Le foutur de la France

Hier soir, allocution présidentielle, tant attendue. L’exercice est symptomatique  de ce système de personnalisation outrancière qui substitue l’émotion autour d’un visage à l’intelligence politique collective. La question qui domine les esprits est celle de sa performance individuelle et non de l’avenir de la France. A-t-il été excellent, bon, moyen, mauvais? Les sondages déferlent déjà. Les avis entendus ça et là oscillent entre bon et moyen. Quelques commentaires agacés entendus autour de son « bronzage » qui ne serait pas de circonstance. Ainsi, on remplace le destin de la nation et le débat d’idées par les passions collectives et contradictoires que suscite l’apparition d’un personnage. Beaucoup de commentaire sur son humilité nouvelle qui  n’est pourtant pas si nouvelle.  Le chef de l’Etat a agréablement surpris en annonçant qu’il devait « se réinventer« .  Que l’intéressé envisage de se réinventer est à son honneur mais ne regarde que lui-même et sa conscience ainsi que ses proches. Le pays est concerné par toute autre chose: son destin collectif à l’issue de la tragédie sanitaire, économique et social qu’il subit.  En lisant le texte saisi à la vitesse de la parole sous l’image présidentielle, j’ai repéré un lapsus ou une étrange faute de frappe, aussitôt rectifiée, mais quand même relevée en un dixième de seconde tant elle est fascinante:  le « foutur » de la France à la place du futur. Le foutur: tout un programme.

Ci-dessous un petit texte de ma part, diffusé sur les réseaux sociaux, concernant la manière d’en finir avec ce système détestable:

Il me semble que les chances de réélection du président Macron sont faibles compte tenu de son impopularité fondamentale (malgré le réflexe légitimiste en pleine crise, qui joue d’ailleurs modérément à son égard), de la crise économique qui vient et de la difficulté des présidents à se faire réélire en quinquennat. Je suis pour un changement profond, radical du fonctionnement de la politique française: un chef d’Etat sage et visionnaire, au dessus de la mêlée et n’intervenant que rarement, dans les moments clés, incarnant cette sagesse et sang-froid qui font tant défaut aujourd’hui donc une personnalité très expérimentée, cultivée et consensuelle ; un Premier ministre authentique, un politique, puissant chef de Gouvernement appliquant le programme de la majorité élue (pour sortir de la crise du Covid) et responsable de ses actes; un Parlement, cœur de la nation, garant de la démocratie, indépendant, expression du pays profond, qui contrôle et sanctionne l’exécutif en cas de défaillance. Tout le problème, non résolu, est de trouver les hommes et femmes réunissant les qualités intellectuelles et morales pour remplir ces missions, dans un climat d’abêtissement et de médiocrité qui rend si rares ces qualités. Nul besoin de réforme de la Constitution (sauf peut-être le retour au septennat): il suffit juste de la respecter, de l’appliquer à la lettre et donc de sortir de l’état permanent de forfaiture dans lequel sont tous les pouvoirs politiques depuis trop longtemps.

Maxime TANDONNET

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Author: Redaction