L’étrange prophétie

sans-titre« Il y a quelques années, un commentateur bourgeois – et colonialiste – pour défendre l’Occident n’a trouvé que ceci : “ Nous ne sommes pas des anges. Mais nous, du moins, nous avons des remords. ” Quel aveu ! Autrefois notre continent avait d’autres flotteurs : le Parthénon, Chartres, les Droits de l’homme, la svastika. On sait à présent ce qu’ils valent : et l’on ne prétend plus nous sauver du naufrage que par le sentiment très chrétien de notre culpabilité. C’est la fin, comme vous voyez : l’Europe fait eau de toute part. » En 1961, Jean-paul Sartre a ainsi prophétisé une situation qui est celle du déclin général de l’Europe comme entité culturelle et historique, rongée par la culpabilité, dans son extraordinaire préface des Damnés de la terre de Franz Fanon. 2015 fut une année d’apocalypse marquée la vague terroriste qui a ensanglanté une France déboussolée et l’arrivée soudaine d’un million de migrants en Allemagne dans des conditions de chaos indescriptible qui bousculent tous les repères classiques de la politique d’asile et d’immigration, un climat d’indécision, d’angélisme et l’effondrement personnel de Mme Merkel. Nous sommes dans une logique de long terme qui semble vouer notre continent à la tragédie. « C’est la fin, comme vous voyez: l’Europe fait eau de toute part. » Sartre avait raison. La tyrannie de l’émotionnel et des polémiques stériles sont le reflet de l’extraordinaire impuissance politique des gouvernements face à la réalité, et d’un  mouvement profond de l’histoire, qui les entraîne comme un courant marin auquel rien ne résiste. Peut-on contrarier ce basculement gigantesque, en moins d’un siècle d’une Europe dominatrice de la planète à sa chute?  Mon sentiment est que la solution nationaliste, en vogue aujourd’hui, au-delà des apparences faciles, est totalement dépassée, inadaptée, comme un remède pire que le mal. L’enjeu fondamental, celui de la survie, du salut de l’Europe, se joue à l’échelle du continent. Que pourrait être un signe d’espoir? Celui de l’émergence de nouvelles élites dirigeantes, l’unité des responsables des grands pays, un discours radicalement neuf, prenant acte de la faillite de la vieille Europe, et d’une volonté de refondation sur des bases nouvelles: la démocratie européenne – au sens du pouvoir de ses peuples – le respect des frontières de l’Europe, la sortie d’un système horriblement bureaucratique et paralysant au profit d’une unification politique, la solidarité et l’unité intrinsèque de ses Nations face à un monde en voie d’explosion, sa capacité de projection militaire pour défendre ses intérêts, la réhabilitation de son histoire et de sa culture. Nous en sommes tellement loin!

Maxime TANDONNET


Lire la suite sur le blog perso de Maxime Tandonnet ...

Author: Redaction