Discours de Marisol TOURAINE pour le lancement d’une campagne de communication et création d’un numéro téléphonique national d’accès à l’information sur l’IVG


Intervention de Marisol Touraine

Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes

Conférence de presse de lancement d’une campagne de communication et création d’un numéro téléphonique national d’accès à l’information sur l’IVG

28 septembre 2015

Seul le prononcé fait foi


Mesdames, Messieurs,

En France, depuis plus de 40 ans, le droit des femmes à disposer de leur corps est reconnu : reconnu par la loi, reconnu par la société. Nos concitoyens y sont attachés : 9 Français sur 10 considèrent qu’il s’agit d’un droit fondamental. En cette journée internationale pour le droit à l’avortement, je veux dire ma détermination, en tant que ministre de la Santé, en tant que ministre des Droits des femmes, mais aussi en tant que femme et féministe, à promouvoir ce droit. Pour cela, j’ai fait le choix d’innover et de lancer de nouvelles initiatives. C’est le sens du premier programme national d’action en faveur de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, que j’ai lancé en janvier dernier avec Pascale BOISTARD, qui est en ce moment à New-York, à l’occasion d’un sommet de l’ONU sur les femmes. J’avais alors défini trois axes d’action :

1)     Mieux informer les femmes sur leurs droits,

2)     Simplifier et améliorer leur parcours,

3)     Garantir une offre diversifiée sur tout le territoire.

Le numéro de téléphone national « Sexualités, contraception, IVG » et la campagne de communication pour le droit des femmes à disposer de leur corps, que je vous présente aujourd’hui, s’inscrivent dans cette dynamique.

I – Car au-delà des mots et des convictions, il faut que concrètement chaque femme qui le souhaite puisse avorter sans rencontrer d’obstacle. Ce combat, je le porte en tant que ministre depuis 3 ans.

Il a fallu faire tomber des barrières auxquelles les femmes sont confrontées avant d’avorter. Les barrières financières – j’ai permis le remboursement à 100% de l’IVG par l’Assurance maladie. Les barrières géographiques – je veille à ce que des centres IVG soient présents dans tous les territoires. Les barrières « pseudo-morales », enfin – nous avons supprimé de la loi la « notion de détresse », pour qu’il soit clair qu’une femme n’a pas à justifier sa demande d’IVG.

Il nous faut aller plus loin. Parce que certaines femmes rencontrent des difficultés. Et parce nous pouvons progresser.

Progresser, c’est ce que nous faisons avec le projet de loi de modernisation de notre système de santé. En permettant aux sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses et en permettant à des centres de santé de réaliser des IVG instrumentales. En supprimant le délai de réflexion, parce que les femmes n’ont pas à subir de pression, qu’elles sont responsables et capables de décider. Les oppositions ont été fortes mais nous avons tenu bon. Cela montre que, 40 ans après la loi Veil, l’accès à l’IVG ne va pas encore de soi pour tout le monde.

Simplifier et améliorer le parcours des femmes, leur garantir une offre diversifiée sur le territoire : ces deux objectifs du plan sont donc tenus.

IIRenforcer les droits des femmes suppose qu’elles en connaissent l’existence. Je veux donc mieux les informer sur leurs droits.

Le constat est sans appel : 4 Français sur 10 estiment ne pas être suffisamment informés sur l’IVG. Ce chiffre est issu d’une enquête réalisée par l’IFOP pour mon ministère.

Cette enquête révèle aussi que des idées reçues subsistent. Ou, plus que des idées reçues, que les conditions d’accès à l’IVG sont mal connues. Quelques résultats sont particulièrement significatifs :

  • plus de 4 Français sur 10 pensent que l’on ne peut avorter qu’à l’hôpital, alors que cela fait plus de dix ans que l’IVG médicamenteuse est accessible en ville ;
  • 1 Français sur 10 pense qu’une femme a besoin de l’accord de son partenaire pour avorter ;
  • Enfin, 1 Français sur 4 pense encore qu’une raison médicale ou psychologique est exigée pour pouvoir avorter.

Ces statistiques nous interpellent. Elles nous appellent à agir. Agir d’abord en luttant contre le discours moralisateur et culpabilisateur selon lequel les femmes ne devraient pas décider pour elles-mêmes. Ce discours, il se déploie chez nos voisins européens, mais aussi en France, notamment sur Internet. Son objectif ? Décourager les femmes d’avoir recours à une IVG.

Face à cela, ma détermination est totale et mon message est clair : le temps de la pression, de la menace et de l’intimidation est révolu. Chaque femme dispose de son corps librement et doit le savoir.

Agir aussi, en informant.

III. Que chaque femme connaisse mieux ses droits, c’est l’objet du numéro national et de la grande campagne d’information que je lance aujourd’hui

  • Cette campagne s’appuie d’abord sur le site internet ivg.gouv.fr.

Ce site a été créé il y a exactement deux ans, pour permettre aux femmes d’avoir facilement accès à une information neutre et objective sur l’avortement. Deux ans après, avec plus d’un million de visiteurs uniques et près de deux millions et demi de pages vues ce site est un succès. Aujourd’hui, nous en lançons une nouvelle version.

Il a été enrichi de nouveaux contenus. Par exemple, des vidéos dans lesquelles des professionnels de santé apportent des réponses aux questions les plus concrètes sur l’IVG : les délais, les méthodes ou encore les étapes du parcours.

  • Mais si l’information sur Internet est incontournable, elle ne suffit pas. C’est pourquoi, nous lançons aussi un numéro téléphonique national.

L’enquête dont je vous parlais fait apparaître qu’après les professionnels de santé et le Planning familial, les Français plébiscitent le téléphone comme moyen d’information. S’il existe actuellement des plateformes téléphoniques régionales, elles sont généralement mal identifiées. Et, comme je l’ai dit, nombre de numéros d’écoute n’informent pas, ils intoxiquent.

C’est pourquoi, comme je m’y étais engagée en janvier, je lance aujourd’hui le premier numéro national d’information consacré aux questions de sexualité, de contraception et d’IVG. Un seul numéro à retenir : le 0800 08 11 11.

Il est anonyme et gratuit. Il permet aux femmes de recevoir une information claire, d’être d’écoutées, mais aussi d’être orientées vers un professionnel ou un établissement de santé, si elles le demandent.

La gestion de ce numéro a été confiée au Planning familial, dont l’expérience, l’expertise et le professionnalisme sont unanimement reconnus. Je remercie vivement Véronique SEHIER, co-Présidente du Planning familial, pour sa présence aujourd’hui et pour son engagement à nos côtés dans la mise en œuvre de ce projet.

  • Enfin, parce qu’il est nécessaire de faire connaître ce numéro, mais aussi de lutter contre les préjugés et les tabous qui entourent encore l’IVG, je lance la première campagne nationale sur le droit des femmes à disposer de leur corps.

Cette campagne se déclinera sur divers supports pendant deux mois. Nous diffuserons deux annonces dans la presse et une affiche, qui sera disponible dans les établissements de santé, les plannings familiaux, les associations qui reçoivent des femmes.

« Mon corps, mon choix, mon droit ». « C’est ma vie, je choisis ». « Mon corps m’appartient ». « L’IVG, c’est mon droit ». Voici les slogans de cette campagne. J’ai voulu des slogans forts, des images éloquentes, j’ai voulu montrer des femmes qui s’approprient leurs droits, qui affirment haut et fort leur liberté.

Le message de cette campagne est clair : il n’y a rien de honteux à exercer ses droits, cela s’affirme et cela s’assume. Ce n’est ni dégradant, ni indigne, ni scandaleux. Je veux en profiter pour saluer la présence de Chloé PONCE-VOIRON, qui a posé pour l’un des visuels et témoigne dans la vidéo de la campagne, qui sera diffusée sur les réseaux sociaux.

Ce petit clip fait témoigner plusieurs femmes sur l’IVG et montre la place centrale qui est la leur dans le processus de décision.

Une version plus courte est également disponible.

Mesdames, Messieurs,

Ma conviction est qu’en matière de droits des femmes, rien n’est jamais acquis ; nous devons rester vigilants et continuer, sans relâche à défendre le droit à l’avortement. Le défendre, contre les caricatures et les préjugés, grâce à une meilleure information et une plus grande accessibilité. La mobilisation de toutes et tous est indispensable, celles des médias aussi. Les féminins, mais pas seulement. Et je suis certaine que cette grande cause saura trouver un écho favorable dans vos rédactions. Petit clin d’œil personnel : vous trouverez une décalcomanie dans votre sac. L’idée est de la coller sur votre bras, puis d’en faire une photo afin de la diffuser sur les réseaux sociaux avec le hashtag « IVG c’est mon droit ».

Je suis disponible pour répondre à vos questions.

Je vous remercie.

Author: Redaction

Discours de Marisol TOURAINE pour le lancement d’une campagne de communication et création d’un numéro téléphonique national d’accès à l’information sur l’IVG


Intervention de Marisol Touraine

Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes

Conférence de presse de lancement d’une campagne de communication et création d’un numéro téléphonique national d’accès à l’information sur l’IVG

28 septembre 2015

Seul le prononcé fait foi


Mesdames, Messieurs,

En France, depuis plus de 40 ans, le droit des femmes à disposer de leur corps est reconnu : reconnu par la loi, reconnu par la société. Nos concitoyens y sont attachés : 9 Français sur 10 considèrent qu’il s’agit d’un droit fondamental. En cette journée internationale pour le droit à l’avortement, je veux dire ma détermination, en tant que ministre de la Santé, en tant que ministre des Droits des femmes, mais aussi en tant que femme et féministe, à promouvoir ce droit. Pour cela, j’ai fait le choix d’innover et de lancer de nouvelles initiatives. C’est le sens du premier programme national d’action en faveur de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse, que j’ai lancé en janvier dernier avec Pascale BOISTARD, qui est en ce moment à New-York, à l’occasion d’un sommet de l’ONU sur les femmes. J’avais alors défini trois axes d’action :

1)     Mieux informer les femmes sur leurs droits,

2)     Simplifier et améliorer leur parcours,

3)     Garantir une offre diversifiée sur tout le territoire.

Le numéro de téléphone national « Sexualités, contraception, IVG » et la campagne de communication pour le droit des femmes à disposer de leur corps, que je vous présente aujourd’hui, s’inscrivent dans cette dynamique.

I – Car au-delà des mots et des convictions, il faut que concrètement chaque femme qui le souhaite puisse avorter sans rencontrer d’obstacle. Ce combat, je le porte en tant que ministre depuis 3 ans.

Il a fallu faire tomber des barrières auxquelles les femmes sont confrontées avant d’avorter. Les barrières financières – j’ai permis le remboursement à 100% de l’IVG par l’Assurance maladie. Les barrières géographiques – je veille à ce que des centres IVG soient présents dans tous les territoires. Les barrières « pseudo-morales », enfin – nous avons supprimé de la loi la « notion de détresse », pour qu’il soit clair qu’une femme n’a pas à justifier sa demande d’IVG.

Il nous faut aller plus loin. Parce que certaines femmes rencontrent des difficultés. Et parce nous pouvons progresser.

Progresser, c’est ce que nous faisons avec le projet de loi de modernisation de notre système de santé. En permettant aux sages-femmes de pratiquer des IVG médicamenteuses et en permettant à des centres de santé de réaliser des IVG instrumentales. En supprimant le délai de réflexion, parce que les femmes n’ont pas à subir de pression, qu’elles sont responsables et capables de décider. Les oppositions ont été fortes mais nous avons tenu bon. Cela montre que, 40 ans après la loi Veil, l’accès à l’IVG ne va pas encore de soi pour tout le monde.

Simplifier et améliorer le parcours des femmes, leur garantir une offre diversifiée sur le territoire : ces deux objectifs du plan sont donc tenus.

IIRenforcer les droits des femmes suppose qu’elles en connaissent l’existence. Je veux donc mieux les informer sur leurs droits.

Le constat est sans appel : 4 Français sur 10 estiment ne pas être suffisamment informés sur l’IVG. Ce chiffre est issu d’une enquête réalisée par l’IFOP pour mon ministère.

Cette enquête révèle aussi que des idées reçues subsistent. Ou, plus que des idées reçues, que les conditions d’accès à l’IVG sont mal connues. Quelques résultats sont particulièrement significatifs :

  • plus de 4 Français sur 10 pensent que l’on ne peut avorter qu’à l’hôpital, alors que cela fait plus de dix ans que l’IVG médicamenteuse est accessible en ville ;
  • 1 Français sur 10 pense qu’une femme a besoin de l’accord de son partenaire pour avorter ;
  • Enfin, 1 Français sur 4 pense encore qu’une raison médicale ou psychologique est exigée pour pouvoir avorter.

Ces statistiques nous interpellent. Elles nous appellent à agir. Agir d’abord en luttant contre le discours moralisateur et culpabilisateur selon lequel les femmes ne devraient pas décider pour elles-mêmes. Ce discours, il se déploie chez nos voisins européens, mais aussi en France, notamment sur Internet. Son objectif ? Décourager les femmes d’avoir recours à une IVG.

