« Réfugié historique »

9782213017686Pire que le désespoir, la politique actuelle m’ennuie profondément. J’en ai déja beaucoup parlé: entre les gesticulations stériles des dirigeants au pouvoir, la sublimation du fn par le monde médiatique, la bêtise politicienne en général, je ne vois que néant, vide, illusion, absence de toute perspective. Donc, je fuis l’actualité, me réfugie dans l’histoire, les livres d’histoire. Là, je me sens heureux, libre, en compagnie de mes héros. Ainsi, j’ai relu cette nuit un grand classique,  le Jeanne d’Arc, de Régine Pernoud (Fayard 1986). Le temps est au chaos absolu, la France déchirée, déchiquetée entre les Armagnac et les Bourguignon, les campagnes ravagées par les bandes armées, la peste, la famine, le pays occupé au deux tiers par les Anglais qui revendiquent le trône. C’est une petite bergère de 17 ans de Domrémy, en Lorraine, qui est appelée par Dieu, à travers « ses voix » à délivrer la France, c’est-à-dire la France de son prince légitime, le Dauphin Charles,  des traîtres bourguignons et des occupants étrangers.  Récit un million de fois ressassé mais qui reste toujours aussi bouleversant, au coeur, non pas du « roman national », car il est véridique, fondé sur des archives et des témoignages concordants, mais de l’Histoire nationale. L’attitude de la jeune fille, ses réparties, ses choix, soulignent qu’elle était, petite bergère, d’une intelligence lumineuse. On y trouve aussi l’ordure humaine la plus absolue derrière le personnage de Pierre Cauchon, le délateur, le traître, le bourreau cynique, le tartuffe criminel, le parfait arriviste, une figure si familière et si actuelle. Qu’il y avait-il derrière « ses voix », entendues à Domrémy et qui ne cessent de l’éclairer tout au long de son parcours, jusqu’à se fin? Ni folle, ni menteuse, Jeanne les a vraiment entendues; voix de « Sainte Catherine et sainte Marguerite », disait-elle,  et n’a cessé de s’en inspirer. Le mystère de ces voix, éternel,  se confond, depuis tant de générations, avec celui de l’existence de notre pays et de son avenir.

(J’ajouterai que toute récupération de Jeanne d’Arc à des fins politiciennes ou idéologiques m’apparaît comme le sommet de la vulgarité, de la saleté et de la crétinerie).

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction