La République irresponsable

rtr4kio5Nous vivons dans un système politique absurde. Il semble que les dirigeants au pouvoir peuvent faire absolument n’importe quoi sans que rien ne se passe, aucune sanction, aucune mise en jeu de leur responsabilité. Prenons l’affaire de la « déchéance de nationalité ». L’abandon de cette mesure, annoncé hier, soulève des questions dramatiques. Soit le pouvoir s’est trompé en la mettant en avant à la suite des attentats du 13 novembre qui ont entraîné 130 morts. C’est extrêmement grave car dans des circonstances aussi tragiques, il n’a pas apporté la réponse adaptée. Soit cette décision était vraiment nécessaire pour éviter que de nouveaux massacres ne se reproduisent. Dès lors, le choix d’y renoncer est encore plus grave. Quoi qu’il arrive, la vie continue. Et je ne parle pas de tous les désastres qui s’accumulent, en matière d’emploi, d’éducation nationale, de médecine, d’autorité de l’Etat. La Vème République bis dans laquelle nous vivons aujourd’hui, n’a plus le moindre espèce de rapport avec la Vème du général de Gaulle, fondée sur la confiance entre le peuple et son président – d’où les référendum et l’engagement à démissionner en cas de défaite. Elle est devenue un régime malade, paralysé, irresponsable. Ce régime actuel, la Vème bis, est mille fois pire que la IIIème et la IVème République. Ce que j’affirme est profondément tabou, inadmissible, inaudible. Je parle comme je le pense. Certes il y avait, sous la IIIème et la IVème un problème d’instabilité gouvernementale. Mais quand un gouvernement dévissait complètement, il était jeté par la fenêtre et on passait à autre chose. Il y avait un chaos créateur et les choses bougeaient derrière le voile de l’instabilité. Aujourd’hui, tout est gelé, bloqué, anesthésié. Et le pire, c’est que même en 2017, la crétinerie du système actuel risque de déboucher sur le statu quo. Imaginons un renouvellement de l’actuel président avec 20% des voix au premier tour, grâce à un coup de bluff, une belle mise en scène médiatique, avec une abstention d’environ 40%, puis un deuxième tour gagnant contre l’extrême droite et dans la foulée, la réélection de la même majorité aux législatives. Un triomphe avec 12% d’adhésion réelle du corps électoral… Un tel scénario n’a rien d’hypothétique. Et la vie continue. Le vrai problème, à mes yeux, n’est pas la déchéance de notre République en soi car tout ce qui est humain peut se changer et se réparer. Encore faut-il en avoir conscience. La vraie déchéance, c’est que cette question n’intéresse absolument personne. Circulez, braves gens, y a rien à voir.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction