Le salut par la pensée

Voici de brefs extraits d’une interview de M. Michel Onfray par M. Vincent Tremolet de Villers, parue dans le Figaro de ce matin. J’aime tellement ce texte que je ne peux m’empêcher d’en publier quelques extraits ici. Le premier paragraphe, surtout, est bouleversant. Qu’un intellectuel contemporain puisse dire des choses aussi vraies et aussi belles, suffit à nous rendre l’envie d’y croire [Ci-joint image de la « Petite fille espérance »]

***************************************************************************

« Je sais que je suis mortel depuis bien longtemps puisque, fils d’un père qui le fut tardivement, j’ai toujours craint cette mort d’un père aimé parce que son âge me donnait l’impression qu’il était plus proche du trépas que les parents de mes copains d’école qui étaient plus jeunes. Voilà pourquoi, sourions un peu, je témoigne de la fausseté du complexe d’Œdipe qui n’a rien d’universel: je n’ai jamais désiré la mort de mon père et encore moins coucher avec ma mère… Dès lors, quand Horace invite à cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie parce qu’elle est brève, je sais depuis que j’ai une dizaine d’années qu’il dit vrai. […] »

« […] Je crois aux idées que je défends et c’est ce qui justifie chez moi une activité que je dirais militante depuis des années et dont vous venez de souligner à juste titre le caractère frénétique: je ne souhaite pas laisser le monopole d’une vision du monde faire la loi contre les gens les plus modestes à l’ère des médias de masse qui endoctrinent à tout-va et des réseaux sociaux qui disent n’importe quoi… Je crois au beau projet de Condorcet qui proposait de «rendre la raison populaire», qui plus est dans une époque folle qui aime tellement rendre la déraison populaire… C’est, à mes yeux, ce qui justifie l’activité philosophique: porter la raison sur les lieux même de la déraison. »

« [Sur la biographie d’André Sernin : Alain. Un sage dans la cité]: On y lisait des choses terribles, notamment qu’Alain préférait une paix obtenue par une hitlérisation de l’Europe à une guerre antinazie conduite par le général de Gaulle! Pour autant, je ne suis pas des néo-épurateurs qui se font une virginité à peu de frais en invitant à de nouveaux bûchers – qui supposent en passant qu’on débaptise des rues: je serai le premier à me battre pour que la rue Alain de Paris reste une rue Alain, idem avec une rue Aragon ou Éluard, eux aussi coupables de complaisances avec le nazisme – je vous rappelle le pacte germano-soviétique… Je suis pour qu’on lise Céline et Aragon, Brasillach et Éluard, Maurras et Lénine, Alain et… Sartre ou Beauvoir! Il nous faut des historiens, pas des épurateurs – même si je n’ignore pas qu’il existe aussi des historiens épurateurs, qui tiennent d’ailleurs le haut du pavé institutionnel […] Le néopuritanisme qui sévit actuellement n’aspire qu’à brûler des bibliothèques afin de ne plus autoriser que la lecture de tracts rédigés dans le volapuk de l’écriture inclusive, du genre: Martin.e chez les étudiant.e.s. »

« […] Tragique… Désespérément tragique… Fin de règne et triomphe du nihilisme. Lors de la libération de Tolbiac, j’ai pu lire (en regardant un journal télévisé) l’un des slogans qui avait été tagué sur toute la longueur d’un amphi: «Le nihilisme plutôt que le capitalisme!» Quand le nihilisme est revendiqué comme bel et bon, nous atteignons son acmé. Or, après le nihilisme, ça n’est plus rien, c’est moins que rien – ce qui, convenons-en, est peu au regard de ce que fut notre civilisation… »

Lire la suite sur le blog perso de Maxime Tandonnet ...

Author: Redaction

Le salut par la pensée

Voici de brefs extraits d’une interview de M. Michel Onfray par M. Vincent Tremolet de Villers, parue dans le Figaro de ce matin. J’aime tellement ce texte que je ne peux m’empêcher d’en publier quelques extraits ici. Le premier paragraphe, surtout, est bouleversant. Qu’un intellectuel contemporain puisse dire des choses aussi vraies et aussi belles, suffit à nous rendre l’envie d’y croire [Ci-joint image de la « Petite fille espérance »]

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« Je sais que je suis mortel depuis bien longtemps puisque, fils d’un père qui le fut tardivement, j’ai toujours craint cette mort d’un père aimé parce que son âge me donnait l’impression qu’il était plus proche du trépas que les parents de mes copains d’école qui étaient plus jeunes. Voilà pourquoi, sourions un peu, je témoigne de la fausseté du complexe d’Œdipe qui n’a rien d’universel: je n’ai jamais désiré la mort de mon père et encore moins coucher avec ma mère… Dès lors, quand Horace invite à cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie parce qu’elle est brève, je sais depuis que j’ai une dizaine d’années qu’il dit vrai. […] »

« […] Je crois aux idées que je défends et c’est ce qui justifie chez moi une activité que je dirais militante depuis des années et dont vous venez de souligner à juste titre le caractère frénétique: je ne souhaite pas laisser le monopole d’une vision du monde faire la loi contre les gens les plus modestes à l’ère des médias de masse qui endoctrinent à tout-va et des réseaux sociaux qui disent n’importe quoi… Je crois au beau projet de Condorcet qui proposait de «rendre la raison populaire», qui plus est dans une époque folle qui aime tellement rendre la déraison populaire… C’est, à mes yeux, ce qui justifie l’activité philosophique: porter la raison sur les lieux même de la déraison. »

« [Sur la biographie d’André Sernin : Alain. Un sage dans la cité]: On y lisait des choses terribles, notamment qu’Alain préférait une paix obtenue par une hitlérisation de l’Europe à une guerre antinazie conduite par le général de Gaulle! Pour autant, je ne suis pas des néo-épurateurs qui se font une virginité à peu de frais en invitant à de nouveaux bûchers – qui supposent en passant qu’on débaptise des rues: je serai le premier à me battre pour que la rue Alain de Paris reste une rue Alain, idem avec une rue Aragon ou Éluard, eux aussi coupables de complaisances avec le nazisme – je vous rappelle le pacte germano-soviétique… Je suis pour qu’on lise Céline et Aragon, Brasillach et Éluard, Maurras et Lénine, Alain et… Sartre ou Beauvoir! Il nous faut des historiens, pas des épurateurs – même si je n’ignore pas qu’il existe aussi des historiens épurateurs, qui tiennent d’ailleurs le haut du pavé institutionnel […] Le néopuritanisme qui sévit actuellement n’aspire qu’à brûler des bibliothèques afin de ne plus autoriser que la lecture de tracts rédigés dans le volapuk de l’écriture inclusive, du genre: Martin.e chez les étudiant.e.s. »

« […] Tragique… Désespérément tragique… Fin de règne et triomphe du nihilisme. Lors de la libération de Tolbiac, j’ai pu lire (en regardant un journal télévisé) l’un des slogans qui avait été tagué sur toute la longueur d’un amphi: «Le nihilisme plutôt que le capitalisme!» Quand le nihilisme est revendiqué comme bel et bon, nous atteignons son acmé. Or, après le nihilisme, ça n’est plus rien, c’est moins que rien – ce qui, convenons-en, est peu au regard de ce que fut notre civilisation… »

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« Je sais que je suis mortel depuis bien longtemps puisque, fils d’un père qui le fut tardivement, j’ai toujours craint cette mort d’un père aimé parce que son âge me donnait l’impression qu’il était plus proche du trépas que les parents de mes copains d’école qui étaient plus jeunes. Voilà pourquoi, sourions un peu, je témoigne de la fausseté du complexe d’Œdipe qui n’a rien d’universel: je n’ai jamais désiré la mort de mon père et encore moins coucher avec ma mère… Dès lors, quand Horace invite à cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie parce qu’elle est brève, je sais depuis que j’ai une dizaine d’années qu’il dit vrai. […] »

« […] Je crois aux idées que je défends et c’est ce qui justifie chez moi une activité que je dirais militante depuis des années et dont vous venez de souligner à juste titre le caractère frénétique: je ne souhaite pas laisser le monopole d’une vision du monde faire la loi contre les gens les plus modestes à l’ère des médias de masse qui endoctrinent à tout-va et des réseaux sociaux qui disent n’importe quoi… Je crois au beau projet de Condorcet qui proposait de «rendre la raison populaire», qui plus est dans une époque folle qui aime tellement rendre la déraison populaire… C’est, à mes yeux, ce qui justifie l’activité philosophique: porter la raison sur les lieux même de la déraison. »

« [Sur la biographie d’André Sernin : Alain. Un sage dans la cité]: On y lisait des choses terribles, notamment qu’Alain préférait une paix obtenue par une hitlérisation de l’Europe à une guerre antinazie conduite par le général de Gaulle! Pour autant, je ne suis pas des néo-épurateurs qui se font une virginité à peu de frais en invitant à de nouveaux bûchers – qui supposent en passant qu’on débaptise des rues: je serai le premier à me battre pour que la rue Alain de Paris reste une rue Alain, idem avec une rue Aragon ou Éluard, eux aussi coupables de complaisances avec le nazisme – je vous rappelle le pacte germano-soviétique… Je suis pour qu’on lise Céline et Aragon, Brasillach et Éluard, Maurras et Lénine, Alain et… Sartre ou Beauvoir! Il nous faut des historiens, pas des épurateurs – même si je n’ignore pas qu’il existe aussi des historiens épurateurs, qui tiennent d’ailleurs le haut du pavé institutionnel […] Le néopuritanisme qui sévit actuellement n’aspire qu’à brûler des bibliothèques afin de ne plus autoriser que la lecture de tracts rédigés dans le volapuk de l’écriture inclusive, du genre: Martin.e chez les étudiant.e.s. »

« […] Tragique… Désespérément tragique… Fin de règne et triomphe du nihilisme. Lors de la libération de Tolbiac, j’ai pu lire (en regardant un journal télévisé) l’un des slogans qui avait été tagué sur toute la longueur d’un amphi: «Le nihilisme plutôt que le capitalisme!» Quand le nihilisme est revendiqué comme bel et bon, nous atteignons son acmé. Or, après le nihilisme, ça n’est plus rien, c’est moins que rien – ce qui, convenons-en, est peu au regard de ce que fut notre civilisation… »

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« Je sais que je suis mortel depuis bien longtemps puisque, fils d’un père qui le fut tardivement, j’ai toujours craint cette mort d’un père aimé parce que son âge me donnait l’impression qu’il était plus proche du trépas que les parents de mes copains d’école qui étaient plus jeunes. Voilà pourquoi, sourions un peu, je témoigne de la fausseté du complexe d’Œdipe qui n’a rien d’universel: je n’ai jamais désiré la mort de mon père et encore moins coucher avec ma mère… Dès lors, quand Horace invite à cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie parce qu’elle est brève, je sais depuis que j’ai une dizaine d’années qu’il dit vrai. […] »

« […] Je crois aux idées que je défends et c’est ce qui justifie chez moi une activité que je dirais militante depuis des années et dont vous venez de souligner à juste titre le caractère frénétique: je ne souhaite pas laisser le monopole d’une vision du monde faire la loi contre les gens les plus modestes à l’ère des médias de masse qui endoctrinent à tout-va et des réseaux sociaux qui disent n’importe quoi… Je crois au beau projet de Condorcet qui proposait de «rendre la raison populaire», qui plus est dans une époque folle qui aime tellement rendre la déraison populaire… C’est, à mes yeux, ce qui justifie l’activité philosophique: porter la raison sur les lieux même de la déraison. »

« [Sur la biographie d’André Sernin : Alain. Un sage dans la cité]: On y lisait des choses terribles, notamment qu’Alain préférait une paix obtenue par une hitlérisation de l’Europe à une guerre antinazie conduite par le général de Gaulle! Pour autant, je ne suis pas des néo-épurateurs qui se font une virginité à peu de frais en invitant à de nouveaux bûchers – qui supposent en passant qu’on débaptise des rues: je serai le premier à me battre pour que la rue Alain de Paris reste une rue Alain, idem avec une rue Aragon ou Éluard, eux aussi coupables de complaisances avec le nazisme – je vous rappelle le pacte germano-soviétique… Je suis pour qu’on lise Céline et Aragon, Brasillach et Éluard, Maurras et Lénine, Alain et… Sartre ou Beauvoir! Il nous faut des historiens, pas des épurateurs – même si je n’ignore pas qu’il existe aussi des historiens épurateurs, qui tiennent d’ailleurs le haut du pavé institutionnel […] Le néopuritanisme qui sévit actuellement n’aspire qu’à brûler des bibliothèques afin de ne plus autoriser que la lecture de tracts rédigés dans le volapuk de l’écriture inclusive, du genre: Martin.e chez les étudiant.e.s. »

« […] Tragique… Désespérément tragique… Fin de règne et triomphe du nihilisme. Lors de la libération de Tolbiac, j’ai pu lire (en regardant un journal télévisé) l’un des slogans qui avait été tagué sur toute la longueur d’un amphi: «Le nihilisme plutôt que le capitalisme!» Quand le nihilisme est revendiqué comme bel et bon, nous atteignons son acmé. Or, après le nihilisme, ça n’est plus rien, c’est moins que rien – ce qui, convenons-en, est peu au regard de ce que fut notre civilisation… »

