Préserver la biodiversité en détention

Jeudi 22 mai, Alain Reymond, directeur de la maison d'arrêt de Strasbourg a signé la charte «tous unis pour plus de biodiversité» à la communauté urbaine de Strasbourg (CUS) qui encadre l'utilisation des produits phytosanitaires et favorise les comportements écologiques en détention. Depuis 2008, la maison d'arrêt mène des actions afin de protéger l'environnement. Quels sont les bénéfices sur les personnes détenues et l'environnement en détention ? Francois Pfalzgraf, responsable des services administratifs et référent développement durable à la maison d'arrêt de Strasbourg répond aux questions.
1- Pourquoi la maison d’arrêt de Strasbourg a-t-elle choisi de se lancer dans une politique du développement durable ?

 

«Nous nous sommes intéressés tout d’abord au développement durable car la communauté urbaine de Strasbourg (CUS) a décidé d’appliquer en 2008 une politique «zéro pesticide ».

crédit photo droit réservéEn tant que service public, cela nous paraissait normal de contribuer à l’effort collectif engagé par la commune. Nous avons donc arrêté d’utiliser des produits phytosanitaires (désherbant et engrais). Cela nous a permis de réduire nos coûts et d’améliorer les conditions de travail des personnels. Francois Pfalzgraf,  responsable des services administratifs et référent développement durable à la maison d’arrêt de Strasbourg

En 2012 notre engagement a pris un autre tournant car la communauté urbaine de Strasbourg a décidé d’appliquer au service public, le décret du 1er avril 1992, qui instaure une redevance spéciale pour l’enlèvement des déchets. Nous avons vite fait le calcul ; réduire nos déchets pour faire des économies !


Début 2013, 4 stagiaires du master éco-conseiller, formation assurée par l’INSA de Strasbourg  en partenariat avec l’association éco-conseil, sont venus à la maison d’arrêt et ont dressé un bilan en analysant la quantité de nos déchets. Grâce à leurs interventions, nous sommes passés de 45 bennes à ordures à 20.

Toujours en 2013, une autre stagiaire de l’INSA de Strasbourg nous a aidé à passer au tri-sélectif en détention. Désormais les bouteilles en plastique, les papiers et les cartons sont valorisés, le pain et les repas refusés par les personnes détenues sont récupérés par une société qui les transforme en méthane qui est utilisé pour le chauffage.

Les personnes détenues se sont montré très intéressées par ces démarches et ont participé au tri-sélectif en détention. Certaines ont même souhaité obtenir plus d’informations sur les métiers liés à l’environnement ».

2- Quels sont les changements à la suite de la signature de la charte «tous unis pour la biodiversité» ?

« Avec cette charte, la maison d’arrêt de Strasbourg s’est engagée dans une gestion raisonnée de l’espace vert sur 6 points :

  • abandon de l’utilisation des produits chimiques pour l’entretien des espaces verts,
  • utilisation des techniques alternatives pour l’entretien des espaces verts,
  • réduction des tontes,
  • réduction des arrosages et paillages des massifs,
  • plantation d’espèces locales,
  • plantation de prairies mellifères.Signature de la charte-crédit photo Ministère de la Justice

La signature de cette charte a permis de changer les mentalités : avant une pelouse qui n’était pas tondue était considérée comme négligée, maintenant l’on veut faire comprendre que la nature doit reprendre ses droits.

Depuis l’abandon de l’utilisation des produits chimiques, de nouvelles plantes poussent  (marguerite, fraise de bois, renoncule), de nouvelles espèces d’oiseaux se posent sur les arbres alors que nous sommes en centre-ville.

Nous avons pris conscience que nous sommes le maillon d’une chaîne et nous nous engageons avec les autres acteurs publics à être respectueux de l’environnement.

3-     Avez-vous d’autres projets autour du développement durable ?

Nous avons plusieurs projets :

  • faire des mini-jardins où les personnes détenues pourront faire pousser des fruits et des légumes,
  • tourner un film sur le tri-sélectif  en détention (en cours de réalisation),
  • remplacer le chauffage au gaz par le chauffage urbain
  • lutter contre le gaspillage alimentaire en détention en diminuant par exemple la quantité de pain distribué,
  • mettre en place un atelier de tri-sélectif en interne afin de revendre les déchets.

Enfin nous souhaitons mettre en place un atelier «fabrication meubles en carton» avec l’association Emmaüs. L’idée est de fabriquer des meubles en carton par les personnes détenues à destination des publics en difficulté. Nous sommes actuellement en recherche de financement.

Tri sélectif en détention-crédit photo ministère de la Justice

Relais de brève

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Author: Redaction