Voici ci-dessous une copie de mon article, publié ce matin par le Figaro concernant les agressions envers les chefs de l’Etat en France et le coup porté au président actuel hier dans la Drôme. De fait, la tonalité de nombreux commentaires qui relativisent la portée de ce geste est étonnante. Les assassinats ou tentatives d’assassinat de présidents sont d’une toute autre nature (commis par des tueurs étrangers ou dans le cadre de complots terroristes orchestrés). L’agression spontanée, emblématique visant à faire mal et humilier lors d’un bain de foule relève d’une autre logique. or, ce genre d’agression physique en 150 ans d’histoire de la présidence de la République est extrêmement rare: moins d’une demi douzaine sur des milliers et des milliers d’heures de bain de foule. Par delà les sentiments d’adhésion ou de rejet, les Français ont presque toujours respecté l’intégrité physique de leurs chefs de l’Etat. En outre, un coup porté au visage, une gifle, manifeste un degré d’agressivité et d’hostilité – envie de faire mal et d’humilier – bien supérieur à une bousculade ou une saisie par le col. Pour trouver un tel équivalent de coup porté à un chef de l’Etat (avec volonté d’humilier non de tuer), il faut remonter au tout début du XXe siècle comme le souligne cet article. Tout ceci pour dire que l’événement ne doit pas être pris à la légère: il reflète une décomposition de l’esprit public, un déclin du prestige présidentiel, de l’autorité politique et un chaos moral sans précédent depuis fort longtemps dont la responsabilité essentielle incombe aux dirigeants en charge du pays.