Qu’il y a-t-il de commun entre Daniel Cohn Bendit, le libertaire écologiste et anti-nucléaire, François Bayrou, le centriste démocrate-chrétien européiste, Jean-Pierre Chevènement, le souverainiste étatiste de gauche anti-maastrichien, et Jean-Pierre Raffarin, le libéral de droite chiraquien pro-chinois… Il est difficile de trouver un échantillon de personnalités politiques aussi éloignées les unes des autres. Pire: ils se haïssent. Qui ne se souvient de Bayrou humiliant férocement Cohn Bendit sur un plateau de télévision pour d’anciennes déclarations favorables à la pédophilie? Et les noms d’oiseau échangés entre Chevènement et Cohn Bendit (« maurrassien », « libéral-libertaire »)? Pourtant ils ont aujourd’hui en commun leur soutien à la réélection de M. Macron. Ce n’est sûrement pas pour son bilan, ni pour ses idées ni pour son programme (qui les connaît d’ailleurs?). Comment des personnalités d’horizons aussi radicalement différents pourraient-elles se projeter ensemble dans le même projet? En fait, nous sommes dans l’alliance du vide et du néant, à l’image de la politique contemporaine. Ces hommes de la même génération n’ont pas fait alliance sous la bannière d’une idée commune, mais ils se retrouvent dans l’allégeance à un homme. M. Chevènement, rallié à un président-candidat prônant une « souveraineté européenne », il fallait le faire… Ils manifestent le besoin d’un chef, d’un guide, d’un protecteur, d’une sorte de grand-père qui aurait l’âge de leur petit-fils. Leur logique n’est pas celle du choix politique mais de la courtisanerie. La proximité du pouvoir suprême – peu importe son contenu – les flatte, les caresse, les enivre. Opportunisme: si Mme Pécresse avait été bien placée dans les sondages, c’est à elle que M. Raffarin se serait rallié. Qu’en attendent-ils? Peut-être pas des postes de ministre (à leur âge) mais une reconnaissance, des invitations à dîner, sms nocturnes sollicitant leur avis, des compliments et des flatteries. Ils ne pensent pas, ils ne réfléchissent pas, ils ne croient pas. Ils admirent, font allégeance, se soumettent… Et moi (qui ai connu un tout autre JPC), je trouve cela misérable.
MT