« Vox populi, vox dei »? non, la voix du peuple n’est pas divine, il lui arrive de se fourvoyer. Pourtant, dans le marasme général, la perte généralisée des repères, il fait figure de boussole, même bien aléatoire, dans la tempête. Avec des exceptions bien sûr, les milieux dirigeants n’ont pas cessé de trahir ou de se tromper depuis des décennies, par négligence, médiocrité générale, lâcheté, aveuglement : politiques, technocrates, réseaux d’influence. Ceux-là sont les principaux responsables de l’état hallucinant du pays, sa fragmentation, ses exclusions, sa violence extrême, le martyre d’une jeunesse privée du droit au travail, ses squats et bidonvilles immondes, son incapacité à se gouverner, son impuissance politique, sa bureaucratisation et judiciarisation, son chaos général. L’instinct du peuple n’est évidemment pas infaillible, mais il se caractérise par une sorte de bon sens. Ainsi, je suis sidéré que malgré l’extraordinaire mobilisation médiatique – déchaînement de propagande – en faveur des plus hauts dirigeants du pays, leur niveau de popularité demeure aussi dérisoire… J’y vois le signe d’une l’intelligence populaire: le peuple résiste bien mieux aux manipulations et au lavage de cerveaux que les élites dans leur majorité. Le parti lepéniste est l’instrument du système politico-médiatique pour neutraliser la voix du peuple. Bénéficiant d’un extraordinaire privilège d’accès aux radios et télévisions, cette formation concentre en ce moment, du fait de sa sur- exposition médiatique, une partie de la colère populaire. Or, par son histoire, son identité, son caractère familial, sa démagogie, elle restera éternellement inacceptable pour l’immense majorité des Français. Jouant en parfait repoussoir, ce parti bloque à l’heure actuelle toute expression globale de révolte. Il obère le tsunami populaire qui couve, empêche l’émergence du courant dans lequel les trois-quarts des Français se retrouveraient. Tant que ce parti existera, stérilisant la colère populaire, rien ne bougera jamais; d’où le traitement si favorable qui lui est dévolu par le monde politico-médiatique dont il est devenu l’ultime rempart. Jusqu’à quand?
Maxime TANDONNET
