La crise de confiance (CEVIPOF vague 10)

Le soir de son élection à la présidence de la République le 7 mai 2017, le président Macron déclarait: « Une nouvelle page de notre longue histoire s’ouvre ce soir. Je veux que ce soit celle de l’espoir et de la confiance retrouvée. » 20 mois plus tard, les résultats de l’enquête annuelle du CEVIPOF sur la confiance des Français (vague 10 janvier 2017) sont sans appel: les trois principaux sentiments qu’ils éprouvent sont la lassitude, 32% (+7), la morosité, 31% (+8%), la méfiance, 29% (+4%). Le taux confiance en l’institution présidentielle s’effondre de 10 points en un an pour atteindre 23%. La démocratie « ne marche pas très bien » pour 70% des Français (+9). La politique inspire de la méfiance à 37% et du dégoût à 32% (+7), soit une vision négative à 81% d’entre eux (+5).  72% pensent que les responsables politiques sont plutôt corrompus (+1). Le taux de confiance en les partis politiques est de 9%.

Ce qui est dramatique, dans le régime français, c’est le découplage entre les résultats d’une politique et la notion de responsabilité. Le « nouveau monde » a fait naufrage mais tout continue comme avant et rien ne bouge au sommet de l’Etat. Le président de la République, dans ce système, assume en personne la direction du gouvernement du pays mais il est irresponsable pendant 5 ans. Situation absurde: dans toute démocratie, le responsable personnel d’une politique doit pouvoir être sanctionné en cas d’échec. Or,  les mécanismes traditionnels de la responsabilité – un Premier ministre a la tête du gouvernement et responsable devant le Parlement – ont été annihilés par le régime présidentialiste français. Un tel régime peut fonctionner avec des hommes d’Etat à sa tête. Devant une telle impasse, un aussi vertigineux discrédit populaire, un homme d’Etat (de Gaulle) aurait à cœur de poser la question de confiance au peuple par un retour aux urnes, dissolution ou référendum, et d’en assumer les conséquences en cas d’échec. Mais dès lors que des politiciens sont à la tête du pays, ils ne peuvent pas réagir en homme d’Etat: d’où l’épouvantable fiasco de notre VIe République. Le pouvoir se maintient, droit dans ses bottes, dans l’aveuglement, l’indifférence, l’incompréhension, le mépris du mécontentement et du désespoir populaire croissants. C’est pourquoi la France est entrée dans une révolte qui ne peut hélas que dégénérer.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction