« Les valeurs républicaines » (pour Atlantico avec M. Jérôme Fourquet)

1-67% des Français ne sont pas sensibles aux discours politiques relatifs à la « République » ou aux « valeurs républicaines. Une question qui divise la société, entre sympathisants en Marche (69% y sont sensibles), au reste du corps électoral, tandis que seuls les catégories supérieures (50%) y sont majoritairement sensibles. Comment comprendre ces écarts ? 

Il me semble qu’il faut distinguer deux choses: le monde de l’abstraction et celui des réalités. Quand la France d’en haut, politico-médiatique, parle des valeurs de la République en général, les gens éprouvent un sentiment d’hypocrisie. Ils ont le sentiment que les élites dirigeantes parlent de valeurs républicaines qu’elles ne respectent pas elles-mêmes. Voyez la succession des scandales depuis quelques années. Chaque nouvelle équipe au pouvoir promet l’exemplarité républicaine avant de sombrer dans le scandale […]

En revanche, si l’on demande aux Français leur avis sur des valeurs précises (et non plus les valeurs républicaines en général) par exemple, le suffrage universel, ou droit de vote, la liberté d’expression ou d’association, l’égalité des chances, la laïcité – le résultat sera complètement différent car dès lors, on parle de choses concrètes qui interviennent dans la vie quotidienne de chacun, sont perçues comme des réalités et non des leurres ou des mystifications lancés par les milieux dirigeants. Sur ces droits et ces libertés en tant que tels, les Français partagent à 80% au moins, un profond attachement.

2-De la même façon, la notion « d’identité nationale » n’obtient pas une plus grande attention par les Français (34%) contre 38% pour la « République », un score en baisse par rapport à 2015 (38%). Ne peut-on pas voir ici une preuve d’absence de dynamique réelle de cette notion « d’identité nationale » ? 

Parce que là aussi, « l’identité nationale » est perçue comme un slogan de propagande. Or la parole politique est en crise. Les Français n’y croient plus et se méfient des slogans. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas attachés à leur pays. Ils ne demandent qu’à en être fiers. Ils seraient, dans leur immense majorité, fiers que la France réussisse dans la lutte contre le chômage et la pauvreté, qu’elle donne l’image d’un pays uni et stable, maîtrisant les phénomènes de délinquance et combattant avec succès la haine sous toutes ses formes. Ils seraient fiers d’une nation rassemblée et unie. Ils seraient fiers d’une classe dirigeante qui travaille pour le bien commun plutôt que de s’adonner au grand-guignol permanent et à un culte de la personnalité d’un autre âge. Ils seraient fiers que leur pays donne un modèle de dynamisme industriel, que sa parole soit écoutée et respectée en Europe et dans le monde. Mais aujourd’hui, l’image que donne la France est plutôt celle de la déchirure et du déclin, et sa vie politique, de gesticulation vaniteuse et stérile. Alors dans ce contexte, les termes d’identité nationale sont parfois ressentis comme pompeux et en décalage avec la réalité.

 

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Author: Redaction