Quelle moralisation?

Moraliser la vie politique est une grande ambition, un enjeu fondamental. La suppression de la « réserve parlementaire » me semble être non seulement une erreur, mais en outre une décision contreproductive. Elle aboutit à jeter une suspicion sur les parlementaires et à affaiblir toujours davantage leur autorité ce qui est dramatique. Dans l’histoire, jamais aucun pouvoir n’est sorti grandi de la marginalisation du Parlement. La question de la moralisation de la politique doit être envisagée à grande échelle. Elle soulève des questions gigantesques, qui concernent la nature de la vie politique: Comment, dans la politique moderne, mettre fin à la tyrannie de la communication, c’est-à-dire le mépris des gens, pour réhabiliter l’action et l’intérêt général? Comment mettre fin à l’excès de personnalisation du pouvoir, la focalisation de la vie politico-médiatique autour d’une personne, autant pour l’idolâtrer que pour la lyncher, au détriment du monde réel et du bien commun? Comment définir un nouvel équilibre entre les pôles de pouvoir que sont la présidence (l’autorité), le gouvernement (la décision, l’action), le législatif (le contrôle), le judiciaire (la sanction)? Comment restaurer l’autorité de l’Etat, l’efficacité du pouvoir politique dans la réponse à apporter aux souffrances, aux inquiétudes, aux problèmes concrets des Français (chômage, pouvoir d’achat, dette publique, sur-fiscalité, sécurité, frontières, terrorisme, etc.)? Comment assurer la responsabilité effective des pouvoirs publics, pour leurs choix ou non choix? Comment reconquérir la confiance dans le politique, la représentation démocratique? Comment assurer l’objectivité et l’impartialité du service public de l’audiovisuel (télévisions, radios) en le libérant des pressions idéologiques ou partisanes et en assurant la liberté et l’égalité dans l’expression publique? Comment réhabiliter l’intelligence collective, la culture politique, à travers l’éducation nationale, la redécouverte des enseignements fondamentaux, du français, de l’histoire, de la philosophie? La moralisation de la politique ne se limite pas une collection de mesures inspirées de l’actualité, lancées en pâture à l’opinion publique. Elle concerne tout simplement la restauration en France d’une démocratie digne de ce nom. Voilà quel est le grand enjeu de l’avenir sur lequel nos amis de l’opposition démocratique devraient se pencher d’urgence.

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction