L’hypocrisie nationale

TartuffeTiens! Geoffroy Didier, (un garçon que j’ai bien connu, discret, gentil, adorable, quand il était au cabinet Hortefeux), vient à son tour d’écrire un livre sur le Front national: « la fronde nationale », fortement médiatisé. Il n’est pas le premier. Avant lui, des tonnes d’ouvrages sur ce parti et la famille le Pen sont sortis: NKM, JF Kahn, Serge Moati, etc, etc. Un jour, me promenant devant le rayon politique de la Fnac-Bercy, je me suis rendu compte, sidéré, qu’il était couvert de livres sur le fn et cette famille. Par ailleurs, toutes les émissions et les débats politiques – radio, télévision – ou presque, se ramènent invariablement, systématiquement à ce parti. Le premier ministre M.Valls l’a déclaré « aux portes du pouvoir ». Deux leaders de l’opposition, M. Juppé et M. Le Maire, l’ont promu « adversaire principal »des prochaines élections. Je voudrais qu’on m’explique comment un mouvement qui fait l’objet d’une telle promotion, placé au centre de toute la vie politique et médiatique, pourrait ne pas être électoralement le premier parti de France? A qui profite le fn? Je dirais, à tout le monde! La presse et les médias font semblant de s’en offusquer mais s’en délectent. Le fn, avec son parfum de saga familiale (le père, la fille, le compagnon, la petite-fille, les courtisans) et son vague relent sensationnel des années 1930, fascine et repousse tout la fois, fait vendre les journaux, les magazines, et monter l’audimat. Fabuleuse aubaine du parti socialiste, il est son seul espoir, à la faveur d’un deuxième tour des présidentielles le Pen-Hollande, puis des triangulaires aux législatives, de garder le pouvoir en 2017. Il lui permet de diaboliser les sujets qui préoccupent la France en « lepénisant » la sécurité, l’immigration, l’intégration, la laïcité… Pour l’opposition modérée (ump et autres), le fn est au fond une bénédiction, au-delà de quelques désagréments ponctuels. Il lui évite, en se focalisant sur « la lutte anti-fn », de devoir assumer ses responsabilités et de se pencher sur les profondes fractures du pays, un chômage gigantesque (5,5 millions de personnes privées d’emploi), l’impuissance de l’Etat et des politiques publiques, la tragédie de l’exclusion, de la fragmentation sociale et de la violence quotidienne. L’air du temps, ce mélange de fuite des réalités et de manipulation de masse, est chaque jour un peu plus imagesirrespirable. Peut-il un jour prendre fin, et à la faveur de quels événements?

Maxime TANDONNET


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Author: Redaction