Face à cela, ma détermination est totale et mon message est clair : le temps de la pression, de la menace et de l’intimidation est révolu. Chaque femme dispose de son corps librement et doit le savoir.

Agir aussi, en informant.

III. Que chaque femme connaisse mieux ses droits, c’est l’objet du numéro national et de la grande campagne d’information que je lance aujourd’hui

  • Cette campagne s’appuie d’abord sur le site internet ivg.gouv.fr.

Ce site a été créé il y a exactement deux ans, pour permettre aux femmes d’avoir facilement accès à une information neutre et objective sur l’avortement. Deux ans après, avec plus d’un million de visiteurs uniques et près de deux millions et demi de pages vues ce site est un succès. Aujourd’hui, nous en lançons une nouvelle version.

Il a été enrichi de nouveaux contenus. Par exemple, des vidéos dans lesquelles des professionnels de santé apportent des réponses aux questions les plus concrètes sur l’IVG : les délais, les méthodes ou encore les étapes du parcours.

  • Mais si l’information sur Internet est incontournable, elle ne suffit pas. C’est pourquoi, nous lançons aussi un numéro téléphonique national.

L’enquête dont je vous parlais fait apparaître qu’après les professionnels de santé et le Planning familial, les Français plébiscitent le téléphone comme moyen d’information. S’il existe actuellement des plateformes téléphoniques régionales, elles sont généralement mal identifiées. Et, comme je l’ai dit, nombre de numéros d’écoute n’informent pas, ils intoxiquent.

C’est pourquoi, comme je m’y étais engagée en janvier, je lance aujourd’hui le premier numéro national d’information consacré aux questions de sexualité, de contraception et d’IVG. Un seul numéro à retenir : le 0800 08 11 11.

Il est anonyme et gratuit. Il permet aux femmes de recevoir une information claire, d’être d’écoutées, mais aussi d’être orientées vers un professionnel ou un établissement de santé, si elles le demandent.

La gestion de ce numéro a été confiée au Planning familial, dont l’expérience, l’expertise et le professionnalisme sont unanimement reconnus. Je remercie vivement Véronique SEHIER, co-Présidente du Planning familial, pour sa présence aujourd’hui et pour son engagement à nos côtés dans la mise en œuvre de ce projet.

  • Enfin, parce qu’il est nécessaire de faire connaître ce numéro, mais aussi de lutter contre les préjugés et les tabous qui entourent encore l’IVG, je lance la première campagne nationale sur le droit des femmes à disposer de leur corps.

Cette campagne se déclinera sur divers supports pendant deux mois. Nous diffuserons deux annonces dans la presse et une affiche, qui sera disponible dans les établissements de santé, les plannings familiaux, les associations qui reçoivent des femmes.

« Mon corps, mon choix, mon droit ». « C’est ma vie, je choisis ». « Mon corps m’appartient ». « L’IVG, c’est mon droit ». Voici les slogans de cette campagne. J’ai voulu des slogans forts, des images éloquentes, j’ai voulu montrer des femmes qui s’approprient leurs droits, qui affirment haut et fort leur liberté.

Le message de cette campagne est clair : il n’y a rien de honteux à exercer ses droits, cela s’affirme et cela s’assume. Ce n’est ni dégradant, ni indigne, ni scandaleux. Je veux en profiter pour saluer la présence de Chloé PONCE-VOIRON, qui a posé pour l’un des visuels et témoigne dans la vidéo de la campagne, qui sera diffusée sur les réseaux sociaux.

Ce petit clip fait témoigner plusieurs femmes sur l’IVG et montre la place centrale qui est la leur dans le processus de décision.

Une version plus courte est également disponible.

Mesdames, Messieurs,

Ma conviction est qu’en matière de droits des femmes, rien n’est jamais acquis ; nous devons rester vigilants et continuer, sans relâche à défendre le droit à l’avortement. Le défendre, contre les caricatures et les préjugés, grâce à une meilleure information et une plus grande accessibilité. La mobilisation de toutes et tous est indispensable, celles des médias aussi. Les féminins, mais pas seulement. Et je suis certaine que cette grande cause saura trouver un écho favorable dans vos rédactions. Petit clin d’œil personnel : vous trouverez une décalcomanie dans votre sac. L’idée est de la coller sur votre bras, puis d’en faire une photo afin de la diffuser sur les réseaux sociaux avec le hashtag « IVG c’est mon droit ».

Je suis disponible pour répondre à vos questions.

Je vous remercie.

Author: Redaction