Lecture: les maréchaux de Staline, Jean Lopez, Lasha Otkhmezuri, Perrin, 2021

Ils sont dix-sept, dix-sept maréchaux de l’Union soviétique nommés par Staline dont le rôle fut déterminant dans l’histoire du XXe siècle. C’est à ceux-là que nous devons pour une grande part l’effondrement militaire de l’Allemagne hitlérienne. Parmi eux « se trouvent quelques-uns des plus grands soldats du siècle passé« .

L’ouvrage Les maréchaux de Staline se compose de dix-sept portraits, sous forme de récits biographiques, de ces personnalités qui ont bouleversé le cours de l’histoire. Ce livre unique, passionnant, souligne ce qu’ils ont en commun: un curieux mélange d’opportunisme et de fanatisme, une brutalité inouïe, notamment envers leurs propres hommes. Il met en valeur ce qui les distingue, en particulier le niveau du génie militaire et parfois les oppose dans de terrifiantes querelles d’ego. Tout cela se déroule sous la menace d’impitoyables représailles du Vodj, maître de la vie et de la mort.

Vorochilov, « ouvrier, serrurier-monteur de profession, sans la moindre éducation militaire », est le premier d’entre eux. Issu d’une famille misérable, révolutionnaire dans la mouvance de Lénine, il est un ami proche de Staline, dont il partage la chambre lors de congrès politiques. Il prend part à la guerre civile contre la Russie blanche comme commandant, avec des résultats mitigés et, après la mort de Lénine, à la répression des trotskystes. Puis avec le soutien de Staline,  il cumule les plus hautes responsabilités militaires dans la Russie soviétique: commissaire à la défense, président du conseil militaire révolutionnaire. Pourtant, « sa paresse est avérée, de même que son peu d’intérêt pour la fonction ». Parfait courtisan, il développe le culte de la personnalité de Staline dans l’armée. En novembre 1935, il devient le premier maréchal de l’Union soviétique. Puis, son étoile pâlit en raison de sa tiédeur lors de la grande terreur et l’épuration de l’armée soviétique. Il doit s’en confesser:  » Mon flair s’est émoussé, ma capacité à reconnaître les ennemis s’est émoussé. » Sa disgrâce est terrible: « Le visage de Vorochilov s’assombrit de souffrance. » Elle s’aggrave à la suite de ses échecs en Finlande et dès le début de la « grande guerre patriotique » contre l’Allemagne hitlérienne, ayant refusé de prendre un commandement que lui confiait Staline. Elle s’achève par une marginalisation de celui qui ne doit probablement d’avoir gardé la vie sauve qu’à son ancienne amitié intime avec Staline.

Toukhatchevski, « l’enfant prodige de l’armée rouge », est dans une toute autre situation.  Grand échalas d’une vigueur peu commune, excellent cavalier, il descend d’une famille de l’aristocratie russe. Cultivé, parlant le français, brillant étudiant, il entre à l’académie d’infanterie de Moscou à l’époque du Tsar, puis il commence la Grande Guerre avec le grade de sous-lieutenant dans un régiment d’élite. Prisonnier de guerre, il intrigue ses co-détenus par sa grande beauté, sa sobriété et son exaltation, méprisant « l’argent, Dieu et le Tsar ». Rallié au bolchevisme en 1918, il se distingue par sa dureté  dans le déroulement de  la guerre civile: il crée un tribunal militaire révolutionnaire et fait fusiller en masse les soldats qui reculent sans ordre. Dès lors, protégé de Lénine, chargé de la répression de la révolte des marins mutins de Kronstadt, son ascension dans la hiérarchie militaire est vertigineuse. Apôtre du mouvement et de la vitesse, visionnaire, il publie en 1921 « stratégie nationale et stratégie de classe ». En 1925, fort de ses victoires dans la guerre civile (où il aurait utilisé des gaz  de combat), Toukhatchevski, est nommé à la tête de l’état-major par Staline. Cependant, il s’expose dangereusement par sa liberté de parole et de critique. « Je vous ai déjà exprimé mes considérations » écrit-il sur un ton insolent à Vorochilov. Il continue à publier, se passionne pour « les nouvelles questions sur la guerre » et les armes de l’avenir notamment le radar. Il propose un plan colossal de développement de l’armée soviétique qui sidère Staline en personne: « Je ne m’attendais pas à ce qu’un marxiste puisse perdre les pédales à ce point… » Cependant, en 1931, il est promu chef de l’armement et lance avec succès un gigantesque effort de développement des équipements militaires. Quand il est nommé maréchal, son sort est toutefois déjà scellé. De par sa compétence, son intelligence, ses succès et son charisme, il fait de l’ombre au Tsar rouge qui le redoute. Accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne nazie, de dérive droitière, de tentation bonapartiste, il est arrêté le 22 mai 1937 par le NKVD et doit confesser ses crimes, avant d’être fusillé le 11 juin.

Joukov, le plus célèbre des maréchaux soviétiques, considéré comme le vainqueur militaire de la Deuxième guerre mondiale est un autodidacte, issu d’une famille paysanne misérable. Mobilisé en 1915, il sort de la première guerre mondiale avec le grade de sergent. Plutôt apolitique, il rallie le parti bolchevique. « Qu’il ait pu voir dans la carte du parti l’outil d’une élévation sociale ne contredit pas la sincérité de sa conversion au bolchevisme » estiment les auteurs. « Praticien intelligent, brutal, doué d’une volonté de fer », il se montre perfectionniste à l’extrême, allergique au désordre et au laisser-aller qui alors, caractérisent l’armée rouge. Son comportement dans la guerre civile, puis sur le front de Mongolie contre l’armée nipponne lui vaut une ascension fulgurante dans la hiérarchie militaire. Froid, impassible, cruel envers ses subordonnés, parfaitement discipliné, il profite de l’élimination des généraux pendant la « grande terreur » pour monter en grade, nommé général d’armée le 2 juin 1940. En décembre 1941, il bat la Wehrmacht aux portes de Moscou, sauvant la capitale soviétique. « Représentant personnel de Staline », il intervient sur tous les fronts. Son rôle est déterminant dans la victoire de Stalingrad (opération Uranus), puis celle de Koursk, la plus grande bataille de chars de l’histoire,  qui fait basculer l’issue de la Deuxième Guerre mondiale. Le 30 avril 1945, c’est lui qui plante le drapeau soviétique à Berlin sur le Reichtag dévasté.   Par la suite, son culte de la personnalité atteint un tel niveau en URSS (un portrait réalisé par Pavel Dimitrievitch, inconographe en cour au Kremlin le représente en Georges le Victorieux, protecteur de la Russie), que sa disgrâce aux yeux de Staline devient inéluctable. En 1948, il est envoyé dans le district militaire de l’Oural. Après la mort de Staline en 1953, Joukov prendra part à la déstalinisation de l’URSS aux côtés de Khrouchtchev et s’efforcera d’obtenir la réhabilitation des soldats victimes des épurations staliniennes.

Koniev se présente comme l’alter ego de Joukov. « Dans la pâture stalinienne, il y avait deux taureaux […] Ils se ressemblaient. Par le physique d’abord: un crâne rasé, une mâchoire de dogue, un poitrail puissant, une résistance physique hors du commun. » Lui aussi est issu d’une famille de paysans pauvres. Son parcours dans l’armée rouge est similaire à celui qui n’est son aîné que d’un an.  Cependant il se différencie de ce dernier par le choix de l’artillerie, et non de la cavalerie, et par le suivi d’une formation militaire poussée. Plus idéologique, il cumule les fonctions de commissaire politique et celles de commandant. Lui aussi se distingue en Mongolie dans la guerre contre l’empire nippon. Apprécié de Staline, dont il répercute scrupuleusement la violence, il se montre d’une férocité inouïe envers ses subordonnés: là où Joukov se contente d’insultes et de menaces, lui les brutalise physiquement : « Je vais vous dire autre chose. Koniev a parfois battu un coupable avec un bâton. Quand je lui en ai parlé, il m’a répondu ceci: mieux vaut pour lui qu’il soit frappé au visage plutôt que transféré au tribunal, car là-bas, ils le fusilleront. » Défaites et victoires se succèdent. Il est au cœur des grands batailles de Stalingrad et Koursk. Puis, en avril 1945, il se heurte violemment à Joukov pour être le premier, à la tête de ses armées, à entrer dans Berlin. Staline en personne, après avoir joué avec les nerfs des deux hommes et exacerbé leur rivalité, tranche en faveur du premier. Par la suite, Joukov et Koniev ne cesseront de se haïr et de s’affronter dans une guerre de la mémoire.

Les treize autres portraits (Boudienny, le Murat rouge, Egorov, l’oublié de l’histoire, Bliukler, le Sibérien, Timochenko, le perdant, Chapochnikov, le conseiller, Koulik, l’erreur de distribution, Vassilevski, le fils de pope, Govorov, le poids du passé, Rokossovski, l’à moitié polonais, Malinovski, El Coronel Malino, Tolboukine, le maréchal inconnu, Meretskov, le rescapé, Sokolovski, maréchal par raccroc) sont tout aussi fascinants. Ce livre est bien plus qu’un ouvrage d’histoire militaire ou politique mais le récit éblouissant d’une épopée où se mêlent les passions humaines les plus extrêmes, la dévotion courtisane, la terreur permanente, la médiocrité insigne, comme le génie visionnaire.

