Un minimum de cohérence ne ferait pas de mal

Quand il était commissaire européen, M. Michel Barnier affirmait: «  Nous devons nous préparer à la possibilité d’un afflux plus massif encore   […] La réponse n’est sûrement pas dans la fermeture de nos frontières nationales, dans le recroquevillement ou l’attitude de se barricader, elle est dans davantage d’Europe.  »  (9 octobre 2013)

Maintenant qu’il est candidat virtuel à la présidence de la République, il déclare au contraire: « Il faut décider dans ce pays un moratoire en matière d’immigration », de « trois à cinq ans », pour « prendre le temps de vérifier, d’évaluer, le cas échéant de changer, les procédures et les pratiques », (Grand Jury pour RTL, LCI et Le Figaro). « Il y a des liens » entre l’immigration et « les réseaux terroristes qui utilisent les flux migratoires, qui les infiltrent », a-t-il fait valoir. Il a également précisé sur l’immigration « qu’il faudra à la fin changer la Constitution sur certains points, notamment pour avoir plus de marge par rapport à des textes ou des règlements européens » sans toutefois rentrer dans les détails.

« Moratoire en matière d’immigration » ne veut absolument rien dire. Le niveau de flux d’immigration ne se décrète pas. La formule claque mais n’a de fait aucun sens. Pour parvenir à maîtriser l’immigration il faudrait un travail de titan, une volonté et un courage implacables sur le long terme pour réduire les passeurs esclavagistes, reprendre le contrôle des frontières, de l’asile et de l’immigration familiale. Il faudrait une force de caractère peu commune pour affronter de plein fouet le matraquage idéologique. Les slogans les plus clinquants ne font qu’aggraver les problèmes à l’image du mythe de « l’immigration zéro » dont la notion de « moratoire » n’est qu’une déclinaison tout aussi irréaliste.

Enfin il est absolument sidérant, stupéfiant d’entendre l’homme politique français le plus fanatiquement européïste depuis 30 ans, en appeler aujourd’hui à réformer la Constitution pour limiter la portée du droit européen. Cela démontre peut-être une prise de conscience, tardive et soudaine qui reflète un mouvement de l’air du temps. D’ailleurs, M. Barnier a le droit de changer d’avis au vu des circonstances. Mais à condition de l’assumer et de reconnaître son erreur. Aujourd’hui, l ‘ancien ministre de l’environnement et commissaire européen tombe dans un travers qui caractérise une bonne partie de la classe politique française, de l’extrême gauche à l’extrême droite: il prend les Français pour des c..s.

Maxime TANDONNET

Lire la suite sur le blog perso de Maxime Tandonnet ...

Author: Redaction