Pourquoi la chienlit?

Zadistes vainqueurs en Loire atlantique, graves violences urbaines au Mirail, une poignée de 28 000 syndicalistes, ultraminoritaires, qui empoisonnent sans raison la vie des Français les plus modestes depuis un mois en bloquant les trains, grèves à Air France, occupation des universités et de sciences po, et tout cela dans la plus parfaite impunité voire banalisation: un tel spectacle est-il imaginable ailleurs qu’en France?

Imagine-t-on une pareille chienlit en Allemagne, aux Etats-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne, en Espagne, dans n’importe quel pays digne de ce nom, et même dans d’autres Etats du Sud, en Afrique ou en Asie, auxquels nous sommes si prompts à donner des leçons? Non, un tel chaos n’existe qu’en France. Il est superficiel d’en tenir pour responsable tel ou tel dirigeant actuel désigné nominativement. La décomposition vient de loin, s’aggravant de décennie en décennie. En cause, trois tendances lourdes du pays sur un demi siècle :

1/ le régime politique présidentialiste qui, de quinquennat en quinquennat, cultive l’image narcissique au détriment de l’intérêt de l’Etat: dès lors que cette image narcissique devient le but en soi, elle justifie tous les renoncements et toutes les lâchetés face aux épreuves de force;

2/ le cynisme et l’égoïsme d’une classe privilégiée, influente ou dirigeante, qui ne pense qu’à ses intérêts individuels, matériels ou de vanité, et regarde le pays couler dans la plus grande indifférence en s’auto-protégeant;

3/ dans un contexte d’abêtissement médiatique, l’abaissement du niveau intellectuel de la nation, l’affaiblissement des notions d’histoire, de littérature, de philosophie, ou scientifiques, sources de l’esprit critique et du sens de l’engagement collectif, du destin commun.

L’idée du salut par le remplacement de tel ou un tel politicien par un autre me semble erronée. Bref, je suis à peu près convaincu que n’importe quel autre à l’Elysée comme à Matignon, M. Juppé, M. Fillon, Mme le Pen, M. Valls, M. Hamon ou tout autre, et la France ne se porterait pas mieux qu’en ce moment. L’essentiel ne tient pas au choix d’un personnage, d’un acteur, d’un comédien dont la surmédiatisation quotidienne sert à leurrer les consciences et les détourner de la réalité. Une dictature autoritaire est inconcevable en France, ni la police, ni l’armée, ni l’administration, ni les juges n’obéiraient et elle sombrerait en peu de temps. Un Pinochet ou Fidel Castro ne tiendraient pas trois semaines.

Le drame est infiniment plus profond, il touche à la culture, à l’essence même du pays. L’issue n’est concevable qu’à long terme, sur plusieurs générations, elle commence par le renouveau intellectuel des Français, l’élargissement de leur champ de vision, dans l’espace et dans le temps, leur regard critique, une prise de conscience du drame que nous vivons, de son ampleur, le passage d’une logique de fragmentation à la redécouverte du bien commun, du sens du devoir et de la responsabilité face à la res publica… Bref, pour l’instant, nous n’en prenons pas le chemin, loin de là.

Maxime TANDONNET

Lire la suite sur le blog perso de Maxime Tandonnet ...

Author: Redaction

Pourquoi la chienlit?

Zadistes vainqueurs en Loire atlantique, graves violences urbaines au Mirail, une poignée de 28 000 syndicalistes, ultraminoritaires, qui empoisonnent sans raison la vie des Français les plus modestes depuis un mois en bloquant les trains, grèves à Air France, occupation des universités et de sciences po, et tout cela dans la plus parfaite impunité voire banalisation: un tel spectacle est-il imaginable ailleurs qu’en France?

Imagine-t-on une pareille chienlit en Allemagne, aux Etats-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne, en Espagne, dans n’importe quel pays digne de ce nom, et même dans d’autres Etats du Sud, en Afrique ou en Asie, auxquels nous sommes si prompts à donner des leçons? Non, un tel chaos n’existe qu’en France. Il est superficiel d’en tenir pour responsable tel ou tel dirigeant actuel désigné nominativement. La décomposition vient de loin, s’aggravant de décennie en décennie. En cause, trois tendances lourdes du pays sur un demi siècle :

1/ le régime politique présidentialiste qui, de quinquennat en quinquennat, cultive l’image narcissique au détriment de l’intérêt de l’Etat: dès lors que cette image narcissique devient le but en soi, elle justifie tous les renoncements et toutes les lâchetés face aux épreuves de force;

2/ le cynisme et l’égoïsme d’une classe privilégiée, influente ou dirigeante, qui ne pense qu’à ses intérêts individuels, matériels ou de vanité, et regarde le pays couler dans la plus grande indifférence en s’auto-protégeant;

3/ dans un contexte d’abêtissement médiatique, l’abaissement du niveau intellectuel de la nation, l’affaiblissement des notions d’histoire, de littérature, de philosophie, ou scientifiques, sources de l’esprit critique et du sens de l’engagement collectif, du destin commun.

L’idée du salut par le remplacement de tel ou un tel politicien par un autre me semble erronée. Bref, je suis à peu près convaincu que n’importe quel autre à l’Elysée comme à Matignon, M. Juppé, M. Fillon, Mme le Pen, M. Valls, M. Hamon ou tout autre, et la France ne se porterait pas mieux qu’en ce moment. L’essentiel ne tient pas au choix d’un personnage, d’un acteur, d’un comédien dont la surmédiatisation quotidienne sert à leurrer les consciences et les détourner de la réalité. Une dictature autoritaire est inconcevable en France, ni la police, ni l’armée, ni l’administration, ni les juges n’obéiraient et elle sombrerait en peu de temps. Un Pinochet ou Fidel Castro ne tiendraient pas trois semaines.

Le drame est infiniment plus profond, il touche à la culture, à l’essence même du pays. L’issue n’est concevable qu’à long terme, sur plusieurs générations, elle commence par le renouveau intellectuel des Français, l’élargissement de leur champ de vision, dans l’espace et dans le temps, leur regard critique, une prise de conscience du drame que nous vivons, de son ampleur, le passage d’une logique de fragmentation à la redécouverte du bien commun, du sens du devoir et de la responsabilité face à la res publica… Bref, pour l’instant, nous n’en prenons pas le chemin, loin de là.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction