Le 25 août sur itv, Mme Cosse, secrétaire générale du parti écologiste déclarait au sujet de l’immigration: « Nous sommes un pays extrêmement riche qui a des capacités d’accueil extrêmement fortes. Donnons le message que nous accueillons tout le monde et que nous pouvons leur donner des droits« . Il est facile d’imaginer le scénario. Deux milliards d’hommes vivent dans la misère, avec moins de deux dollars par jour: proclamer les frontières ouvertes, l’accueil automatique de la France avec des droits assurés (logement, école, santé, etc.) reviendrait à plonger en six mois le pays dans le chaos le plus absolu. Mais à l’inverse, lors d’un discours prononcé dimanche, Mme le Pen promet « d’arrêter l’immigration légale et l’immigration clandestine. » Si les mots ont un sens, arrêter veut dire mettre fin, appliquer le principe d’immigration zéro. Une déclaration de ce genre ne coûte pas cher. Dans les années 1990, Bernard Tapie voulait « interdire le chômage« . Mais dans les faits, en termes de mesures concrètes, qu’est-ce que cela signifie? Construire un mur avec des fils barbelés tout au long de la frontière entre Vintimille et Lille (comme cela se fait dans beaucoup d’endroits du monde) et suspendre la circulation intra européenne? Interdire les mariages mixtes de Français avec des étrangers? Fermer tout accès du système universitaire français à des étudiants étrangers, même brillants? Suspendre toute délivrance de visas de court séjour (qui produisent inévitablement de l’immigration illégale)? S’interdire tout recours à des compétences et talents dont la France peut avoir besoin pour sa recherche et son économie? Dénoncer la convention de Genève sur le droit d’asile et refouler les réfugiés authentiques? Supprimer tout contrôle des juridictions sur les reconduites à la frontière et les expulsions? Par ailleurs, selon la même candidate « tout a été fait sous Nicolas Sarkozy et François Hollande pour que la vague de l’immigration grossisse et déferle à pleine vitesse sur notre pays. » En réalité, la France et l’Europe sont confrontées à un enjeu d’une complexité inouïe. Un travail important a été accompli pendant sept ans sous Nicolas Sarkozy pour améliorer la maîtrise de l’immigration: notamment grâce aux grandes lois de 2006 et 2007 sur le regroupement familial et la loi de 2011 facilitant les reconduites à la frontière. Des accords ont été signés avec une vingtaine de pays d’origine pour faciliter la circulation et lutter contre l’immigration illégale. Il est en effet impératif d’améliorer la maîtrise de l’immigration afin d’éviter les phénomènes d’exclusion, de ghettoïsation, de désintégration sociale et de repli identitaire. Il est en revanche trompeur d’essayer de laisser croire aux Français que « l’arrêt » de l’immigration est une chose concevable et souhaitable dans le monde moderne. L’ouverture radicale comme la fermeture totale sont deux mythes de la même nature: démagogique. « Je regarde, je lis, j’écoute, et je trouve que l’on se moque du monde à l’excès. On s’en moque à droite. On s’en moque à gauche. On s’en moque partout. » (André Tardieu, La note de la semaine, 1936, Flammarion).
Maxime TANDONNET