Aujourd’hui, les médias sont en ébullition parce qu’un ministre a été traité « d’assassin » à l’Assemblée nationale, parce qu’un député a twitté une liste (publique) de députés ayant voté contre une mesure (prétendument) sociale ou parce qu’un autre a joué avec un ballon à l’effigie de la tête d’un autre ministre. L’idée n’est en aucun cas de défendre de tels comportements. Certes, ils sont scandaleux, abjects, monstrueux, et tout ce que vous voudrez. Voilà, je l’ai dit, et qu’on ne me fasse pas dire le contraire! Mais la proportion que prennent ces incidents est terrifiante. Dans le passé les grands débats houleux à l’Assemblée ont toujours donné lieu à insulte et débordements (même parfois à des bagarres et des blessés). Témoignage: je me souviens d’un débat sur l’immigration en 2006 à l’Assemblée où les ministres étaient traités: de tortionnaires des étrangers, de salaud, de voyous de la République, de criminel, de raciste, de pétainiste, d’hitlérien, de maurrassien, de fasciste, de néo nazi, d’assassins, de chantre des camps de concentration et encore d’assassins et de salauds (combien de fois! Combien de fois)! Et par les mêmes ou venus des mêmes horizons idéologiques que ceux qui aujourd’hui jouent les vierges offensées… Et les statues de paille brûlées en effigies! A l’époque, tout le monde s’en foutait. Nul ne s’indignait dans les médias. Car aujourd’hui, on sent bien le petit jeu du monde politico-médiatique: ils veulent s’en sortir en victimisant à outrance les oppresseurs. C’est-à-dire qu’au fond, les insulteurs font le jeu des oppresseurs en leur permettant de retourner l’accusation. Jetons un coup d’œil sur des faits qualifiés de faits divers: on ne peut plus compter les adolescents poignardés, les jeunes filles violées, leur compagnon tabassé à mort pour les avoir défendues, les personnes âgées ou handicapées passées à tabac et laissées pour mortes, les crachats, les mères frappées et insultées devant leurs enfants. Mais plus personne ne s’intéresse aux tragédies qui ensanglantent la France quotidienne. En revanche, un ministre traité « d’assassin », et le monde médiatique entre en ébullition. Pensez-vous, on s’est permis de tâcher son superbe plumage de paon. Bien sûr c’est scandaleux de traiter un ministre d’assassin – je le dis et le répète – mais jadis a l’Assemblée cette insulte était courante, quotidienne, et les ministres s’en foutaient éperdument quand ils pensaient à l’intérêt du pays plutôt qu’à leur plumage de paon vaniteux.
MT