’Emmanuel Macron compte emprunter pour la fin de son mandat ne sera peut-être pas tant affaire de changement de ligne que de réaffirmation d’une méthode : celle de « l’hyperprésidence » des débuts […] Le président a la volonté, dans les deux prochaines années, de gouverner lui-même. Il veut être maître de son destin et de sa réélection, affirme son entourage. Ces quelques lignes, tirées d’un article du Monde (27 juin), condensent toute la tragédie de la vie politique française. Un seul homme ne dirige pas un pays. Le pilotage d’une nation est une oeuvre collective et complexe. Il ne se conçoit pas sans puissantes courroies de transmission: Premier ministre, ministres, services publics, Parlement, députés et sénateurs, élus régionaux et municipaux, réseaux d’influence, etc. Il est rigoureusement impossible sans un climat de large confiance populaire qui permet aux directives d’en haut d’être écoutées, comprises ou admises et appliquées sur le terrain. Dès lors que le gouvernement d’un seul est inconcevable, aujourd’hui comme hier, il se métamorphose en spectacle grandiloquent et stérile, déconnecté de la réalité. L’illusion médiatique et les gesticulations voire les provocations se substituent à l’action. D’où l’escalade verbale (« nouveau monde », « transformation de la France », « refondation », « réinvention », « nouveau chemin », etc.), sur fond d’effondrement général – économique, financier, social, sanitaire, sécuritaire, intellectuel – et d’impuissance chronique. Quant à l’obsession narcissique de la réélection, qui se substitue à l’intérêt général ou bien commun comme but en soi de la politique, elle n’est pas seulement inadmissible sur le plan des valeurs démocratiques ou républicaines: elle est mortelle, empoisonnée, pour l’avenir de la nation qu’elle entraîne comme un boulet au fond de l’abîme.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction