Primaires, que choisir?

sans-titreLe présent billet n’est pas le signal de l’approbation du principe des primaires. Je trouve la vie politique française d’une rare médiocrité comme je l’ai écrit dans le Figaro de jeudi dernier. Confondre la politique, le destin de la cité, avec les sensations qu’inspirent les voix, les visages, les paroles, les bafouillages d’une poignée de figurines médiatisées me semble dérisoire.  Et les primaires sont la quintessence d’une personnalisation à outrance de la politique, d’une dérive absurde de la chose publique au loin des principes de l’intérêt général. La politique devrait consister à unir, rassembler, fédérer: M Sarkozy, M. Juppé, M. Fillon, M. Le Maire, etc. qui ont gouverné ensemble, appartiennent au même parti, plutôt que de se tirer dans les pattes publiquement, devraient être nuits et jours réunis autour d’une table et discuter des moyens de sauver ce pays. Qui aura le privilège de fanfaronner sous les ors de l’Elysée? Et sans nul doute de devenir en 6 mois l’homme le plus haï et le plus ridicule de France? Ce n’est pas le problème! Ils n’ont qu’à tirer au sort ou s’ils sont incapable de faire passer l’intérêt de la France avant leur intérêt personnel, faire confiance au suffrage universel pour les départager au premier tour, comme le prévoit la Constitution. Les primaires sont le contraire de la politique au sens noble du terme, tout le contraire: plutôt que de rassembler, elles désintègrent. Les programmes? Mais je ne crois pas une seconde à un programme concocté dans un coin par un bonhomme et son écurie d’experts. Les seuls programmes qui comptent, qui ont une (petite) chance d’être appliqués, sont ceux qui procèdent d’une future majorité parlementaire, largement validés et acceptés par elle! Tout juste ce qui n’existe pas dans l’actuel climat de décomposition.

Pourtant, il faut être pragmatique. Avons-nous le choix? Non. Il n’est pas question d’attendre un quelconque salut ou redressement national du processus en cours 2016-2017. En tout cas je n’y crois pas un instant. Mais il faut éviter à tout prix le chaos lepéniste comme socialiste pour cinq années supplémentaires. Donc, se résigner par défaut, à voter à ces foutues primaires, sans illusion, comme il arrive dans la vie quotidienne de devoir faire des choses auxquelles on répugne: voter la dimanche prochain, pour celui qui aura le plus de chance d’éviter un cataclysme. Justement ci-dessous une contribution intéressante de M. FrédéricN qui prend parti pour un candidat (cette position n’engageant que lui):

« Le 20 Novembre : voter pour un programme et non pour un homme ( Frederic_N)
Je remercie M Tandonnet de me laisser la parole en cette vieille de primaires pour essayer de vous convaincre d’y participer, malgré les doutes qui sont émis sur ce blog, et de le faire dans un sens très précis. Comme il ne s’agit pas de se raconter des histoires, je le ferai autour de quatre questions
– Ces primaires servent-elles à quelque chose ?
S’il y a un consensus sur ce blog, c’est bien pour s’inquiéter des menaces qui pèsent sur l’avenir de notre pays, emblématiques d’ailleurs des menaces qui pèsent sur l’Europe. De même nous nous accordons pour mesurer l’impuissance de l’Etat français et de ses dirigeants politiques. Mais quelle est la responsabilité des dirigeants de la droite dans cette affaire ? Elle n’en est que partiellement responsable. L’honnêteté, au contraire, oblige à reconnaître que cette droite a vécu pendant plus de 50 ans sous le magistère de la gauche et que c’est d’abord là, dans cette soumission volontaire, que se situe sa faiblesse. C’est cette dépendance que lui reproche enfin – car c’est elle la vraie coupable ! – une partie de sa base électorale.
Or qu’on le veuille ou non la primaire (celle de cette année au moins) est un début de réponse à cette situation. C’est ce qu’a montré le déroulement des débats télévisés et il faut être bien aveugle pour parler de simples conflits d’égo. Ce qu’ont vu au contraire des millions de téléspectateurs c’est un débat sur des programmes là où ils n’avaient en mémoire que coups tordus – jurisprudence Chirac – mise en scène – jurisprudence Giscard – et bling bling – jurisprudence Sarkozy. Dans notre histoire récente c’est la première fois que cela arrive : la droite a non seulement discuté sur le fond mais elle l’a fait devant son électorat. D’ailleurs je cite Luc Ferry ce matin sur Radio classique « ce qui me convainc d’aller votre c’est la comparaison avec le débat américain : on a en France un débat de grande qualité »
– Dans quelle mesure ces primaires auront-elles un effet ?
Evidemment il ne faut pas être dupe, non seulement les couteaux sont tirés, mais surtout ils cachent le même strabisme vers la gauche que celui qu’on a vu à l’oeuvre depuis tant d’années. L’utilisation de Bayrou par Juppé va dans ce sens, Sarkozy a raison. Mais hélàs, la nomination de Baroin aussi. Non pas que Juppé et Sarkozy soient de « sournois comploteurs à la solde de l’oligarchie » comme on l’entend ici et là. Mais tout simplement du fait de la résistance prévisible qu’entraînera toute tentative de décision de leur part. Non seulement elle se heurtera, et contre l’esprit même de la démocratie, à la « résistance » de la gauche et des médias. Mais surtout, elle se heurtera au fait que l’administration penche à gauche de toutes ses pores : sans légitimité claire, sans soutien politique et sans programme d’action efficace il est illusoire de faire une politique de droite en France. Et sur le denier point on en est très loin, Juppé et Sarkozy ne font qu’en prendre acte. C’est d’ailleurs ce que voudront nous expliquer les médias: que la gauche devra être aussi au gouvernement et tout bloquer puisque c’est grâce à elle que Juppé ou Sarkozy battront Marine le Pen.
Mais justement, la primaire participe de la nécessité de cette « contre légitimité » dont le futur président aura besoin. A la fois par l’intérêt qu’elle suscite et à la fois par son contenu programmatique, elle pèse dans le sens contraire aux intérêts de la gauche. Plus il y aura de votants, et plus le futur élu aura la légitimité de la combattre. Plus il sera clair et plus il se heurtera avant les présidentielles à la gauche. Et plus sa victoire sur elle au premier tour sera considérée comme une victoire de ses idées.
Aller à la primaire c’est simplement contribuer à cette légitimité du futur président Républicain.
– Mais pour qui voter alors ?
A cette primaire – et même s’il n’est pas favori – je suggère aux lecteurs de ce blog de voter pour Fillon. Pour une raison simple. Malgré les médias, cette primaire a parlé de programme politique. Or Fillon est le candidat qui s’est le plus assimilé à l’idée d’un programme cohérent, au moins un minimum. Bien sûr on pourrait en discuter tous les points. Beaucoup ici semblent notamment revenir à cette vieille tradition de la droite gaulliste de s’en prendre au libéralisme. Mais je leur pose cette question : vous pensez, pour la plupart d’entre vous, que le problème de la Nation est de lutter contre sa désintégration, voire à la menace islamique. Mais pensez-vous que la France puisse résister à ces démons si elle n’est pas puissante économiquement ? Soyons sérieux. Beaucoup de gouvernements se sont essayés à faire de l’antilibéralisme que ce soit en Grèce, au Brésil ou au Vénézuela. Pensez-vous que ces pays se sont renforcés ou affaiblis ? A contrario pensez-vous sérieusement que le (socio) libéralisme ait affaibli nos voisins allemands ?
Poser de telles questions c’est y répondre.
– Doit-on s’en remettre à un homme quel qu’il soit ?
Disant cela je ne veux surtout pas entretenir d’illusions. Il y a de nombreux trous dans le programme Fillon. Notamment sur sa mise en œuvre. Pour ne prendre que cet exemple, Il ne nous explique pas comment il fera pour redresser un appareil d’Etat tenu par la gauche. Il ne dit rien là où il faudrait prendre le problème à bras le corps, par exemple en délogeant la gauche des positions qu’elle occupe dans tous les lieux de formation des cadres de l’état (et pas seulement à l’ENA, sans doute la moins mauvaise de ces écoles, qu’on la compare par exemple à Sciences Po ! ). Ce faisant il s’expose à de cruelles désillusions quand on s’apercevra qu’un sabotage subtil annihilera la plupart des mesures qu’il croira prendre.
Mais justement, quel que soit le futur président un tel affrontement est inéluctable. En fait, il a déjà commencé dans le cas de l’école, de la police, voire de la magistrature. Et la question qui se posera – brutalement – sera celle du rapport de force. Comme dans le cas de la SNCF et de Juppé.
Or qu’on le veuille ou non , ce rapport de force sera indexé sur le nombre de gens qui auront voté, non pas tant pour un homme, que pour un programme politique.
Et surtout pour sa mise en œuvre.

FrédéricN


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Author: Redaction