Un tabou absolu

Le sujet est absolument tabou dans les élites politiques, médiatiques et intellectuelles françaises. Il est quasiment impossible d’en parler aujourd’hui, même aux esprits les plus éclairés et les plus ouverts, les plus brillants intellectuels. Quand on évoque la question, ils ouvrent de grands yeux ahuris. Il est impossible d’esquisser la moindre allusion à ce sujet sans passer au mieux pour un simplet au pire pour un fou. Le système présidentiel rend la France bête et méchante. Il produit les Mélenchon, le Pen et Macron. Il abrutit sournoisement le pays. En effet, la vie politique consiste désormais, à travers le régime présidentiel, à choisir une idole, un gourou, un supposé père de la nation. Il efface donc la réflexion sur l’avenir du pays, le débat d’idées et les choix de société. Il valorise l’émotionnel – aimer ou détester un personnage – au détriment de la pensée. Il transforme ainsi la démocratie en autocratie. Il engendre la division et la haine autour des plus bas instincts de foule consistant à se donner un chef de horde. Il favorise la démagogie en poussant aux promesses nuisibles pour être élu ou rester en place. Il substitue l’adoration d’un gourou à la notion de bien commun et d’intérêt général. Il engendre la fracture démocratique en sublimant un personnage hors sol déconnecté de la réalité. Il pousse à la folie des grandeurs et à la démence mégalomane. Sous l’apparence de la stabilité, il engendre l’irresponsabilité et l’inamovibilité. Il dispense l’illusion de l’autorité à travers l’image (fausse) du chef tout puissant pour couvrir la déliquescence d’une société. Il est à la source de la transformation de la politique en Grand-Guignol médiatique. Décennie après décennie la France s’enfonce dans le chômage, la pauvreté, la violence, la dette publique et pire, l’effondrement du niveau scolaire. Mais jamais il ne viendra à personne l’idée de se demander: au fond qu’est-ce qui ne va pas? Les bien-pensants répondent: il faut bien « incarner! » Mais incarner quoi? La bêtise nationale d’un pays qui roule à l’abîme? Ce que je dis est la vérité – l’évidence même – mais une vérité inaudible. Même l’espoir de faire bouger les esprits quasi inexistant.

Maxime TANDONNET

Author: Redaction