L’effarante crétinerie du système politique français

Les quatre derniers jours qui nous séparent de l’élection présidentielle illustrent à la perfection le désastre politique français, cet océan de bêtise qui nous submerge dont le présidentialisme forcené est l’un des grands responsables. Voici 13 raisons de l’effarante plongée de la France dans un gouffre de bêtise.

  • 1) Personnalisation à outrance des enjeux: les Français votent avant tout sur leur ressenti envers un individu et non en fonction de leur idée du bien commun, de l’avenir et des réformes nécessaires.

2) Influence excessive des médias, qui ont toute latitude pour influencer le vote des électeurs en jouant sur les images des candidats voire même à travers la manipulation des sondages.

3) Entreprise de crétinisation forcenée de l’électorat, qui oscille entre l’idolâtrie et la haine de personnages, au détriment des  enjeux collectifs.

4) Durcissement excessif de la vie politique et déchirement du pays en fanatismes centrés sur tels ou tels personnages: « la France désunie » pourrait être le slogan de bien des candidats… L’heure est au sectarisme nihiliste et au manichéisme imbécile.

5) Fulgurante poussée de la démagogie vénéneuse dès lors que la campagne devient une compétition entre individus qui vendent leur image (« revenu universel » de M. Hamon).

6) Invasion de la politique par des gadgets auxquels les candidats vont tenter d’identifier leur candidature (la suppression de la TH par M. Macron) et le renoncement à traiter les grands sujets d’ampleur présidentielle (l’Education nationale, la réforme de l’Europe, l’autorité de l’Etat, par exemple).

7) Emprise des scandales et des psychodrames sur la campagne, le jeu suprême consistant à dénigrer l’adversaire par des magouilles, dénonciations, coups tordus (exemple du lynchage hystérique de M. Fillon).

8) Poussée des positions extrémistes haineuses visant à se différencier à tout prix des autres: M. Mélenchon et sa rage sanglante envers les « millionnaires », Mme le Pen et sa « préférence nationale » dirigée contre les personnes de nationalité étrangère.

9) Transformation de la politique en grand spectacle médiatique, au détriment de la recherche du bien commun: intrusion dans la campagne de la téléréalité (les débats à 11), des jeux vidéos, des clips, des hologrammes, bref du grand délire qui éloigne du sens du bien commun.

10) Poussée de mensonge et d’hypocrisie entre des candidats qui ont pour obsession de faire oublier leur passé et de jouer ainsi sur la « table rase » (M. Macron, Mme le Pen) au détriment de la vérité sur eux-mêmes, leur histoire, leur mentor, leur parcours, et donc au détriment du principe de vérité en général.

11) Prime donnée à l’image médiatique, à la posture, aux apparences, au sourire, favorisant ainsi la médiocrité des candidats, l’absence de culture, de vision historique, de sens de l’Etat, de stature présidentielle (M. Macron).

12) Confusion entre l’intérêt personnel d’individus, qui jouent leur destin élyséen dans cette élection et le bien public ou l’intérêt général: la dictature douce autour du culte de la personnalité d’un autre âge.

13) A l’arrivée, déception inévitable: l’heureux élu, promu en quasi divinité, est condamné à décevoir dès lors qu’il ne dispose pas de baguette magique pour régler tous les problèmes, et il devient dès lors le bouc émissaire national, le gibier de potence suprême de la nation. Son lynchage entraîne tout le pays dans la crise de confiance. « Conclusion il faut voter pour quelqu’un qu’on déteste et pas pour votre chouchou si vous lui voulez du bien« , comme le dit si justement Sganarelle (commentaire sur mon dernier billet de blog): tout est dit de l’absurdité du système.

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Cet engrenage dément de la bêtise, dans l’aveuglement et l’indifférence générale, contribue me semble-t-il à l’écroulement économique, mental et politique du pays, ses déchirements, sa désintégration au fil du dernier demi-siècle. La bêtise de cette élection présidentielle, à laquelle nous assistons en direct, annonce la médiocrité des cinq années à venir, la fuite dans les délires hystériques de la France d’en haut et son refus de regarder le monde en face et de se mettre au travail pour réformer la France. L’idée de VIe République n’est qu’une chimère supplémentaire pour balader les Français. Mon idée est au contraire de réhabiliter la Ve République dans ses fondements initiaux: un chef de l’Etat arbitre,  élu  pour 7 ans, chargé du destin du pays sur le long terme, gardien des intérêts internationaux de la France; un Parlement souverain, puissant, respecté;  un Premier ministre seul chef du Gouvernement et responsable de la politique nationale devant le Parlement de ses actes et de ses paroles. Mais dans la vague de crétinerie où nous sommes en train de nous noyer, qui peut encore s’intéresser au sujets fondamentaux?

Maxime TANDONNET

 


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Author: Redaction