Une démocratie à refonder

Le temps électoral s’est achevé et voici ma dernière contribution, de lundi matin, au Figaro Vox. Le nouveau pouvoir dispose d’un atout important: son pragmatisme. Il ne semble pas être parasité par les démons idéologiques de l’ancien, qui soit disant « n’aimait pas les riches ». Cependant, un nouveau mythe vient de naître qu’il convient de pourfendre: celui des « pleins pouvoirs« . La France est un pays effroyablement difficile à gouverner cumulant les contraintes qui pèsent sur l’exercice du pouvoir: obstacles juridictionnels, poids de  jurisprudences nationales et européennes, endettement et déficits publics, pression des médias et de la rue, etc. De fait, la marge est extrêmement étroite. Les pleins pouvoirs n’existent pas. L’avenir de la nouvelle équipe est gravement obéré par la fracture démocratique, le vertigineux abîme entre l’euphorie du monde médiatique, l’impression de la toute puissance qui s’exprime dans la majorité absolue à l’Assemblée, et la réalité d’une Nation qui dans ses profondeurs, oscille entre indifférence et hostilité, comme en témoigne l’extrême faiblesse du soutien populaire au nouveau pouvoir (16% du corps électoral au premier tour des législatives). On ne gouverne pas la France efficacement et durablement en l’absence d’un socle minimal de confiance populaire. Trop de gouvernement se sont fracassés pour avoir négligé cette évidence. Le politique est un funambule qui marche sur une corde raide au-dessus d’un gouffre. Dans ce contexte, il est de la responsabilité de l’opposition républicaine (dite « la droite », même si la formule me fait de plus en plus horreur) de se tenir prête à assurer la relève. Celle-ci devra alors, dans un contexte dramatique, prendre des accents non pas réformistes, mais révolutionnaires au sens positif et noble du terme. Dans un climat de désespoir collectif, il lui incombera de proposer au pays  non pas de simples mesures ponctuelles, mais une transformation radicale du modèle politique, axée sur la reconquête de la démocratie à la fois parlementaire, directe et de proximité, avec pour objectif de résorber la fracture démocratique, entre la « France d’en haut » et « la France d’en bas » et de regagner la confiance de cette dernière. C’est la règle du jeu elle-même qui devra changer. Si les Républicains ne parviennent pas à prendre conscience de cette priorité absolue – ils en sont loin aujourd’hui – un boulevard s’ouvrira à l’extrémisme, notamment de gauche et au retour de l’utopie destructrice.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction