Samedi après-midi, privé de tennis par une méchante tendinite, je me suis promené en vélo dans la région parisienne. Au bord de la route nationale 19, sous une bretelle d’autoroute, je longe un haut mur surmonté de fils de fer barbelés (authentique). J’aperçois une jeune fille qui porte à bout de bras un énorme bidon d’eau et qui contourne ce mur par une petite allée. Intrigué, je pose ma bécane et la suis. Derrière, je découvre une multitude d’enfants en haillons qui jouent parmi les carcasses de véhicules, les détritus et les tentes de fortunes : un camp de Roms. Certes, ils ne gênent strictement personne, invisibles sur ce terrain vague, presque sous l’autoroute, entre deux communes. Mais bon sang, un tel bidonville insalubre, bien dissimulé, dans la France du XXIème siècle, comment est-ce possible ? Hypocrisie toujours. Il y a quelques années, deux décennies plus exactement, la France entrait en fureur pour s’opposer au « smic jeunes », mais aujourd’hui, que ce passe-t-il d’autre avec ce foisonnement de stages à quelque 450 euros, moins de la moitié du smic, qui permettent d’occuper la jeunesse. Une génération de militants socialistes est née sur le terreau du refus de la sélection à l’entrée de l’université. La sélection, où est-elle? Entre les grandes écoles et les universités de type science po qui la pratiquent ouvertement et donnent des débouchés à leurs élèves et les facultés de type sciences humaines, qui s’y refusent avec fanatisme et poussent ainsi des milliers de jeunes dans l’impasse. Ce ne sont que des exemples. La tartufferie a envahi la vie politico-médiatique aujourd’hui arc-boutée sur la mise valeur d’un parti protestataire – on ne voit que lui sur les écrans – pour brouiller les cartes et rendre impossible une future alternance, tout en faisant semblant, hypocritement, faussement, de le maudire et le diaboliser. Le pays de l’hypocrisie ? Voilà ce que devient notre pauvre France.
Maxime TANDONNET
