Lutte contre la pauvreté : aux fatalistes, je dis que oui, la donne est en train de changer

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Dans son rapport annuel publié hier, l’INSEE indique que la diminution de la pauvreté observée en 2013 a été confirmée en 2014. Faut-il s’en satisfaire ? Evidemment non. 13,3% de nos concitoyens restent en situation de pauvreté. Je sais les situations dramatiques qui continuent de frapper nombre de Français et l’angoisse, vécue par beaucoup, de ne pas parvenir à boucler le mois, l’impression de ne jamais voir le bout du tunnel. Mais ces résultats sont un puissant démenti opposé à ceux qui, depuis longtemps, ont choisi le camp de la résignation.

Parce qu’ils ne sont pas le fruit du hasard : ils vont à rebours de la hausse ininterrompue du taux de pauvreté observée dans notre pays entre 2008 et 2012. Et parce qu’ils ne s’inscrivent pas davantage dans un mouvement international lié à l’éloignement de la crise : alors qu’il baisse en France, le taux de pauvreté continue d’augmenter dans l’Union européenne et notamment chez nos voisins allemands et britanniques. Ces modèles que l’on nous ressert à l’envi ont un coût. Celui de la paupérisation acceptée. La France est l’un des pays européens où le taux de pauvreté est le plus faible – inférieur de près de 4 points à la moyenne de l’UE.

Comment expliquer, alors, cette réalité ? Par une volonté politique sans faille et un engagement réaffirmé avec force depuis 2012 : mobiliser l’ensemble des services publics et les acteurs locaux pour renforcer l’inclusion sociale et économique, pour lutter et prévenir toute exclusion.

Une logique clairement établie – prévenir, protéger, réparer -, un plan dédié présenté dès 2013 avec un déploiement progressif. A terme, c’est-à-dire l’an prochain, ce sont environ 2,6 milliards d’euros supplémentaires qui seront redistribués chaque année à 2,7 millions de ménages parmi les plus en difficulté. Cela revient à une somme d’environ 1 000 euros en moyenne par an et par ménage concerné.

Les minima sociaux et les prestations familiales ont été revalorisés. La hausse de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans permet de prendre en charge les enfants le plus tôt possible et de renforcer les chances de chacun. La mise en place de la Garantie jeunes et son allocation spécifique  permettent de soutenir et d’accompagner les jeunes les plus en difficultés. Un nouvel outil de soutien de l’activité professionnelle, la prime d’activité, a bénéficié à près de 4 millions de Français : tous les mois, la prime accompagne les ménages modestes, elle encourage la reprise d’un emploi.

Nous avons aujourd’hui une preuve concrète, tangible, que la mobilisation porte ses fruits. Elle nous invite à poursuive, à redoubler nos efforts. Comment ? En innovant. Nous avons entamé un grand chantier de réforme des minima sociaux. Dès les prochaines semaines, une 1ère étape consistera à mettre en place un système plus simple et plus lisible : renforcer l’accès aux droits en ne demandant plus sans cesse les mêmes paperasses, faire en sorte que les montants versés aux bénéficiaires évoluent de manière moins erratique pour éviter les trop-versés, apporter de nouvelles garanties et de nouvelles sécurités. La grande perspective de cette réforme, c’est la mise en place d’une allocation socle ouverte à tous ceux qui en ont besoin, adaptée aux spécificités de chacun – je pense par exemple aux personnes âgées ou handicapées.

Les situations de pauvreté s’accompagnent bien souvent de sacrifices insupportables pour ceux qui y sont confrontés, notamment celui de renoncer à se soigner. Le Secours populaire y a d’ailleurs consacré une étude hier. Là aussi, nous agissons. Et là aussi, la donne est en train de changer. La Commission des comptes de la Santé a indiqué hier qu’en 2015, le reste à charge des Français avait diminué, comme cela a été le cas chaque année depuis 2012. Avec la généralisation du tiers payant, avec les mesures que nous avons prises pour permettre à près de 600 000 Français supplémentaires d’accéder à la Couverture maladie universelle (CMU) et à l’Aide à la complémentaire Santé (ACS), nous continuons à avancer.

Nous tenons nos engagements et nous le faisons avec détermination. Détermination réaffirmée face au discours porté par la droite. Face à ceux qui considèrent que lutter contre la pauvreté, c’est avant tout faire de la charité, nous répondons par l’inclusion sociale. Et nous nous souvenons des mots de Victor Hugo, s’adressant à la droite à la chambre des députés : « Vous voulez la misère secourue, moi, je la veux supprimée ». Face à ceux qui dépeignent les pauvres comme des assistés, les chômeurs comme des fainéants, nous répondons que notre République ne reconnaît que des citoyens. Parce que croire en la République sociale, c’est faire de la lutte contre les inégalités une priorité. Je continuerai à porter ce combat.

Marisol TOURAINE

Author: Redaction