Maxime TANDONNET

 

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Author: Redaction

Lecture: les maréchaux de Staline, Jean Lopez, Lasha Otkhmezuri, Perrin, 2021

Ils sont dix-sept, dix-sept maréchaux de l’Union soviétique nommés par Staline dont le rôle fut déterminant dans l’histoire du XXe siècle. C’est à ceux-là que nous devons pour une grande part l’effondrement militaire de l’Allemagne hitlérienne. Parmi eux « se trouvent quelques-uns des plus grands soldats du siècle passé« .

L’ouvrage Les maréchaux de Staline se compose de dix-sept portraits, sous forme de récits biographiques, de ces personnalités qui ont bouleversé le cours de l’histoire. Ce livre unique, passionnant, souligne ce qu’ils ont en commun: un curieux mélange d’opportunisme et de fanatisme, une brutalité inouïe, notamment envers leurs propres hommes. Il met en valeur ce qui les distingue, en particulier le niveau du génie militaire et parfois les oppose dans de terrifiantes querelles d’ego. Tout cela se déroule sous la menace d’impitoyables représailles du Vodj, maître de la vie et de la mort.

Vorochilov, « ouvrier, serrurier-monteur de profession, sans la moindre éducation militaire », est le premier d’entre eux. Issu d’une famille misérable, révolutionnaire dans la mouvance de Lénine, il est un ami proche de Staline, dont il partage la chambre lors de congrès politiques. Il prend part à la guerre civile contre la Russie blanche comme commandant, avec des résultats mitigés et, après la mort de Lénine, à la répression des trotskystes. Puis avec le soutien de Staline,  il cumule les plus hautes responsabilités militaires dans la Russie soviétique: commissaire à la défense, président du conseil militaire révolutionnaire. Pourtant, « sa paresse est avérée, de même que son peu d’intérêt pour la fonction ». Parfait courtisan, il développe le culte de la personnalité de Staline dans l’armée. En novembre 1935, il devient le premier maréchal de l’Union soviétique. Puis, son étoile pâlit en raison de sa tiédeur lors de la grande terreur et l’épuration de l’armée soviétique. Il doit s’en confesser:  » Mon flair s’est émoussé, ma capacité à reconnaître les ennemis s’est émoussé. » Sa disgrâce est terrible: « Le visage de Vorochilov s’assombrit de souffrance. » Elle s’aggrave à la suite de ses échecs en Finlande et dès le début de la « grande guerre patriotique » contre l’Allemagne hitlérienne, ayant refusé de prendre un commandement que lui confiait Staline. Elle s’achève par une marginalisation de celui qui ne doit probablement d’avoir gardé la vie sauve qu’à son ancienne amitié intime avec Staline.

Toukhatchevski, « l’enfant prodige de l’armée rouge », est dans une toute autre situation.  Grand échalas d’une vigueur peu commune, excellent cavalier, il descend d’une famille de l’aristocratie russe. Cultivé, parlant le français, brillant étudiant, il entre à l’académie d’infanterie de Moscou à l’époque du Tsar, puis il commence la Grande Guerre avec le grade de sous-lieutenant dans un régiment d’élite. Prisonnier de guerre, il intrigue ses co-détenus par sa grande beauté, sa sobriété et son exaltation, méprisant « l’argent, Dieu et le Tsar ». Rallié au bolchevisme en 1918, il se distingue par sa dureté  dans le déroulement de  la guerre civile: il crée un tribunal militaire révolutionnaire et fait fusiller en masse les soldats qui reculent sans ordre. Dès lors, protégé de Lénine, chargé de la répression de la révolte des marins mutins de Kronstadt, son ascension dans la hiérarchie militaire est vertigineuse. Apôtre du mouvement et de la vitesse, visionnaire, il publie en 1921 « stratégie nationale et stratégie de classe ». En 1925, fort de ses victoires dans la guerre civile (où il aurait utilisé des gaz  de combat), Toukhatchevski, est nommé à la tête de l’état-major par Staline. Cependant, il s’expose dangereusement par sa liberté de parole et de critique. « Je vous ai déjà exprimé mes considérations » écrit-il sur un ton insolent à Vorochilov. Il continue à publier, se passionne pour « les nouvelles questions sur la guerre » et les armes de l’avenir notamment le radar. Il propose un plan colossal de développement de l’armée soviétique qui sidère Staline en personne: « Je ne m’attendais pas à ce qu’un marxiste puisse perdre les pédales à ce point… » Cependant, en 1931, il est promu chef de l’armement et lance avec succès un gigantesque effort de développement des équipements militaires. Quand il est nommé maréchal, son sort est toutefois déjà scellé. De par sa compétence, son intelligence, ses succès et son charisme, il fait de l’ombre au Tsar rouge qui le redoute. Accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne nazie, de dérive droitière, de tentation bonapartiste, il est arrêté le 22 mai 1937 par le NKVD et doit confesser ses crimes, avant d’être fusillé le 11 juin.

