Réponse courtoise à M. Patrick Bouet, président du Conseil de l’Ordre

« En attendant que nous soyons massivement vaccinés, partout où la situation est grave, il faut nous confiner », écrit le président du Conseil de l’Ordre (Cnom), Patrick Bouet, dans une lettre ouverte publiée, mercredi, par le journal Libération. « Chacun se doit de faire passer l’impératif sanitaire avant tout autre et de prendre en compte cette nouvelle donne : le virus est en train de gagner […] Les patients de plus en plus jeunes, la contamination dans les écoles sont autant d’indicateurs marquants de cette dégradation continue de la situation depuis plusieurs semaines […]  D’ici quelques jours, des médecins pourraient devoir choisir entre les patients sur des critères non médicaux, simplement par manque de moyens ou d’équipements disponibles. C’est à court terme que cette question sera face à nous, dans toute sa violence ».

Réponse point par point:

« Chacun se doit de faire passer l’impératif sanitaire avant tout autre » : le pilotage d’un Etat ne peut pas se limiter au seul impératif sanitaire: l’économie du pays, sa défense face aux menaces extérieures, la vie sociale – le bonheur – de ses habitants, la défense de ses libertés et de ses institutions démocratiques, doivent aussi être pris en compte. Le domaine sanitaire fait partie d’un ensemble et ne peut pas être pris en considération isolément de son contexte. la santé mentale des Français en est un autre aspect essentiel. Ainsi, la négation de la vie et de la liberté au nom de l’impératif sanitaire est le chemin le plus direct vers un désastre sanitaire global – celui d’un pays condamné à la démence.

« Il nous faut nous confiner » : la solution du repli frileux, de l’enfermement à domicile, de l’assignation à résidence d’un peuple, mise en œuvre à deux reprises en mars et en novembre – et encore partiellement aujourd’hui – a échoué à chaque fois puisque les difficultés ne sont pas réglées. Quel sens il y aurait-il à appliquer une solution qui n’a pas marché? Le confinement implique l’anéantissement de la liberté, la destruction de l’économie française, la mise en place d’un Etat policier. Il revient à détruire la vie au nom de l’impératif sanitaire. En outre, à l’image des saignées d’autrefois, le faux remède ne fait qu’amplifier le mal dès lors que la contagion se produit en site fermé et non au grand air. Et tout cela, les Français ne l’accepteront plus. Docteur, ne sentez-vous pas que les Français, les jeunes surtout, ne l’accepteront plus?

« Cette dégradation continue de la situation depuis plusieurs semaines » : ceci est inexact si l’on s’en tient au nombre de décès qui devrait être le critère le plus fondamental au regard de la considération de dangerosité de l’épidémie. Selon les statistiques officielles de l’INSEE le nombre total des décès de mi février à mi mars est revenu à un niveau quasi normal. Est-il bien du rôle d’un médecin d’agiter la peur? N’est-il pas au contraire de rassurer, rassurer pour donner envie de vivre, rassurer pour renforcer les défenses naturelles, rassurer pour augmenter la force de résister à la maladie?

« Des médecins pourraient devoir choisir entre les patients sur des critères non médicaux, simplement par manque de moyens ou d’équipements disponibles » : aucun médecin ne devrait se comporter en maître chanteur. La mission des médecins n’est pas de répandre la terreur et les menaces. Elle est exclusivement de soigner leurs patients. Leur serment et leur vocation leur interdisent formellement de trier les malades et plus encore, de menacer d’effectuer une telle sélection. S’ils estiment ne pas disposer des moyens nécessaires pour assurer cette mission, leur rôle est de dénoncer les carences et de faire pression sur l’administration pour qu’elle leur fournisse ce dont ils ont besoin. Tel est leur devoir et leur droit. Mieux vaudrait entendre les porte-parole ou représentant des médecins présenter un catalogue précis de ce qui manque aujourd’hui aux médecins que de proférer des menaces sur la vie ou sur la mort.

« Le virus est en train de gagner » : le seul virus qui est en train de gagner, c’est celui de la peur. Le défaitisme est toujours de mauvais aloi. C’est lui, le virus de la peur et du défaitisme qui conduit directement à « l’étrange défaite » de 1940 et l’humiliation nationale de quatre années qui s’ensuit. De fait, aucune épidémie n’est éternelle et celle-ci passera comme toutes les autres en France comme ailleurs. Et nous allons nous en sortir. Promis, nous allons nous en sortir. A condition toutefois de ne pas céder à la peur ni à la panique.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction