Le référendum d’initiative populaire, solution miracle?

Le référendum d’initiative populaire (le RIP) est l’une de des dernières revendications des gilets jaunes. Il  est préconisé par les Insoumis comme par les Lepénistes et des voix s’élèvent en sa faveur dans les partis anciennement dits de « gouvernement » et du côté des intellectuels. Il ne serait pas étonnant de le voir sortir de quelque chapeau officiel comme un contre-feu…

Le problème, c’est que chacun à une idée différente derrière la tête. Pour les uns, il permettra d’arrêter l’immigration et pour les autres, au contraire, de faciliter l’accueil inconditionnel des « réfugiés »; pour les uns, il se traduira par une augmentation considérable du SMIC et des rémunérations y compris des fonctionnaires, pour les autres, une baisse massive des impôts; pour les uns une sortie du nucléaire, pour les autres, la gratuité de l’électricité… Que sais-je? Et puis viendra la question de la mise en oeuvre des décisions adoptées. On peut faire toute confiance à la classe dirigeante pour trouver mille prétextes qui les rendent inapplicables (engagements internationaux, contrainte juridique, absence de crédits, oubli dans un tiroir, etc.)

De fait, l’opinion publique n’est pas monolithique, elle est fragmentée, volatile, extrêmement soumise à toutes les influences, en particulier médiatiques. Le RIP ne sera-t-il pas une illusion supplémentaire, un gadget destiné à calmer la population mais qui ne fera qu’ajouter du chaos au chaos sans déboucher sur une once d’amélioration du bien collectif? L’esprit est différent de celui du référendum gaullien qui consiste à interroger périodiquement la Nation sur les sujets fondamentaux pour son destin. Les Français votent de moins en moins.  La banalisation du suffrage universel , à travers le RIP, n’aura-t-elle pas pour effet de tuer (encore plus) le suffrage universel?

Avant de songer à sauver la politique et la démocratie par le RIP, n’y aurait-il pas des choses plus simples et évidentes à attendre des gouvernants? En finir avec les promesses irréalistes et démagogiques pour être élus? Qu’ils cessent de mépriser et d’insulter la nation qu’ils sont censés représenter et qui les rémunère? Mettre un terme à l’ivresse narcissique qui détruit le sens de l’intérêt général? Restaurer la confiance par des politiques de long terme, sans esbroufe, visant à la baisse des taxes et des impôts, la maîtrise de l’immigration et des frontières, la sécurité des biens et des personnes, la lutte contre le terrorisme islamiste? Il serait tellement plus simple, déjà, de réhabiliter le principe de responsabilité, B-A-BA de toute démocratie. Que doit faire un dirigeant qui s’est trompé ou qui a failli par des paroles ou des actes déclenchant une catastrophe: assumer et tirer toutes les conséquences de son échec.

Et puis le peuple a aussi sa part de responsabilité. Avant de prévoir on se sait quelle extension indéfinie et banalisation du recours au suffrage universel à travers le RIP, peut-être que les Français pourraient d’abord se rendre aux urnes quand l’occasion leur en est donnée. Plus de 50% se sont abstenus aux dernières législatives. Peut-être que s’ils avaient été voter, non pas en masse, mais normalement,  à 70 ou 80%, comme un peuple responsable face à son destin, le pire aurait pu être évité, le pire d’une majorité lèche-botte… Le RIP, oui, mais avec quelle participation dans un pays qui vote de moins en moins?  Bon, le RIP, comme en Suisse, pourquoi pas, mais méfions-nous de ces chiffons rouges lancés en pâture à l’opinion pour lui faire oublier les désastres, ignominies, les mystifications et les lâchetés du quotidien…

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction