L’enfumage

sans-titreLes commentaires de presse et de radio se livrent à une extraordinaire campagne de désinformation sur les résultats des municipales. Un seul constat revient partout : « percée du FN ». Or, si ce mouvement obtient des succès évidents dans une poignée de ville, son score global est de 4,65%. Au-delà de quelques communes, peut-on vraiment parler d’une percée ou d’un raz de marée? Aux élections municipales de novembre 1947, le RPF, mouvement créé quelques mois auparavant par le général de Gaulle (le parti lepéniste existe lui depuis 40 ans), obtenait 35% des suffrages provoquant un séisme dans la classe politique française. Voilà ce qu’on peut appeler une percée, un raz de marée d’un mouvement gaulliste qui sur le fond était d’ailleurs à l’opposé du FN anti-gaulliste de toujours. Aujourd’hui, nous assistons plutôt à une "poussée" du FN,  mais ce n’est pas la première, loin de là (1988, 1997, 2002). Le matraquage excessif sur ce parti est l’arbre destiné à cacher la forêt. Etrange silence du monde médiatique sur le résultat global du scrutin d’hier : 47% pour l’UMP et se alliés, 38% pour le PS et affiliés qui s’effondrent. Faut-il pour autant triompher ? Se dire que l’alternance est en marche ? Peut-être, espérons-le, mais le véritable enseignement de ce scrutin, c’est un taux d’abstention phénoménal pour une élection municipale : 38,1%.  Il marque une fois de plus la cassure entre le monde politique dans son ensemble et la population, ainsi que la lassitude des Français. Je discutais hier avec l’un de mes amis qui s’était abstenu pour la première fois de sa vie : par dégoût général. Les Français ont pris acte depuis longtemps de l’incapacité des dirigeants à régler leurs problèmes de chômage, d’insécurité, de pouvoir d’achat. Ce n’est pas tellement cela qui les pousse à s’abstenir. Mais ce qu’ils ne supportent plus, c’est le mépris qu’ils ressentent de la part des dirigeants et des élites. Nous en avions une belle illustration hier soir sur TF1 quand un ministre a osé affirmer devant des millions de spectateurs que le chômage des jeunes était en voie d’amélioration. Quelle insulte pour les parents qui voient leurs jeunes, même diplômés, errer des années de stage en stage pour des rémunérations 3 fois inférieures au SMIC et interdits d’avenir. Mensonges, sectarisme fanatisé, mauvaise foi, haine tous azimuts, mépris généralisé,  violence des polémiques, négation des faits, fuite devant la réalité, morgue prétentieuse, l’invraisemblable obsession de s’accrocher aux places,  esprit totalitaire. D’où l’abstention sanction, l’abstention dégoût…

Maxime TANDONNET


Lire la suite sur le blog perso de Maxime Tandonnet ...

Author: Redaction