Visions franchouillardes du phénomène Trump

sans-titreBien sûr, une majorité des commentaires et éditoriaux s’interrogent sur l’impact du phénomène Trump dans la vie politique française. Ils seront considérables, sans aucun doute, un peu comme la crevasse d’un tremblement de terre qui déchire tout le monde occidental. Nous assistons à la confirmation du nouveau clivage entre tentation du recours au national et ouverture  planétaire, ou repli et mondialisation. Ce clivage semble l’emporter sur le classique droite/gauche axé sur la question sociale. D’où la sensation de séisme. Pourtant, les exploitations politiciennes franchouillardes sont à mes yeux totalement erronées. Le phénomène Trump en soi est bien d’essence américaine: le milliardaire, nouveau venu sur la scène politique, en guerre contre l’Establishment et surtout, contre son parti, qui réussit son « miracle » par la magie d’une communication. Nous sommes en plein dans le mythe américain, à mille lieues de toute mentalité française. Le matraquage permanent autour de la comparaison avec Mme le Pen est à mes yeux totalement déplacé: sa légitimité est historique, dynastique, établie, tenant au lien de famille avec le  créateur de ce parti, extrêmement puissant électoralement, qui existe depuis près de 50 ans, occupe une place essentielle sur la scène française depuis 30 ans (1986). On est strictement à l’inverse de la logique du rebelle Trump qui surgit soudain en politique, en guerre contre l' »Establisment » de son parti et fracasse tout sur son passage … Idem pour les comparaisons avec le président Sarkozy. Lui a été ministre de l’Intérieur et de l’Economie pendant 5 ans. Puis président de la République pendant 5 ans encore. Il est un homme d’expérience, sans aucun rapport avec le phénomène Trump, une sorte d’éclair qui jaillit du néant. Les commentaires français se fourvoient. Les uns jubilent les autres paniquent. A tort… Il y a dans la victoire de Trump une gigantesque opération de marketing qui est à l’œuvre, un formidable coup de bluff, un fabuleux coup de communication s’appuyant avant tout sur le rejet viscéral du candidat d’en face, Mme Clinton. Si les démocrates avaient mis un candidat tout juste présentable  face à Trump, sans doute l’issue eût été radicalement différente et les commentaires inverses de ce que l’on entend aujourd’hui… Le fond du programme de M. Trump est au repli protectionniste. Or, il est mensonger de faire croire que l’économie américaine peut se refermer sur elle-même comme une huitre et que cette perspective représente une solution économique pour l’Amérique. Le monde réel ne se manipule pas comme les mots et les images. Que sortira-t-il de cet extraordinaire coup de bluff?  Quelques changements peut-être, sur les relations avec la Russie ou la politique au Moyen-Orient. Mais sans doute au final une énorme et magistrale déception et le sentiment toujours plus profond du fossé entre le discours politique et le réel. Voilà, depuis hier, Trump est à la mode, comme Obama il y a huit ans. Dans quelques jours tous les politiciens français se convertiront, ouvertement ou hypocritement, au « style » Trump. Pardon de dire ce que je pense, mais la France d’aujourd’hui n’a absolument pas besoin d’un Trump, clinquant, communiquant, manipulateur. Elle a besoin d’une poignée d’hommes ou femmes d’Etat sérieux, visionnaires, donc cultivés et intelligents, audacieux et courageux pour ne pas avoir peur de dire la vérité, et aussi désintéressés, motivés par l’intérêt du pays, prêt à gouverner plutôt qu’à communiquer. Tout le contraire de la classe dirigeante actuelle, de l’extrême gauche à l’extrême droite. Hélas, à l’avenir, il sera sans doute beaucoup plus facile de trouver une sorte d’avatar francisé de Trump qu’une poignée de véritables hommes d’Etat.

Maxime TANDONNET

 

 

 


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Author: Redaction