Meeting de François BONNEAU : discours de Marisol TOURAINE


Marisol TOURAINE a participé, mercredi 9 décembre, au meeting de la Gauche rassemblée à Tours autour de François BONNEAU, pour le 2nd tour des élections régionales du 13 décembre.

Vous pouvez lire son discours ci-dessous.

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Chers François,
Chers amis, chers partenaires,

C’est avec un immense plaisir que je suis parmi vous ce soir.

Le plaisir d’être chez soi, parmi les siens.

Le plaisir de se retrouver, après notre rencontre de Notre Dame d’Oé.

Le plaisir d’être dans une région où la gauche a tenu bon, où son travail, l’engagement et la force de ses élus, ont été reconnus. De cela, je tiens à remercier François en notre nom à tous. Ta ténacité et ton humanisme y sont pour beaucoup.

Le plaisir d’être dans un département où la gauche est arrivée en tête dimanche dernier. Ils ne sont pas si nombreux en France et je crois que nous pouvons saluer la campagne menée par Jean-Patrick, Cathy, l’ensemble des colistiers d’Indre-et-Loire, et des militants qui a rendu ce résultat possible dimanche dernier. Merci à vous.

Le plaisir, enfin, de retrouver nos partenaires, qui font la force de la gauche, rassemblés avec leurs différences.

Je suis donc heureuse d’être ici ce soir. Et déterminée. Déterminée et grave.

Parce que, même dans notre département, et plus encore dans notre région, l’extrême-droite a progressé de manière inquiétante.

Dimanche prochain, nous devons donc nous mobiliser pour faire gagner notre projet. Nous devons aussi nous mobiliser pour la République, pour les valeurs de notre devise.

Notre pays est tourmenté.

Tourmenté par son avenir qu’il a du mal à entrevoir tant la crise économique a été violente et tant les mutations en cours sont profondes. La France s’adapte, la France repart mais toujours trop lentement pour celles et ceux qui attendent depuis longtemps de reprendre pied dans le monde du travail.

Tourmenté face au chaos du monde qui jette les réfugiés par milliers sur les routes, même s’ils ont été peu nombreux à venir en France.

Tourmenté par la violence odieuse de fanatiques perdus qui s’est abattue sur nous, dans la soirée du 13 novembre.

Nous tous ici, en pensant aux victimes, à cette jeunesse qui ressemble tellement à nos enfants, à nos amis, c’est l’image de leur créativité, de leur joie de vivre, de leur ouverture, qui nous revient à l’esprit. Mais d’autres veulent profiter du trouble et de la peine pour semer la colère et la peur. L’extrême-droite prospère sur la haine de l’autre, pas sur l’amour des siens, et pour cela elle attise les pulsions, érige des barrières et oppose les Français les uns aux autres.

Le fait qu’une partie de nos concitoyens entendent ce discours de repli nous interroge. Personne ne pense ici qu’il s’agit d’une passade sans lendemain que l’on pourra oublier en cas de victoire. Et les sondages optimistes de ce soir ne doivent pas davantage nous faire tourner la tête que ceux, catastrophiques, d’hier n’ont réussi à nous la faire baisser. Nous devons conduire une réflexion exigeante sur les causes de la progression de l’extrême-droite, et elles sont multiples. Nous le ferons et nous devrons le faire sans concessions et avec lucidité.

Mais dimanche prochain, nous devons d’abord nous unir, faire bloc pour dire NON à l’extrême-droite, NON à un parti qui menace notre cohésion nationale, NON à un parti qui affaiblit nos valeurs.

Et moi je veux dire tout haut et fort que c’est d’abord au nom des valeurs de la République que je ne veux pas du FN. Ce n’est pas de l’angélisme, c’est l’amour de la République.

Le FN, c’est la remise en question de la liberté d’opinion.

Le FN, c’était la lutte pour l’Algérie française hier ; c’est le rejet des musulmans aujourd’hui.

Le FN, c’est hystériser les sujets de religion et aujourd’hui, 9 décembre 2015, 110 ans après la loi sur la laïcité à laquelle nous sommes tant attachés.

Je dis NON, NON à l’imposture de l’extrême-droite.

Imposture, mes amis, mes camarades, parce qu’il y a les valeurs et il y a le programme de l’extrême-droite. L’extrême-droite ment.
Les artisans demain n’iront pas mieux parce que nous sortirions de l’euro, c’est au contraire la faillite annoncée pour des dizaines de milliers de commerçants et artisans.
Les agriculteurs ne seront pas plus forts sans la PAC qui soutient dans ce département nos exploitations.

Les classes moyennes ne seront pas mieux protégées si nous faisons des étrangers le bouc émissaire de nos angoisses.

Les femmes n’iront pas mieux sans planning familial, sans remboursement de l’IVG.

Dans les villes conquises par le FN en 2014, l’écologie est un luxe inutile, les centres sociaux sont étranglés, les écoles malmenées, les associations à la peine et même les clubs de foot sur la touche !

Dans ces villes, on a repeint en bleu piscine – en bleu marine – des sculptures qui ne plaisaient pas, interdit les cours de danse orientale, fermé les accueils péri-scolaires.

Dans ces moments aussi grave, nous devons assumer nos valeurs, combattre les programmes de repli.

C’est une exigence, et nous devons le faire tous ensemble. Je nous dis, à tous : le rassemblement, nous devons le poursuivre demain.

L’unité est aujourd’hui une exigence face aux menaces qui nous guettent, pour répondre aux espérances des Français.

Il y a l’extrême-droite, chers amis, mais il y a aussi la tentation de la droite républicaine, même si une partie d’entre elle joue trop souvent avec le feu. Même si nous savons, nous, que Guillaume Peltier  et consorts « parlent FN », « pensent FN », « rêvent FN » dans l’espoir de récolter la moisson.

La tentation de l’alliance est toujours présente : souvenez-vous de 1998 et de tous ceux, à droite, qui, à l’époque, étaient prêts à vendre leurs valeurs au diable pour un siège de vice-président !

Nicolas Sarkozy, chef de campagne, a si souvent changé qu’on ne sait plus très bien où il est, et à force de changer, il en est peut-être même revenu à son point départ. Mais lorsqu’il dit que voter PS, c’est voter FN, alors il abîme la politique, il dégrade la démocratie.

Alors on vous dira que la droite de Philippe Vigier, au fond, pour notre région, ce n’est pas bien grave !

Chers amis, ne vous laissez pas berner par ces mots doucereux.

J’aurais voulu entendre Philippe Vigier dire haut et fort que NON, le FN et les socialistes, ce n’est pas la même chose.

Et je dis à ceux qui pensent que la droite et la gauche, c’est presque pareil : vous qui avez connu ce département et cette ville dirigés par des majorités de progrès, trouvez-vous vraiment que rien n’a changé ?

A vous, acteurs associatifs, culturels, sociaux qui faites tant pour ce territoire, trouvez-vous vraiment que rien n’a changé ?

A vous tous ici réunis, ne sentez-vous pas le poids du conservatisme peser sur vos épaules et cette curieuse impression d’être revenus 20 ans en arrière ?

Que pensez-vous qu’il se passera si notre région passait à droite ? Le même scénario ! On rembobinerait le film pour revenir aux bonnes vieilles méthodes, aux bons vieux projets, à la même vision passéiste d’une région qui serait le reflet de la « France éternelle ». Aujourd’hui, l’Etat et les régions avancent ensemble. Lorsque je lance le pacte territoire santé pour des médecins dans nos territoires, heureusement que j’ai la région à mes côtés pour financer des maisons de santé et François, je sais combien tu t’es engagé dans ce combat. En ce moment même, 11 nouvelles maisons sont en construction dans notre région et 52 déjà en fonctionnement. Vous pensez que la droite qui, à Paris, demande toujours plus d’économie au budget de la sécurité sociale financera ces projets ?

Lorsque je me bats pour que chaque Français dispose d’une couverture sociale de qualité, sur qui puis-je compter ? La Région encore qui a aidé presque 5000 étudiants à souscrire une complémentaire santé. La droite s’est opposée au Parlement contre toutes ces mesures, elle est même vent debout contre la généralisation du tiers payant qui ne coûte pourtant rien.

Lorsque je mets les addictions au cœur de la politique de prévention en direction des jeunes face au tabac, à l’alcool ou aux stupéfiants, qui je trouve à mon côté ? La Région qui met en place le VISA santé prévention.

Je pourrais prendre d’autres exemples : éducation, universités, développement économique, culture…

Notre adversaire de droite, en pleine COP 21, trouve qu’on en fait trop pour le train, trop pour les associations aussi puisqu’il veut en finir avec les emplois CAP asso, trop pour les lycéens qui devraient avec lui, payer les transports scolaires.

Notre adversaire, candidat le jour et député la nuit, fera à Orléans ce qu’il dit à Paris….lorsqu’il intervient ! Car sans doute pourrait-il gagner le prix du président de groupe le moins loquace du Palais Bourbon !

Il avait annoncé des mesures tonitruantes sur la santé dans les territoires…pour plus tard car il ne voulait pas qu’on les lui pique ! On les attend toujours ! Eh ! Philippe Vigier, l’élection, c’est dimanche ! Je les veux bien tes idées !

Aujourd’hui, c’est nous, le rassemblement de la gauche, des écologistes, des forces de progrès qui pouvons barrer la route au front national.

Alors j’en appelle à toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de progrès portées par François Bonneau et ses listes, j’en appelle à tous les démocrates qui pensent que la défense des valeurs républicaine doit primer, j’en appelle à notre jeunesse pour lui dire que lundi, il sera trop tard pour manifester et se manifester. Ensemble nous pouvons gagner, ensemble nous devons gagner.

La seule mobilisation qui vaille, la seule qui puisse mettre un point d’arrêt à la progression de l’extrême droite, c’est celle de dimanche dans les urnes. La France, c’est la République. Il nous appartient de réveiller cette fierté,  de la ranimer. Cela commence maintenant, cela commence ici, cela commence avec toi François !

Author: Redaction