Appel d’un professeur de philosophie

La classe de philosophie, exception française dans le monde, ne doit pas disparaître ! Lettre ouverte des professeurs de philosophie

Monsieur le Ministre,
En maintenant la philosophie parmi les épreuves finales du baccalauréat, et en lui octroyant quatre heures dans le tronc commun en classe terminale, vous avez cru traiter cette discipline avec égard, au point d’affirmer qu’elle est, de toutes les disciplines enseignées au lycée, « la plus renforcée » par la réforme que vous avez engagée. Nous ne mettons évidemment pas en doute la sincérité de votre opinion à ce sujet, mais nous avons le devoir de lui préférer la vérité : par les mesures que vous envisagez de prendre, la classe de philosophie, héritière d’une longue tradition et exception française dans le monde, est bel et bien sur le point de disparaître. Nous sommes convaincus que vous ne voulez pas associer votre nom, ni celui du Président de la République, à un tel désastre. C’est pourquoi nous entreprenons de vous expliquer en quoi ce qui semble être à vos yeux et à ceux du profane un traitement de faveur constitue en réalité une détérioration grave et sans précédent des conditions dont jouissait la philosophie dans l’école de la République. Le cœur de l’école et le fondement de l’instruction sont constitués, d’abord et principalement, par les disciplines. Aucune d’entre elles n’est figée et chacune évolue selon ses spécificités, que ce soit en intégrant les apports de la recherche ou en tenant compte des évolutions de la société et des changements intervenus dans le monde. Elles ont cependant, chacune, des exigences inhérentes à la nature de leur objet, exigences lentement mûries au sein d’une solide tradition académique que nul geste administratif ne peut ignorer sans devenir arbitraire, pour ne pas dire meurtrier. La philosophie, de ce point de vue, doit être traitée comme toutes les disciplines, et ce n’est pas réclamer un quelconque privilège que d’exiger qu’on tienne compte de sa spécificité. La première caractéristique de la philosophie, aussi bien comme pratique culturelle que comme discipline scolaire, est de ne pas être une spécialité. Toute la philosophie, dont il ne faut pas chercher une définition ailleurs que chez les philosophes, ne cesse d’affirmer, au cours de sa glorieuse histoire qui n’est pas terminée, cette nature de discipline universelle, rien de ce qui est humain ne lui étant étranger. La classe de philosophie au lycée est le fruit de cette tradition : ce n’est pas de son objet mais bien de sa méthode que cette discipline tire son identité et partant son unité. De cette spécificité, il résulte plusieurs exigences que votre réforme ne prend pas du tout en considération :

1/ L’enseignement de la philosophie au lycée, quel que soit le volume horaire qui lui est attribué, est forcément élémentaire et ne peut que le rester. Une « spécialité philosophie » dans le cadre de cet enseignement élémentaire est donc un non-sens. D’ailleurs, sa mise en œuvre suffit à en établir l’absurdité : comment peut-on imaginer que des élèves suivent en première, au titre d’un enseignement de spécialité, ce qu’ils seront ensuite amener à découvrir avec leurs pairs en terminale au titre des enseignements communs ?

2/ Le programme de philosophie n’est pas un programme de matières dont on pourrait extraire des morceaux et répartir l’enseignement sur plusieurs niveaux de la scolarité, en l’occurrence entre la classe de première et celle de terminale. La consistance de la philosophie, comme discipline scolaire et comme activité intellectuelle, repose sur l’unité du cours de philosophie, dispensé par un professeur philosophiquement responsable, et c’est uniquement la cohérence de son cours qui permet de faire d’un programme qui n’est d’emblée qu’une liste de mots un ensemble de notions.

3/ Un enseignement consistant, pour une discipline qui est aussi difficile que n’importe quelle autre, mais que sa nature ne permet pas d’enseigner par morceaux, exige un horaire également consistant. Jusqu’à présent, la série littéraire conservait, avec les huit heures hebdomadaires de philosophie qui y sont dispensées, la caractéristique de ce qui fut jadis la classe de terminale, nommée « classe de philosophie » en raison de ses dix heures hebdomadaires de philosophie. La série B (avant la création de la série ES) jouissait quant à elle de cinq heures de philosophie, et les séries scientifiques, inexplicablement exclues des Humanités, devaient se contenter de trois heures. C’est d’ailleurs dans ce cadre, et en raison de cet absurde déséquilibre, que les professeurs de philosophie ont toujours revendiqué un horaire de quatre heures au minimum pour tous. Monsieur le Ministre, donner quatre heures de philosophie à tous les lycéens, comme vous y consentez dorénavant, ne revient pas à satisfaire la revendication ci-dessus, car votre réforme censée privilégier la philosophie consiste d’une part à n’augmenter que d’une heure son enseignement là où il était de trois heures dans les séries scientifiques, mais surtout à détruire son unité et réduire son horaire par la substitution, à ce qu’il restait de la classe de philosophie, d’une improbable spécialité censée prendre le relais de la série littéraire.

4/Ajoutons que cette spécialité, dont nous venons d’établir qu’elle est contraire à la nature de cette discipline et que sa mise en œuvre engendre des absurdités, est également un leurre. Vous savez fort bien en effet, et nous le savons tous, que les élèves qui sont actuellement en série littéraire ne sont pas, pour l’immense majorité, des littéraires. Vous savez donc très bien que seule une minorité choisira la spécialité que vous créez, et qui n’est d’ailleurs même pas une spécialité digne de ce nom, mais un objet non-identifié qui assigne à résidence la philosophie dans une cohabitation que tous les professeurs de philosophie jugent arbitraire et contraire à leur pratique autant que leur conception de la philosophie, la plupart d’entre nous ayant une solide formation épistémologique et réclamant une présence accrue de la philosophie dans la formation des futurs ingénieurs ou des futurs médecins, d’accord en cela avec Descartes, pour qui les philosophes « littéraires » se distinguent surtout par « un art de parler vraisemblablement de toutes choses » auquel on aura raison de préférer de plus sérieuses occupations. Vous savez donc fort bien qu’en réalité, en accordant quatre heure à la philosophie dans le tronc commun, vous faites un geste positif, et que nous saluons, pour corriger le déséquilibre actuel, mais que vous nous le faites payer très cher, en détruisant la classe de philosophie de huit heures qui, dans les faits et malgré les difficultés propres à cette série, fonctionne très bien.

5/Nous disons dans les faits et insistons : c’est qu’il faut de temps en temps se référer au terrain et s’inquiéter de ce que des décisions, prises abstraitement sur le papier, entraînent concrètement dans les faits. Ainsi, la possibilité d’enseigner à raison de huit heures par semaine avec une même classe est ce qui permet à tous les professeurs de philosophie, tour à tour, de faire d’authentiques cours de philosophie pendant lesquels le professeur apprend ce qu’il enseigne, illustrant la formule d’Aristote qui définit l’enseignement comme l’acte commun du maître et de l’élève ; autrement dit, concrètement, de prendre le temps de lire et faire lire des œuvres, et non de simples extraits, ainsi que celui de faire des digressions utiles, toutes choses dont ils font ensuite bénéficier leurs élèves des autres séries, y compris ceux des séries technologiques : avoir une L dans leur service tire leur enseignement vers le haut, et tous en profitent.

6/ Enfin, vous présentez comme une faveur le fait d’avoir maintenu la philosophie comme épreuve finale « universelle », qualificatif abondamment utilisé par les médias et qui n’a pas d’autre effet, en réalité, que de désigner la philosophie, auprès du vulgaire, comme une discipline une fois de plus « privilégiée ». Mais voyons de plus près : en raison du contrôle continu et de l’anticipation d’un grand nombre d’épreuves, 92% de leur examen sera déjà joué lorsque les candidats se présenteront à l’épreuve écrite de philosophie ! Alors permettez-nous de considérer que, loin d’être « privilégiée », la philosophie est bel et bien marginalisée par votre réforme du baccalauréat, où elle devient une épreuve sans réel enjeu alors qu’elle est présentement la première épreuve de l’examen en terminale ! Et la classe de philosophie disparaît bel et bien dans votre réforme du lycée, qui ne va pas jusqu’au bout de sa propre inspiration. Car, votre inspiration initiale est certainement excellente et nous sommes capables de trouver plusieurs dispositions, tant dans la réforme du baccalauréat que dans celle du lycée, intéressantes et allant dans le bon sens, dont cette suppression des séries et des effets pervers qu’elles induisent que sont l’orientation subie ou par défaut. Encore fallait-il aller jusqu’au bout de votre logique et de votre inspiration, pour que de bonnes intentions ne deviennent pas les pavés d’un chemin conduisant les professeurs en enfer à marche forcée !

7/C’est pourquoi nous exprimons avec clarté et en notre nom propre qu’il serait préférable, à tout point de vue, de supprimer la philosophie des enseignements de spécialité (ce qui n’empêchera pas, au travers de dispositifs tels que l’EMC ou d’autres, que ceux d’entre nous qui mènent déjà des projets d’initiation en amont de la terminale les poursuivent) et en même temps d’affirmer clairement son caractère d’enseignement commun ou de discipline universelle en le dotant de cinq heures pour tous : ainsi seraient respectées les exigences inhérentes à notre discipline telles que nous venons de les rappeler succinctement. Et ainsi serait également désamorcées les querelles de marchands de tapis entre les représentants de telle ou telle discipline qui jugeraient à tort que la philosophie jouit, dans l’état actuel de votre réforme, d’un traitement de faveur !

8/Il va de soi, en tout cas, que la maquette actuelle n’est pas satisfaisante, qu’elle suscite des réclamations de toute part, et que la façon dont les uns et les autres frappent à votre porte pour obtenir un meilleur traitement, en n’hésitant pas à faire argument de celui dont est censé bénéficier la philosophie alors qu’il n’en est rien, ne peut rien donner de bon non plus. Seules une vision d’ensemble claire, fondée sur des principes intangibles et consacrés, et une prise en compte plus attentive des difficultés qu’on veut résoudre sur le terrain, permettra de vaincre les résistances et de susciter l’indispensable consensus parmi les professeurs, sans lequel votre réforme sera un échec de plus.

René CHICHE professeur agrégé de philosophie

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Author: Redaction

Appel d’un professeur de philosophie

La classe de philosophie, exception française dans le monde, ne doit pas disparaître ! Lettre ouverte des professeurs de philosophie

Monsieur le Ministre,
En maintenant la philosophie parmi les épreuves finales du baccalauréat, et en lui octroyant quatre heures dans le tronc commun en classe terminale, vous avez cru traiter cette discipline avec égard, au point d’affirmer qu’elle est, de toutes les disciplines enseignées au lycée, « la plus renforcée » par la réforme que vous avez engagée. Nous ne mettons évidemment pas en doute la sincérité de votre opinion à ce sujet, mais nous avons le devoir de lui préférer la vérité : par les mesures que vous envisagez de prendre, la classe de philosophie, héritière d’une longue tradition et exception française dans le monde, est bel et bien sur le point de disparaître. Nous sommes convaincus que vous ne voulez pas associer votre nom, ni celui du Président de la République, à un tel désastre. C’est pourquoi nous entreprenons de vous expliquer en quoi ce qui semble être à vos yeux et à ceux du profane un traitement de faveur constitue en réalité une détérioration grave et sans précédent des conditions dont jouissait la philosophie dans l’école de la République. Le cœur de l’école et le fondement de l’instruction sont constitués, d’abord et principalement, par les disciplines. Aucune d’entre elles n’est figée et chacune évolue selon ses spécificités, que ce soit en intégrant les apports de la recherche ou en tenant compte des évolutions de la société et des changements intervenus dans le monde. Elles ont cependant, chacune, des exigences inhérentes à la nature de leur objet, exigences lentement mûries au sein d’une solide tradition académique que nul geste administratif ne peut ignorer sans devenir arbitraire, pour ne pas dire meurtrier. La philosophie, de ce point de vue, doit être traitée comme toutes les disciplines, et ce n’est pas réclamer un quelconque privilège que d’exiger qu’on tienne compte de sa spécificité. La première caractéristique de la philosophie, aussi bien comme pratique culturelle que comme discipline scolaire, est de ne pas être une spécialité. Toute la philosophie, dont il ne faut pas chercher une définition ailleurs que chez les philosophes, ne cesse d’affirmer, au cours de sa glorieuse histoire qui n’est pas terminée, cette nature de discipline universelle, rien de ce qui est humain ne lui étant étranger. La classe de philosophie au lycée est le fruit de cette tradition : ce n’est pas de son objet mais bien de sa méthode que cette discipline tire son identité et partant son unité. De cette spécificité, il résulte plusieurs exigences que votre réforme ne prend pas du tout en considération :

1/ L’enseignement de la philosophie au lycée, quel que soit le volume horaire qui lui est attribué, est forcément élémentaire et ne peut que le rester. Une « spécialité philosophie » dans le cadre de cet enseignement élémentaire est donc un non-sens. D’ailleurs, sa mise en œuvre suffit à en établir l’absurdité : comment peut-on imaginer que des élèves suivent en première, au titre d’un enseignement de spécialité, ce qu’ils seront ensuite amener à découvrir avec leurs pairs en terminale au titre des enseignements communs ?

2/ Le programme de philosophie n’est pas un programme de matières dont on pourrait extraire des morceaux et répartir l’enseignement sur plusieurs niveaux de la scolarité, en l’occurrence entre la classe de première et celle de terminale. La consistance de la philosophie, comme discipline scolaire et comme activité intellectuelle, repose sur l’unité du cours de philosophie, dispensé par un professeur philosophiquement responsable, et c’est uniquement la cohérence de son cours qui permet de faire d’un programme qui n’est d’emblée qu’une liste de mots un ensemble de notions.

3/ Un enseignement consistant, pour une discipline qui est aussi difficile que n’importe quelle autre, mais que sa nature ne permet pas d’enseigner par morceaux, exige un horaire également consistant. Jusqu’à présent, la série littéraire conservait, avec les huit heures hebdomadaires de philosophie qui y sont dispensées, la caractéristique de ce qui fut jadis la classe de terminale, nommée « classe de philosophie » en raison de ses dix heures hebdomadaires de philosophie. La série B (avant la création de la série ES) jouissait quant à elle de cinq heures de philosophie, et les séries scientifiques, inexplicablement exclues des Humanités, devaient se contenter de trois heures. C’est d’ailleurs dans ce cadre, et en raison de cet absurde déséquilibre, que les professeurs de philosophie ont toujours revendiqué un horaire de quatre heures au minimum pour tous. Monsieur le Ministre, donner quatre heures de philosophie à tous les lycéens, comme vous y consentez dorénavant, ne revient pas à satisfaire la revendication ci-dessus, car votre réforme censée privilégier la philosophie consiste d’une part à n’augmenter que d’une heure son enseignement là où il était de trois heures dans les séries scientifiques, mais surtout à détruire son unité et réduire son horaire par la substitution, à ce qu’il restait de la classe de philosophie, d’une improbable spécialité censée prendre le relais de la série littéraire.

4/Ajoutons que cette spécialité, dont nous venons d’établir qu’elle est contraire à la nature de cette discipline et que sa mise en œuvre engendre des absurdités, est également un leurre. Vous savez fort bien en effet, et nous le savons tous, que les élèves qui sont actuellement en série littéraire ne sont pas, pour l’immense majorité, des littéraires. Vous savez donc très bien que seule une minorité choisira la spécialité que vous créez, et qui n’est d’ailleurs même pas une spécialité digne de ce nom, mais un objet non-identifié qui assigne à résidence la philosophie dans une cohabitation que tous les professeurs de philosophie jugent arbitraire et contraire à leur pratique autant que leur conception de la philosophie, la plupart d’entre nous ayant une solide formation épistémologique et réclamant une présence accrue de la philosophie dans la formation des futurs ingénieurs ou des futurs médecins, d’accord en cela avec Descartes, pour qui les philosophes « littéraires » se distinguent surtout par « un art de parler vraisemblablement de toutes choses » auquel on aura raison de préférer de plus sérieuses occupations. Vous savez donc fort bien qu’en réalité, en accordant quatre heure à la philosophie dans le tronc commun, vous faites un geste positif, et que nous saluons, pour corriger le déséquilibre actuel, mais que vous nous le faites payer très cher, en détruisant la classe de philosophie de huit heures qui, dans les faits et malgré les difficultés propres à cette série, fonctionne très bien.

