La dissolution n’aura (sans doute) pas lieu

Il est fortement question d’une dissolution prochaine de l’Assemblée nationale. Le président macron a même annoncé qu’il « dissoudrait dans la minute » en cas de vote d’une motion de censure par une Assemblée où son parti et ses alliés sont privés de majorité absolue. La dissolution est un peu comme l’arme nucléaire: elle est brandie comme une menace mais elle a peu de chance de servir. Pour plusieurs raisons, la dissolution est improbable:

  • Les dissolutions en cours de mandat présidentiel tournent souvent mal pour l’exécutif. La célèbre du 16 mai 1877 par Mac mahon qui se traduisit par le triomphe de son opposant Léon Gambetta: Nous partons 363, nous reviendrons 400!, celle de décembre 1955 par Edgar Faure qui entraîne une décomposition aggravée de l’Assemblée nationale ou encore celle de Jacques Chirac en février 1997 qui aboutit contre toute attente à une majorité plurielle socialiste, communiste et verte. Une exception: la dissolution réussie de 1962 mais le général de Gaulle était extrêmement populaire à l’époque.
  • Le chef de l’Etat et son gouvernement ne bénéficient pas aujourd’hui d’une popularité laissant présager une nette victoire lors de futures législatives. L’élan de la présidentielle leur a permis de conserver une majorité relative en mai 2022. De nouvelles élections auraient de fortes chances de tourner à la débâcle.
  • L’inconvénient de la majorité relative pour l’exécutif est qu’elle complique l’adoption d’éventuelles réformes difficiles comme celle de la retraite. Mais, il faut voir comment fonctionne la politique moderne. Cette perspective (des 65 ans) est brandie comme un chiffon rouge pour exciter les esprits, animer la scène publique, donner l’illusion du volontarisme et du respect des engagements de campagne, détourner les regards d’autre chose. Qu’elle se traduise ou non dans la réalité n’a strictement aucune importance à leurs yeux tant qu’ils peuvent continuer à pavoiser: pas plus lors du second quinquennat que lors du premier. D‘ailleurs, le discours sur la nécessité des 65 ans est exactement à l’inverse de celui qui prévalait avant 2022.
  • La dissolution ne semble pas être dans le caractère de l’actuel chef de l’Etat. Ce dernier parle énormément, se manifeste quotidiennement, bouge en permanence. Pour autant, il n’est pas homme à prendre une telle décision, un risque aussi énorme qui pourrait se traduire par un formidable désaveu aux législatives suivantes… Voire compromettre la suite de son mandat.

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Author: Redaction