A plusieurs reprises depuis un an, nous avons dénoncé ici le caractère outrageusement liberticide de la loi dite Avia qui rétablit la censure préalable au prétexte de lutter contre la haine, dans des conditions invraisemblable, rompant avec la tradition démocratique et libérale fondée sur la responsabilité de chacun dans l’expression de ses propos et la sanction judiciaire en cas d’abus de ce droit (diffamation, injure, appel à la haine). J’écrivais, à la suite du vote définitif de cette loi: « Que des journalistes d’une certaine presse soient serviles envers le pouvoir au point d’accepter une telle atteinte à leur propre liberté d’expression est lamentable. Je souhaite de tout coeur que cette loi liberticide soit déclarée inconstitutionnelle ». Ce vœux a été exhaussé puisque le Conseil Constitutionnel vient de censurer cette loi violemment liberticide. Que les parlementaires auteurs de la saisine du CC en soient remerciés. Reste qu’une majorité s’est trouvée à l’Assemblée nationale pour voter une telle loi et que le pouvoir exécutif l’a soutenue. Il faut y voir deux possibilités: soit un niveau général de bêtise et d’inculture tel que la classe dirigeante au pouvoir n’est même plus capable de sentir le caractère monstrueusement antidémocratique d’une telle loi; soit une véritable volonté dissimulée de saper les fondements de la république française pour autre chose, comme une sorte de régime autocratique fondé sur le culte de la personnalité. Ou un savant mélange des deux… En tout cas, les auteurs de ce nouveau désastre politique sont toujours en place; pour combien de temps?
Maxime TANDONNET