Joukov, le plus célèbre des maréchaux soviétiques, considéré comme le vainqueur militaire de la Deuxième guerre mondiale est un autodidacte, issu d’une famille paysanne misérable. Mobilisé en 1915, il sort de la première guerre mondiale avec le grade de sergent. Plutôt apolitique, il rallie le parti bolchevique. « Qu’il ait pu voir dans la carte du parti l’outil d’une élévation sociale ne contredit pas la sincérité de sa conversion au bolchevisme » estiment les auteurs. « Praticien intelligent, brutal, doué d’une volonté de fer », il se montre perfectionniste à l’extrême, allergique au désordre et au laisser-aller qui alors, caractérisent l’armée rouge. Son comportement dans la guerre civile, puis sur le front de Mongolie contre l’armée nipponne lui vaut une ascension fulgurante dans la hiérarchie militaire. Froid, impassible, cruel envers ses subordonnés, parfaitement discipliné, il profite de l’élimination des généraux pendant la « grande terreur » pour monter en grade, nommé général d’armée le 2 juin 1940. En décembre 1941, il bat la Wehrmacht aux portes de Moscou, sauvant la capitale soviétique. « Représentant personnel de Staline », il intervient sur tous les fronts. Son rôle est déterminant dans la victoire de Stalingrad (opération Uranus), puis celle de Koursk, la plus grande bataille de chars de l’histoire,  qui fait basculer l’issue de la Deuxième Guerre mondiale. Le 30 avril 1945, c’est lui qui plante le drapeau soviétique à Berlin sur le Reichtag dévasté.   Par la suite, son culte de la personnalité atteint un tel niveau en URSS (un portrait réalisé par Pavel Dimitrievitch, inconographe en cour au Kremlin le représente en Georges le Victorieux, protecteur de la Russie), que sa disgrâce aux yeux de Staline devient inéluctable. En 1948, il est envoyé dans le district militaire de l’Oural. Après la mort de Staline en 1953, Joukov prendra part à la déstalinisation de l’URSS aux côtés de Khrouchtchev et s’efforcera d’obtenir la réhabilitation des soldats victimes des épurations staliniennes.

Koniev se présente comme l’alter ego de Joukov. « Dans la pâture stalinienne, il y avait deux taureaux […] Ils se ressemblaient. Par le physique d’abord: un crâne rasé, une mâchoire de dogue, un poitrail puissant, une résistance physique hors du commun. » Lui aussi est issu d’une famille de paysans pauvres. Son parcours dans l’armée rouge est similaire à celui qui n’est son aîné que d’un an.  Cependant il se différencie de ce dernier par le choix de l’artillerie, et non de la cavalerie, et par le suivi d’une formation militaire poussée. Plus idéologique, il cumule les fonctions de commissaire politique et celles de commandant. Lui aussi se distingue en Mongolie dans la guerre contre l’empire nippon. Apprécié de Staline, dont il répercute scrupuleusement la violence, il se montre d’une férocité inouïe envers ses subordonnés: là où Joukov se contente d’insultes et de menaces, lui les brutalise physiquement : « Je vais vous dire autre chose. Koniev a parfois battu un coupable avec un bâton. Quand je lui en ai parlé, il m’a répondu ceci: mieux vaut pour lui qu’il soit frappé au visage plutôt que transféré au tribunal, car là-bas, ils le fusilleront. » Défaites et victoires se succèdent. Il est au cœur des grands batailles de Stalingrad et Koursk. Puis, en avril 1945, il se heurte violemment à Joukov pour être le premier, à la tête de ses armées, à entrer dans Berlin. Staline en personne, après avoir joué avec les nerfs des deux hommes et exacerbé leur rivalité, tranche en faveur du premier. Par la suite, Joukov et Koniev ne cesseront de se haïr et de s’affronter dans une guerre de la mémoire.

Les treize autres portraits (Boudienny, le Murat rouge, Egorov, l’oublié de l’histoire, Bliukler, le Sibérien, Timochenko, le perdant, Chapochnikov, le conseiller, Koulik, l’erreur de distribution, Vassilevski, le fils de pope, Govorov, le poids du passé, Rokossovski, l’à moitié polonais, Malinovski, El Coronel Malino, Tolboukine, le maréchal inconnu, Meretskov, le rescapé, Sokolovski, maréchal par raccroc) sont tout aussi fascinants. Ce livre est bien plus qu’un ouvrage d’histoire militaire ou politique mais le récit éblouissant d’une épopée où se mêlent les passions humaines les plus extrêmes, la dévotion courtisane, la terreur permanente, la médiocrité insigne, comme le génie visionnaire.

Maxime TANDONNET

 

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