L’Europe-puissance ou la mort

images[4]Depuis plus d’un an, l’essor de l’Etat islamique daesh foudroie l’image dominante, depuis les années 1990, d’un monde globalisé, pacifié, uniformisé par les marchés et le triomphe de la démocratie, annoncé par Francis Fukuyama qui prévoyait « des siècles d’ennui avec la fin de l’histoire ». Fruit du chaos irakien et des « printemps arabes », il emporte les frontières du Moyen-Orient, répand une terreur fondée sur la médiatisation d’atrocités emblématiques d’une négation des valeurs du monde occidental: destruction barbare des minorités chrétiennes et Yésidies, massacres de villageois, supplices infligés aux prisonniers de guerre, vieillard décapité, esclavage sexuel des femmes capturées, anéantissement de splendeurs du patrimoine de l’humanité. Face à cette entité politique d’un genre nouveau, la communauté internationale, les plus grandes puissances planétaires, sont tenues en échec, réduites à une vertigineuse impuissance, comme paralysées. L’Europe et la France, à travers le risque d’attentats jihadistes, sont en première ligne de la menace qui pèse désormais sur la paix mondiale dans un contexte de désarroi général.

L’une des conséquences dramatique de cette déstabilisation du Moyen-Orient et du sud de l’Europe, en particulier la Libye devenue une zone de non-droit, est l’afflux sur le continent européen de populations chassées par le chaos. Les Européens sont tétanisés par le spectacle auxquels ils assistent: plus de 300000 arrivées par la Méditerranée en sept mois, qui viennent s’échouer dans des conditions apocalyptiques sur les côtes grecques et italiennes. L’Allemagne, à elle seule, aura accueilli 700 000 demandeurs d’asile en 2015. Rien ne semble pouvoir interrompre ce mouvement de populations, issu de la déstabilisation d’une partie de la planète, qui ne cesse de s’amplifier et de gagner.

Face à un chaos qui la menace dans sa chair, il est temps de repenser l’Europe. Celle-ci ne peut plus en rester à sa logique bureaucratique, axée sur les normes, directives, règlements et sanctions. Elle doit au contraire se constituer en puissance politique. L’Europe, première puissance économique du monde par l’addition des forces de ses Etats, ne peut plus demeurer un nain politique. Son avenir, sa survie, dépend de sa capacité à s’unir pour peser sur son environnement. Les dirigeants des cinq ou six plus grands Etats européens ainsi que les autres pays volontaires, doivent se constituer en état-major commun, former une coalition et prendre leurs responsabilités. L’urgence absolue est d’engager une intervention militaire collective, européenne, afin de restaurer la sécurité dans les zones de non-droit stratégiques pour la maîtrise du flux migratoire, notamment en Libye et combattre les passeurs esclavagistes, responsables de milliers de morts. Seule la puissance européenne, au sens de l’union de ses Etats, est en mesure de donner un exemple de volonté de combattre le chaos, avant d’entraîner à ses côtés une coalition plus large pour combattre l’Etat islamique daesh et ramener la paix et la stabilité dans une région dont dépend son avenir. Mais l’Europe, première puissance mondiale potentielle, rongée par ses complexes, est-elle en mesure de surmonter sa mauvaise conscience historique issue de la colonisation? Si elle n’y parvient pas dans les années à venir, son destin est scellé, tout comme celui de ses pays. 

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction