Le philosophe et l’abstentionnisme

« Sans ambages, Michel Onfray a affirmé qu’il n’irait pas voter. Et « je ne vais pas à des élections jouées d’avance », a-t-il ajouté. « Je peux vous dire qui sera élu. Je vous parie que ce sera un candidat maastrichtien ». « Maastrichtien », une épithète qui renvoie donc au Traité de Maastricht de 1992 qui avait entre autres inauguré le processus menant à la création de l’Euro et donc à l’union monétaire de l’Union européenne. » Le raisonnement du philosophe se discute. L’abstentionnisme aux élections peut certes être le fruit d’un écœurement bien compréhensible ou d’une résignation. Mais il a aussi sa part d’incohérence: en s’abstenant, en négligeant de soutenir au moins au premier tour un candidat conforme à son opposition au traité de Maastricht (il y en a, clairement revendiqués, comme NDA), Michel Onfray contribue à la confiscation du débat par ses propres adversaires qu’il qualifie de maastrichtiens. En outre la question politique ne peut en aucun cas se limiter à maastrichtiens contre non maastrichtiens. Et sur ce plan, il commet une erreur essentielle. Certes l’Europe de Maastricht a favorisé l’émergence d’un monstre bureaucratique. Pour autant, le désastre français, notamment en matière d’éducation, l’effondrement du niveau scolaire et de l’intelligence civique, qui explique beaucoup de tout le reste, n’a rien à voir avec « Maastricht » mais a des causes qui tiennent uniquement à la faillite des politiques nationales. Le macronisme est en soi une expérience dramatique. Dans un contexte chaotique, il substitue une exubérance narcissique au sens du bien commun et se traduit par une violente accélération de l’abrutissement politique du pays recouvrant un effondrement général (dette publique, violence, pauvreté, chômage, saccage des libertés et de la démocratie, etc.). Nous sommes dans l’urgence aujourd’hui: tenter de nous débarrasser du macronisme même si cela paraît extrêmement difficile. Il est étonnant que le philosophe ne l’ait pas compris.

MT

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Author: Redaction