Il vient de se passer un phénomène étrange dans notre pays. Le parti socialiste a tenu hier un meeting « contre l’extrémisme ». On pourrait imaginer que cette formation politique ait eu l’idée géniale d’organiser une manifestation publique en faveur de la tolérance et de la modération, ce dont notre pays aurait le plus grand besoin. Or, quels sont les mots qui en sont ressortis : « racistes, xénophobes, égoïstes compulsifs, archaïques, obsédés des ennemis, offensive réactionnaire et anti républicaine de la part du bloc droitier », etc. Voici un PS au bout du rouleau, accablé par les échecs, l’explosion du chômage dont il est en partie responsable par sa politique fiscale, confronté à une impasse politique totale, qui au nom de la lutte contre l’extrémisme, verse lui-même dans l’extrémisme le plus outrancier. Il ne vise personne en particulier mais ce qui lui rappelle la "manif pour tous", se voyant encerclé de monstres réactionnaires. Il n’est pas le seul d’ailleurs, cette tendance à la paranoïa qui consiste à insulter et lyncher tout ce qui dévie de la ligne officielle ne fait que s’amplifier avec la crise, comme le montre la une du Point, traitant de « néocons » les personnalités exprimant un point de vue critique vis-à-vis de l’évolution du monde, appliquant le principe d’amalgame qui est un vieil outil des plus extrémistes. L’espoir, l’envie de continuer, il ne faut surtout pas les chercher dans ce monde politico-médiatique qui est devenu fou, mais dans la vie quotidienne. En ce moment, par exemple, je travaille sur les banlieues les plus déshéritées et les plus éloignées de tout. Dans des conditions épouvantables, l’exclusion de masse, la violence, le chaos, la pauvreté absolue, la misère sociale la plus sombre, je fais la connaissance de personnes remarquables, qui ne sont pas des héros, mais de simples citoyens désireux de faire leur devoir, parmi les principaux de collège, des petits commerçants, les policiers, élus, travailleurs sociaux. Ceux-là, je vous assure, il vaut mieux ne pas leur parler du monde politico-médiatique actuel, d’aucun parti, qu’il soit soi-disant "socialiste" soi-disant "national" ou autre. Ce n’est même pas de l’écœurement qu’ils éprouvent vis à vis de ce monde politico-médiatique et de ses partis, mais pire: de l’indifférence.
Maxime TANDONNET