« Les origines de la guerre », de Raymond Poincaré. Un an tout juste avant le centième anniversaire du début de la première guerre mondiale, un événement déterminant dans l’histoire de l’humanité, qui marque le début de l’ère contemporaine, je me suis plongé, pendant mes vacances estivales, dans la lecture de cet ouvrage. J’ai surtout aimé y trouver, chez Raymond Poincaré, ancien président de la République de 1913 à 1920, tout le contraire de ce qu’est l’homme (ou femme) politique lambda d’aujourd’hui. La culture, l’intelligence et le talent, quand le grand homme d’Etat, par exemple, écrit : « A peine les premiers coups de feu sont-ils échangés, qu’une propagande géniale commence à semer les germes de ces mauvaises graminées rampantes qui poussent si vite dans les plates-bandes de l’histoire ». Le goût du travail et du labeur, son ouvrage représentant une somme de connaissance et le fruit de recherches méticuleuses. L’absence de tout esprit polémique, d’agressivité, de rage : pas une parole, pas une phrase, dans tout le document, sur ses adversaires politiques. Le désintéressement personnel, l’abnégation : le mot « je » n’apparaît que de manière exceptionnelle, alors que Raymond Poincaré fut l’un des principaux acteurs du conflit. Chaque page et chaque ligne de ce bel ouvrage exhalent la passion du patriotisme, de l’intérêt général, du bien commun: « La France pouvait partir, le front haut, pour les champs de bataille où allait se décider l’avenir du monde ; en face de l’impérialisme austro-allemand, elle devenait, aux yeux des peuples, la représentation vivante du droit et de la liberté. » Quatre heures de bonheur à cette lecture pour échapper au marécage de la vie publique actuelle.
Maxime TANDONNET