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« Je sais que je suis mortel depuis bien longtemps puisque, fils d’un père qui le fut tardivement, j’ai toujours craint cette mort d’un père aimé parce que son âge me donnait l’impression qu’il était plus proche du trépas que les parents de mes copains d’école qui étaient plus jeunes. Voilà pourquoi, sourions un peu, je témoigne de la fausseté du complexe d’Œdipe qui n’a rien d’universel: je n’ai jamais désiré la mort de mon père et encore moins coucher avec ma mère… Dès lors, quand Horace invite à cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie parce qu’elle est brève, je sais depuis que j’ai une dizaine d’années qu’il dit vrai. […] »

« […] Je crois aux idées que je défends et c’est ce qui justifie chez moi une activité que je dirais militante depuis des années et dont vous venez de souligner à juste titre le caractère frénétique: je ne souhaite pas laisser le monopole d’une vision du monde faire la loi contre les gens les plus modestes à l’ère des médias de masse qui endoctrinent à tout-va et des réseaux sociaux qui disent n’importe quoi… Je crois au beau projet de Condorcet qui proposait de «rendre la raison populaire», qui plus est dans une époque folle qui aime tellement rendre la déraison populaire… C’est, à mes yeux, ce qui justifie l’activité philosophique: porter la raison sur les lieux même de la déraison. »

« [Sur la biographie d’André Sernin : Alain. Un sage dans la cité]: On y lisait des choses terribles, notamment qu’Alain préférait une paix obtenue par une hitlérisation de l’Europe à une guerre antinazie conduite par le général de Gaulle! Pour autant, je ne suis pas des néo-épurateurs qui se font une virginité à peu de frais en invitant à de nouveaux bûchers – qui supposent en passant qu’on débaptise des rues: je serai le premier à me battre pour que la rue Alain de Paris reste une rue Alain, idem avec une rue Aragon ou Éluard, eux aussi coupables de complaisances avec le nazisme – je vous rappelle le pacte germano-soviétique… Je suis pour qu’on lise Céline et Aragon, Brasillach et Éluard, Maurras et Lénine, Alain et… Sartre ou Beauvoir! Il nous faut des historiens, pas des épurateurs – même si je n’ignore pas qu’il existe aussi des historiens épurateurs, qui tiennent d’ailleurs le haut du pavé institutionnel […] Le néopuritanisme qui sévit actuellement n’aspire qu’à brûler des bibliothèques afin de ne plus autoriser que la lecture de tracts rédigés dans le volapuk de l’écriture inclusive, du genre: Martin.e chez les étudiant.e.s. »

« […] Tragique… Désespérément tragique… Fin de règne et triomphe du nihilisme. Lors de la libération de Tolbiac, j’ai pu lire (en regardant un journal télévisé) l’un des slogans qui avait été tagué sur toute la longueur d’un amphi: «Le nihilisme plutôt que le capitalisme!» Quand le nihilisme est revendiqué comme bel et bon, nous atteignons son acmé. Or, après le nihilisme, ça n’est plus rien, c’est moins que rien – ce qui, convenons-en, est peu au regard de ce que fut notre civilisation… »

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« Je sais que je suis mortel depuis bien longtemps puisque, fils d’un père qui le fut tardivement, j’ai toujours craint cette mort d’un père aimé parce que son âge me donnait l’impression qu’il était plus proche du trépas que les parents de mes copains d’école qui étaient plus jeunes. Voilà pourquoi, sourions un peu, je témoigne de la fausseté du complexe d’Œdipe qui n’a rien d’universel: je n’ai jamais désiré la mort de mon père et encore moins coucher avec ma mère… Dès lors, quand Horace invite à cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie parce qu’elle est brève, je sais depuis que j’ai une dizaine d’années qu’il dit vrai. […] »

« […] Je crois aux idées que je défends et c’est ce qui justifie chez moi une activité que je dirais militante depuis des années et dont vous venez de souligner à juste titre le caractère frénétique: je ne souhaite pas laisser le monopole d’une vision du monde faire la loi contre les gens les plus modestes à l’ère des médias de masse qui endoctrinent à tout-va et des réseaux sociaux qui disent n’importe quoi… Je crois au beau projet de Condorcet qui proposait de «rendre la raison populaire», qui plus est dans une époque folle qui aime tellement rendre la déraison populaire… C’est, à mes yeux, ce qui justifie l’activité philosophique: porter la raison sur les lieux même de la déraison. »

