Marisol TOURAINE a répondu aux questions d’Elsa MARI et Florence MEREO, journalistes au Parisien, pour une interview consacrée au logo nutritionnel, publiée dans l’édition du mercredi 15 mars.
Vous pouvez lire l’interview ci-dessous ou sur le site du Parisien en cliquant ici.
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La ministre de la Santé, Marisol Touraine, nous dévoile le nouveau système d’étiquetage qui sera apposé dès avril sur les produits alimentaires en grande distribution. Mais cette vignette reste facultative.
C‘était un choix très attendu. Après une longue polémique sur le système d’étiquetage des aliments, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, nous a reçus lundi pour nous annoncer, en exclusivité, le nouveau logo nutritionnel. Prévu dans la loi Santé, ce logo simplifié fera son apparition début avril dans les supermarchés.
Il doit permettre d’indiquer aux consommateurs la valeur nutritionnelle d’un produit, bien loin des étiquettes illisibles.
Quel logo figurera sur les produits industriels ?
MARISOL TOURAINE. Les résultats des études viennent de montrer que le plus pertinent des logos pour aider à manger sainement est le Nutri-Score. Cette vignette va du vert à l’orange foncé en fonction de la qualité du produit, type plats cuisinés ou sodas. C’est celle-là qui a donc été choisie. On a testé quatre pictogrammes pendant dix semaines lors d’une expérimentation dans soixante supermarchés dès septembre. Résultat : la qualité du panier moyen d’achat a le plus augmenté avec le Nutri-Score. En clair, les consommateurs ont été davantage attentifs et ont privilégié des aliments plus sains. En avril, je prendrai donc un arrêté pour que les industriels puissent apposer ce logo sur les paquets dans les rayons de supermarchés.
Quel est l’objectif d’une telle mesure ?
Une bonne alimentation est un facteur de bonne santé. Or, il y a 30 % d’adultes en surpoids, 15 % en obésité. Les familles défavorisées sont les plus touchées. Il y a aujourd’hui tellement d’indications sur les produits qu’elles sont trop difficiles à analyser. Il faut une information lisible afin que tout le monde s’y retrouve en un coup d’œil. L’idée n’est pas de dire aux gens de choisir entre un yaourt ou une pizza mais de leur dire laquelle des pizzas présentes dans les rayons est la moins grasse et salée. J’ai moi-même revu ma façon de consommer : je privilégie certaines céréales à d’autres. Cet étiquetage n’a pas pour objectif de dire aux Français : «Arrêtez les produits gras et sucrés» mais de donner à chacun les armes appropriées pour se protéger.
Sauf que ce logo reste facultatif. Si chaque industriel fait ce qu’il veut, cette mesure peut-elle être efficace ?
Certes, je ne peux pas leur imposer. Les règles européennes ne le permettent pas. Je le regrette mais c’est ainsi. Je compte sur la pression des consommateurs, qui demandent à être informés, pour que les industriels s’engagent dans cette voie. Certains joueront le jeu et cela aura un effet boule de neige. On ne peut pas parler de santé publique et ne pas être transparent. Aujourd’hui, tout le monde parle de prévention, c’est l’avenir de la santé.
Pourtant, l’Anses, gendarme de l’alimentation, doute de la pertinence de l’étiquetage pour diminuer obésité et diabète…
C’est précisément parce qu’il y a eu des interrogations qu’on a fait des études. Pour la première fois, l’intérêt de l’étiquetage nutritionnel est démontré. C’est totalement nouveau en France. Une intuition se dégage à l’échelle mondiale : pour lutter contre le surpoids, il faut simplifier l’information sur les emballages.
Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a jugé ce système d’étiquetage «trop stigmatisant». Que répondez-vous ?
Il y a eu beaucoup de débats, d’obstacles et de faux procès. Je suis restée sereine. Je ne suis pas dans la revanche et je suis heureuse de passer de l’intuition à la démonstration. Je ne souhaite pas bannir le plaisir de manger et de partager. On a le droit à des excès, je ne vais pas mettre une étiquette sur de la crème au beurre d’une pâtisserie de quartier. Je veux seulement donner à chacun le moyen de choisir.