Vous pouvez lire ci-dessous un portrait de Marisol TOURAINE publié par l’AFP à l’issue du vote de la loi de modernisation de notre système de santé.
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On la dit « froide » et « autoritaire »… mais tenace. Honnie par les médecins, Marisol Touraine a résisté à une corporation difficile pour, après la réforme des retraites, décrocher un nouveau « bon point » politique avec l’adoption définitive de sa loi santé.
« Mon seul regret, c’est la longueur du processus » parlementaire, assure la ministre à l’AFP, dans son bureau donnant sur la tour Eiffel, plus d’un an après la présentation de son texte et à quelques jours de son dernier passage à l’assemblée.
Il faut dire que les médecins libéraux, remontés contre une loi « liberticide », selon eux, ont eu tout le temps d’exprimer leur mécontentement.
Grèves à répétition, manifestation rassemblant plus de 20.000 blouses blanches dans Paris en mars et, fait exceptionnel, mouvement unitaire de tous les syndicats lui ont quelque peu compliqué la tâche.
« C’est la ministre des occasions ratées et de la fausse concertation », résume l’un de ses plus fervents détracteurs, le Dr Jean-Paul Hamon, président du syndicat FMF.
« Elle aura au moins gagné ses galons de général d’armée », commente Claude Leicher, le président de MG France, principal syndicat de généralistes. « Il n’y a pas beaucoup de ministres qui ont osé affronter directement les syndicats médicaux et qui soient restés à leur place. »
De fait, Marisol Touraine, 56 ans, peut se targuer d’un exploit, toujours en poste au ministère de la Santé au bout de trois ans et demi -un record.
Décrite dans le monde politique comme « bosseuse » et « compétente », elle n’a jamais, contrairement à d’autres, fait de gaffe, à l’exception d’une remarque sur l’autorité de Jean-Marc Ayrault au début du quinquennat.
Et, « en dépit de son CV centre gauche, elle assure à elle toute seule la moitié des acquis de gauche de ce gouvernement », fait valoir l’ex-ministre de l’Education Benoît Hamon, évincé en août 2014.
L’ancienne strauss-khanienne, rompue aux questions sociales, a instauré le compte pénibilité, rappelle-t-il. A cette mesure phare d’une réforme des retraites votée sans ambages doit s’ajouter le tiers payant, « socle » de sa loi santé qui lui a valu le rejet unanime des médecins. « Sans elle, ce qui subsiste de digues serait tombé », renchérit le frondeur.
– ‘Disponible’ pour un autre portefeuille –
Fille du sociologue Alain Touraine et d’une dentiste chilienne, elle a grandi « dans une famille où la pression était très forte pour la réussite scolaire », raconte-t-elle. « Elle a pesé sur moi dès la naissance, si j’ose dire. »
En découle un parcours solide: normalienne, passée par Harvard et Sciences-Po, agrégée de sciences économiques et sociales, avant un tour au cabinet de Michel Rocard à Matignon et un premier mandat de députée en… Touraine, plus précisément en Indre-et-Loire, où elle est parachutée en 1997.
Reste qu’ »elle n’est pas intégrée dans le monde de la santé », pointe un responsable socialiste, jugeant qu’elle « souffre d’un manque d’empathie ». Question de « caractère », mais aussi la tare d’ »une grande fonctionnaire » qui « ne vit pas son sujet ».
Réputée « froide », la ministre sait en rire, même si cela l’ »affecte ». « Il n’y a pas beaucoup d’hommes dont on parle comme ça », dont on analyse la « psychologie », souligne cette mère de trois enfants mariée à un diplomate.
« C’est vrai, je ne fais pas de tape dans le dos! », lance-t-elle, ses yeux verts perçants grand ouverts. « Mais je ne pense pas que mes collaborateurs sont terrorisés à l’idée de venir travailler avec moi », plaisante-t-elle.
L’émotion a percé en avril, quand un député a repris, au détour d’un tweet, le surnom dégradant -MST- dont l’affublent les médecins les plus virulents. « Je ne suis ni imperméable, ni sourde, ni aveugle sur ce qui circule », avait-elle lancé, brandissant son « droit au respect ».
« C’est quelqu’un qui a cette espèce de rare qualité d’être à la fois sensible et solide », estime Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre parisien du Rond Point où la ministre se rend souvent.
Reste à savoir où elle emploiera sa solidité par la suite, la ministre se disant « disponible » pour d’autres dossiers en cas de remaniement.