« [Sur la biographie d’André Sernin : Alain. Un sage dans la cité]: On y lisait des choses terribles, notamment qu’Alain préférait une paix obtenue par une hitlérisation de l’Europe à une guerre antinazie conduite par le général de Gaulle! Pour autant, je ne suis pas des néo-épurateurs qui se font une virginité à peu de frais en invitant à de nouveaux bûchers – qui supposent en passant qu’on débaptise des rues: je serai le premier à me battre pour que la rue Alain de Paris reste une rue Alain, idem avec une rue Aragon ou Éluard, eux aussi coupables de complaisances avec le nazisme – je vous rappelle le pacte germano-soviétique… Je suis pour qu’on lise Céline et Aragon, Brasillach et Éluard, Maurras et Lénine, Alain et… Sartre ou Beauvoir! Il nous faut des historiens, pas des épurateurs – même si je n’ignore pas qu’il existe aussi des historiens épurateurs, qui tiennent d’ailleurs le haut du pavé institutionnel […] Le néopuritanisme qui sévit actuellement n’aspire qu’à brûler des bibliothèques afin de ne plus autoriser que la lecture de tracts rédigés dans le volapuk de l’écriture inclusive, du genre: Martin.e chez les étudiant.e.s. »

« […] Tragique… Désespérément tragique… Fin de règne et triomphe du nihilisme. Lors de la libération de Tolbiac, j’ai pu lire (en regardant un journal télévisé) l’un des slogans qui avait été tagué sur toute la longueur d’un amphi: «Le nihilisme plutôt que le capitalisme!» Quand le nihilisme est revendiqué comme bel et bon, nous atteignons son acmé. Or, après le nihilisme, ça n’est plus rien, c’est moins que rien – ce qui, convenons-en, est peu au regard de ce que fut notre civilisation… »

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« Je sais que je suis mortel depuis bien longtemps puisque, fils d’un père qui le fut tardivement, j’ai toujours craint cette mort d’un père aimé parce que son âge me donnait l’impression qu’il était plus proche du trépas que les parents de mes copains d’école qui étaient plus jeunes. Voilà pourquoi, sourions un peu, je témoigne de la fausseté du complexe d’Œdipe qui n’a rien d’universel: je n’ai jamais désiré la mort de mon père et encore moins coucher avec ma mère… Dès lors, quand Horace invite à cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie parce qu’elle est brève, je sais depuis que j’ai une dizaine d’années qu’il dit vrai. […] »

« […] Je crois aux idées que je défends et c’est ce qui justifie chez moi une activité que je dirais militante depuis des années et dont vous venez de souligner à juste titre le caractère frénétique: je ne souhaite pas laisser le monopole d’une vision du monde faire la loi contre les gens les plus modestes à l’ère des médias de masse qui endoctrinent à tout-va et des réseaux sociaux qui disent n’importe quoi… Je crois au beau projet de Condorcet qui proposait de «rendre la raison populaire», qui plus est dans une époque folle qui aime tellement rendre la déraison populaire… C’est, à mes yeux, ce qui justifie l’activité philosophique: porter la raison sur les lieux même de la déraison. »

« [Sur la biographie d’André Sernin : Alain. Un sage dans la cité]: On y lisait des choses terribles, notamment qu’Alain préférait une paix obtenue par une hitlérisation de l’Europe à une guerre antinazie conduite par le général de Gaulle! Pour autant, je ne suis pas des néo-épurateurs qui se font une virginité à peu de frais en invitant à de nouveaux bûchers – qui supposent en passant qu’on débaptise des rues: je serai le premier à me battre pour que la rue Alain de Paris reste une rue Alain, idem avec une rue Aragon ou Éluard, eux aussi coupables de complaisances avec le nazisme – je vous rappelle le pacte germano-soviétique… Je suis pour qu’on lise Céline et Aragon, Brasillach et Éluard, Maurras et Lénine, Alain et… Sartre ou Beauvoir! Il nous faut des historiens, pas des épurateurs – même si je n’ignore pas qu’il existe aussi des historiens épurateurs, qui tiennent d’ailleurs le haut du pavé institutionnel […] Le néopuritanisme qui sévit actuellement n’aspire qu’à brûler des bibliothèques afin de ne plus autoriser que la lecture de tracts rédigés dans le volapuk de l’écriture inclusive, du genre: Martin.e chez les étudiant.e.s. »

« […] Tragique… Désespérément tragique… Fin de règne et triomphe du nihilisme. Lors de la libération de Tolbiac, j’ai pu lire (en regardant un journal télévisé) l’un des slogans qui avait été tagué sur toute la longueur d’un amphi: «Le nihilisme plutôt que le capitalisme!» Quand le nihilisme est revendiqué comme bel et bon, nous atteignons son acmé. Or, après le nihilisme, ça n’est plus rien, c’est moins que rien – ce qui, convenons-en, est peu au regard de ce que fut notre civilisation… »

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