5/Nous disons dans les faits et insistons : c’est qu’il faut de temps en temps se référer au terrain et s’inquiéter de ce que des décisions, prises abstraitement sur le papier, entraînent concrètement dans les faits. Ainsi, la possibilité d’enseigner à raison de huit heures par semaine avec une même classe est ce qui permet à tous les professeurs de philosophie, tour à tour, de faire d’authentiques cours de philosophie pendant lesquels le professeur apprend ce qu’il enseigne, illustrant la formule d’Aristote qui définit l’enseignement comme l’acte commun du maître et de l’élève ; autrement dit, concrètement, de prendre le temps de lire et faire lire des œuvres, et non de simples extraits, ainsi que celui de faire des digressions utiles, toutes choses dont ils font ensuite bénéficier leurs élèves des autres séries, y compris ceux des séries technologiques : avoir une L dans leur service tire leur enseignement vers le haut, et tous en profitent.

6/ Enfin, vous présentez comme une faveur le fait d’avoir maintenu la philosophie comme épreuve finale « universelle », qualificatif abondamment utilisé par les médias et qui n’a pas d’autre effet, en réalité, que de désigner la philosophie, auprès du vulgaire, comme une discipline une fois de plus « privilégiée ». Mais voyons de plus près : en raison du contrôle continu et de l’anticipation d’un grand nombre d’épreuves, 92% de leur examen sera déjà joué lorsque les candidats se présenteront à l’épreuve écrite de philosophie ! Alors permettez-nous de considérer que, loin d’être « privilégiée », la philosophie est bel et bien marginalisée par votre réforme du baccalauréat, où elle devient une épreuve sans réel enjeu alors qu’elle est présentement la première épreuve de l’examen en terminale ! Et la classe de philosophie disparaît bel et bien dans votre réforme du lycée, qui ne va pas jusqu’au bout de sa propre inspiration. Car, votre inspiration initiale est certainement excellente et nous sommes capables de trouver plusieurs dispositions, tant dans la réforme du baccalauréat que dans celle du lycée, intéressantes et allant dans le bon sens, dont cette suppression des séries et des effets pervers qu’elles induisent que sont l’orientation subie ou par défaut. Encore fallait-il aller jusqu’au bout de votre logique et de votre inspiration, pour que de bonnes intentions ne deviennent pas les pavés d’un chemin conduisant les professeurs en enfer à marche forcée !

7/C’est pourquoi nous exprimons avec clarté et en notre nom propre qu’il serait préférable, à tout point de vue, de supprimer la philosophie des enseignements de spécialité (ce qui n’empêchera pas, au travers de dispositifs tels que l’EMC ou d’autres, que ceux d’entre nous qui mènent déjà des projets d’initiation en amont de la terminale les poursuivent) et en même temps d’affirmer clairement son caractère d’enseignement commun ou de discipline universelle en le dotant de cinq heures pour tous : ainsi seraient respectées les exigences inhérentes à notre discipline telles que nous venons de les rappeler succinctement. Et ainsi serait également désamorcées les querelles de marchands de tapis entre les représentants de telle ou telle discipline qui jugeraient à tort que la philosophie jouit, dans l’état actuel de votre réforme, d’un traitement de faveur !

8/Il va de soi, en tout cas, que la maquette actuelle n’est pas satisfaisante, qu’elle suscite des réclamations de toute part, et que la façon dont les uns et les autres frappent à votre porte pour obtenir un meilleur traitement, en n’hésitant pas à faire argument de celui dont est censé bénéficier la philosophie alors qu’il n’en est rien, ne peut rien donner de bon non plus. Seules une vision d’ensemble claire, fondée sur des principes intangibles et consacrés, et une prise en compte plus attentive des difficultés qu’on veut résoudre sur le terrain, permettra de vaincre les résistances et de susciter l’indispensable consensus parmi les professeurs, sans lequel votre réforme sera un échec de plus.

René CHICHE professeur agrégé de philosophie

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